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Pourquoi le statut de PU-PH ne fait plus rêver les médecins

L’exercice hospitalo-universitaire n’attire plus suffisamment les médecins, alertent les PU-PH. Une situation qui met selon eux en danger ce que le système de santé a de plus précieux : son avenir. Car sans professeurs, pas d’enseignement possible. Décryptage.

14/11/2024 Par Adrien Renaud
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Le temps du mandarinat est-il terminé ? Faut-il dire adieu à l’époque où le statut de professeur des universités - praticien hospitalier (PU-PH), vous plaçant au sommet de la pyramide médicale, était le graal dont rêvait tout étudiant ayant un minimum d’ambition ? C’est ce qu’on pourrait se dire en écoutant les revendications de ceux qui portent les fameuses trois casquettes de clinicien, d’enseignant et de chercheur. Ceux-ci n’hésitent plus à parler de crise d’attractivité, et mettent en garde contre une fuite des cerveaux hors du système hospitalo-universitaire, voire hors de France, qui aurait selon eux déjà commencé. Reste à comprendre les racines du malaise, afin d’envisager les remèdes à y apporter.

« C’est bien simple : depuis 1996, le nombre d’hospitalo-universitaires a baissé de 2,5 %, et le nombre d’étudiants à former a été multiplié par trois », calcule le Pr Guillaume Captier, président du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU). Une évolution en ciseaux d’autant plus dramatique que le nombre d’étudiants est appelé à augmenter encore dans les années à venir, rappelle ce chirurgien pédiatrique montpelliérain. « On voit mal comment la charge de travail pourrait être tenable à long terme », estime-t-il. Facteur aggravant : la reconnaissance est loin d’avoir, selon lui, suivi un chemin parallèle à celui de la charge de travail. « Aux dernières assises hospitalo-universitaires, il a été démontré que notre pouvoir d’achat avait diminué de 20 % en 20 ans », rappelle-t-il.

La grogne des hospitalo-universitaires a été particulièrement visible au printemps dernier, quand ceux-ci ont protesté contre la réforme de leur système de retraite. En effet, une disposition de la loi Valletoux de 2023, entrée en vigueur le 1er septembre dernier, a affilié les PU-PH à l’Institution de retraite complémentaire des agents non titulaires de l’État et des collectivités publiques (Ircantec). Le montant de leur retraite, jusqu’alors calculé sur la seule partie universitaire de leur rémunération, prend désormais en compte également la partie hospitalière. Mais les représentants de la profession estiment que le nouveau mode de calcul a deux défauts : non seulement il diminuerait leur rémunération présente, mais il diminuerait également leur retraite future, car il porte sur l’ensemble de la carrière et non sur les six derniers mois.

"Les jeunes semblent de moins en moins à l'aise avec l'idée d'exercer nos trois missions"

Cette insatisfaction a conduit une partie des hospitalo-universitaires à se mettre en grève au moment des Examens cliniques objectifs structurés (Ecos) en mai dernier. Mais le malaise qu’ils expriment va bien au-delà de la question de la retraite. « On nous perçoit comme les cerveaux des spécialités, les experts, mais certains peuvent avoir l’impression d’être insuffisamment considérés à l’hôpital », se désole le Pr Michaël Grynberg, gynécologue et chef du service de médecine de la reproduction à l’hôpital Antoine-Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine, AP-HP). Ce spécialiste de l’assistance médicale à la procréation (AMP) prend l’exemple du secteur privé à l’hôpital. « On nous dit qu’on peut faire du privé si on en a envie, mais dans les faits les limitations imposées à notre activité privée font que beaucoup d’entre nous restent très largement en-dessous des rémunérations de nos collègues du privé », constate-t-il.

Au-delà de l’aspect financier, c’est l’image toute entière des carrières hospitalo-universitaires qui semble écornée. « L’une de mes grandes préoccupations, c’est d’identifier des jeunes, confie le Pr Julie Haesebaert, médecin de santé publique et chercheuse au sein du laboratoire Reshape de Lyon. Or ceux-ci semblent de moins en moins à l’aise avec l’idée d’exercer à la fois nos trois missions. » Une difficulté d’autant plus criante que la santé publique « a déjà du mal à attirer des étudiants », souligne l’enseignante, qui n’hésite pas à parler de « double peine ». Pour noircir encore le tableau, elle ajoute que de nouveaux acteurs font une sérieuse concurrence à la carrière hospitalo-universitaire. « Il y a des cabinets de conseil, des boîtes jeunes, dynamiques, comme celles qui accompagnent les CPTS, par exemple, qui peuvent donner un plus grand sentiment de liberté aux médecins de santé publique », remarque-t-elle.

Et comme si cela ne suffisait pas, aux trois casquettes qui s’accumulent sur la tête des PU-PH s’ajoute bien souvent une quatrième : celle de manager. Or, les hospitalo-universitaires ne sont pas formés au management, ce qui est d’autant plus regrettable qu’ils exercent souvent cette fonction dans des conditions difficiles. « On est dans le glissement de tâche permanent, s’indigne le Pr Henri Duboc, gastro-entérologue à l’hôpital Louis-Mourier de Colombes (Hauts-de-Seine, AP-HP) et membre du syndicat APH. On passe notre temps à remplir des demandes en format papier, on travaille avec des équipements informatiques obsolètes, et quand on veut nommer quelqu'un, cela prend tellement de temps que la personne n’a pas la patience de nous attendre. » Les PU-PH ont la responsabilité du fonctionnement des services, sans avoir les leviers d’action nécessaires, résume-t-il.

La faute à l’hôpital

Pour mieux comprendre les racines du mal-être hospitalo-universitaire, et la façon dont celui-ci peut conduire à des demandes accrues de mise en disponibilité, la professeure de gestion des ressources humaines Sarah Alves, enseignante à l’EM Normandie, a mené en 2023 une enquête quantitative auprès de 484 PU-PH et MCU-PH, dont les résultats ont notamment été présentés au mois d’octobre dernier au congrès de l’Association francophone de gestion des ressources humaines (AGRH). « Nous avons constaté que les répondants avaient un haut niveau d’engagement envers leur métier, et envers l’institution publique, résume la chercheuse. Ce qui pose problème, c’est l’engagement envers la structure locale de soins. » En d’autres termes, les hospitalo-universitaires sont attachés à la médecine et au service public, mais ils n’ont pas le sentiment d’avoir les moyens de les servir dans des conditions acceptables. Et cela « constitue un terreau favorable à leur départ », avertit la chercheuse dans sa communication à l’AGRH (à paraître).

Bien sûr, les PU-PH savent que leur malaise est loin d’être isolé au sein du système de santé. « La crise que nous vivons vient de la crise de notre environnement : l’hôpital est notre outil de travail, le support de notre recherche, et il est en faillite », avance Guillaume Captier. « Nous avons parfaitement conscience du fait qu’il s’agit d’un malaise généralisé des professionnels de santé », confirme Henri Duboc. Mais, remarque Sarah Alves, « ce qui est particulier avec la population des PU-PH, c’est qu’elle a la responsabilité de la formation des jeunes ». Si le corps des hospitalo-universitaires va mal, déduit-elle, « cela impacte les soins, mais cela impacte également l’avenir de notre système de santé ».

"Il me reste 15 à 17 ans à travailler, et je n’ai aucune perspective d’évolution"

Voilà qui donne selon les hospitalo-universitaires une force particulière aux revendications qu’ils portent pour améliorer leur sort. « Il faut plus de postes, avance Henri Duboc. On nous a trop répété qu’il n’y avait pas de postes, mais l’activité augmente, le nombre d’internes à former augmente, il faut donc investir. » Autre tableau sur lequel il faut agir : la reconnaissance financière. En dehors du sujet des retraites, qui n’est selon les syndicats toujours pas réglé, il faut selon eux adapter le calcul de leur temps de travail. « Notre rémunération est toujours calculée sur onze demi-journées de travail, observe Guillaume Captier. Il faudrait passer à dix demi-journées, et compter le samedi matin comme du temps additionnel. » De même, ajoute-t-il, créer de nouveaux échelons dans la grille de rémunération permettrait de conserver la motivation de ceux qui ont déjà avancé dans leur carrière. « Il me reste 15 à 17 ans à travailler, et je n’ai aucune perspective d’évolution, il faudrait donc au moins trois échelons supplémentaires », suggère le président du SHU. Reste à savoir si ce genre de proposition, alors que le Gouvernement est à la recherche d’économies tous azimuts, saura trouver une oreille favorable du côté de Bercy.

 

 

Un soutien de poids

« Les conditions d’exercice des personnels HU sont souvent devenues intenables, affectant lourdement l’attractivité de leur carrière chez les plus jeunes et provoquant de plus en plus souvent des départs de l’hôpital public pour un exercice dans le secteur libéral ou à l’étranger. » Tel est le triste constat dressé par Anne-Marie Armanteras et le Pr Manuel Tunon de Lara dans leur « plan de rénovation de la recherche biomédicale » remis au gouvernement en mai 2024. Dans ce document, celle qui fut directrice générale de l’offre de soin et celui qui fut président de France universités balaient divers sujets pour redonner à la recherche française une attractivité qu’elle a perdue, et s’attardent notamment sur le sort des PU-PH. Et leurs recommandations recouvrent en grande partie les revendications des représentants de ces derniers : on y retrouve notamment le passage du temps de travail à dix demi-journées, et le renforcement des effectifs.

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Frederic Limier

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Il est grand temps de réaliser qu’un pharmacien n’a aucune compétence pour soigner, n’ayant, pendant ses études, jamais vu un mala... Lire plus

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587 points
Débatteur Renommé
Chirurgie générale
il y a 28 jours
Pourquoi ...etc? Les constats des expériences individuelles ne sont pas suffisants... Bine sûr personne de dira que c'est une question essentiellement financière, et c'est probablement une explication trop simple et trop caricaturale....Mais quand un système prend l'eau de toute part, il faut peut-être s'interroger sur la qualité même de la politique du système.... Il faut sortir de nos silos de formation et d'exercice professionnel ... Soyons curieux, apprenons des autres sans nous faire formater , enlevons nos œillères idéologiques... Certes cela prend du temps et n'est pas rémunéré ... Passons un peu moins de temps sur les écrans et un peu plus dans les livres , les "vrais", ceux qui se tiennent dans les mains et ont un langage plus complexe et plus précis que celui des SMS abêtissants. Deux pistes pour décrypter la faillite du système de santé publique et enfin comprendre que ce que l'on constate n'est pas fruit du "hasard", et que la "solution" ne relève pas de simples "réformes" et encore moins de questions seulement financières : 1- savez-vous ce qu'est le "new public management" arrivé dans les années 1980 en France ? cf WIKIPEDIA, passionnant et instructif; vous comprendrez pourquoi le système de santé public en est arrivé là.... 2- Cherchez sur internet ( facilement) et écoutez le podcast de France Culture, conférence d'Alain SUPIOT , sociologue, professeur au Collège de France sur "le recul de l'hétéronomie" dans ses conférences sur "les nouvelles figures de l'allégeance". 1 heure d'intelligence pure et de pédagogie parfaite.... Tout est dit dans ces deux sources....
Photo de profil de Michel Rivoal
7,2 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 24 jours
PUPH, était ce mieux avant? Je vous parle d’un temps que les moins de …. Peut être que mon expérience a été singulière. 1968 CPEM. Grèves. Recherche du contact avec la médecine, découverte de celle ci par un stage (auto dégoté) de juin à janvier avec un encadrement par un CCA sur un mode compagnonnage. Tour des hôpitaux dans le cadre étudiants hospitaliers, intégration dans le compagnonnage comme "grand frère" (assistant junior bénévole) en neuro-anatomie » sous la férule d’une cheffe enseignante puph. Par la suite, parcours « classique », enfin pas tout à fait, mais cela serait trop long à expliquer... Pendant ma spécialité, je n’ai connu de PUPH qu’au bloc, une fois par semaine pendant leurs activités (privées?) et dans les cours magistraux. Par la suite encore, je les ai vus dans les congrès (que je me suis souvent financés perso compte tenu de l’indigence des budgets de la formation professionnelle continue), En revanche sur les pré-programmes je les voyais souvent ici et là participant et re-participant comme invités pour dire et redire leurs topos (en anesthésie, en réanimation, aux urgences, en nutrition, en cardiologie…) je n’avais bien sûr, ni le temps ni l’envie d’assister à toutes ces redites. Et je ne pouvais pas les suivre à l’étranger où ils étaient invités pour la renommée de leurs équipes de recherche. Non, bien sûr, ils n’étaient pas tous pareils! Leur rémunération? je suppose qu’ils ne la découvrent pas en fin de carrière. Leur temps disponible? Exerçant trois activités, c’est difficile de ne pas se sentir éparpillés. Mais l’étais je moins comme chef de service (An. Réa.Smur Urg.) Prés. de CME, du CLIN, d'hémovigilance, puis chef de pôle. Bon, ce que je pense, c’est que le statut de tous doit être réformé, que les nominations doivent être moins soumises aux influences locales et/ou « politiques », que le puzzle des rémunérations doit être simplifié (notamment quand s’intercale une activité libérale ou la prise en compte des « congrès », que la course aux publications elle aussi doit être « modérée » (dans tous les sens du terme). et qu’en conséquence la transparence redonnera de la lisibilité et de la reconnaissance à ce statut indispensable à la qualité de l’enseignement et de la recherche dans notre pays. Oui j’ai bien dit indispensable et qualité: mon texte ci dessus n’est une critique que des quelques arbres qui cachent la forêt (qui se clairsème) et que, de mon temps on appelait « mandarins », mais c’est un temps que les moins de … ne peuvent pas connaître!
Photo de profil de Jean B
79 points
Biologie médicale
il y a 28 jours
Ma femme, PU-PH, tout juste 40 ans, quitte le CHU à la fin de l'année. Manque de reconnaissance, sclérose administrative... La liste des raisons du départ est bien plus longue. Elle va gagner environ 3 fois plus en libéral. D'autres questions ?
 
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