Grève des Ecos : "Il est inadmissible de prendre en otage les étudiants à des fins politiques"
La menace d'une grève des praticiens hospitalo-universitaires (HU) pèse sur les Ecos* nationaux, qui doivent se tenir les 28 et 29 mai prochains. Ces derniers, opposés à la réforme de leur retraite, entendent faire pression sur le Gouvernement en se mobilisant lors de ces épreuves. Une situation "inadmissible" pour l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), qui dénonce une prise "en otage" des étudiants.
"Il est inadmissible de prendre en otage les étudiants à des fins politiques." Alors que la crainte d'une grève des hospitalo-universitaires (HU) pèse sur les Ecos* nationaux, organisés les 28 et 29 mai prochains, l'Anemf appelle ces praticiens "à faire preuve de responsabilité et de compréhension envers les futurs confrères". "Il serait intolérable que les étudiants subissent une mobilisation des hospitalo-universitaires, aussi légitime puisse-t-elle être", écrit l'organisation étudiante dans un communiqué, diffusé ce mardi 21 mai.
Car, depuis de longues semaines, les HU – qui tiennent le rôle d'examinateurs pendant les Ecos – menacent d'une grève les 27 et 28 mai. Déposé début mars, le préavis de grève "court toujours", prévient le Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU), à l'origine de cet appel à la grève. Ce préavis "dénonce la mise en place d’une retraite au rabais" pour les HU. Selon le syndicat, la réforme de leur statut, qui doit entrer en vigueur le 1er septembre prochain, entraînera "une perte salariale très significative" pour ces praticiens, "notamment pour les plus jeunes".
"Un mutisme incompréhensible"
Pour éviter une grève lors des Ecos, le syndicat souhaite que des négociations soient engagées avec les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur. "Les discussions informelles avec les ministères en vue d’un protocole d’accord pour l’ouverture de négociations, qui permettrait de lever le préavis, sont infructueuses, avance le SHU. Les propositions de revalorisation de grilles et la reprise des services auxiliaires sont systématiquement rejetées. Aucune annonce concrète à ce sujet n’a été faite par le ministre délégué à la Santé Fréderic Valletoux au cours du colloque organisé par l’INPH le 15 mai." Un "mutisme" que le syndicat juge "incompréhensible".
De son côté, si l'Anemf appelle "à une évolution de la formation à la recherche, ainsi qu'à une meilleure prise en compte de l'investissement dans l'enseignement et la pédagogie", l'association s'oppose "fermement" à la tenue d'une grève durant les Ecos. Ces examens pratiques, mis en place par la réforme du deuxième cycle des études de médecine (R2C) sont "déterminants dans le concours d'accès à l'internat", précise l'Anemf. Une telle "grève risque de saboter" ces épreuves, qui se déroulent pour la première fois, "impactant en premier lieu les étudiants".
Si cette mobilisation menace la tenue de ces épreuves, la Conférence nationale des doyens des facultés de médecine tente de se montrer rassurante. "Nous faisons tout pour les examens se passent bien", a indiqué le Pr Benoît Veber, interrogé par L'Etudiant. Selon le président de la Conférence, l'hypothèse d'une reprogrammation des Ecos est possible, mais "compliquée". Tout comme celle de réduire le nombre de mises en situation auxquelles doivent participer chaque carabin. Actuellement fixé à 10, celui-ci pourrait être ramené à huit ou cinq, notent nos confrères. Enfin, si l'hypothèse d'une annulation des Ecos est également "possible", cette solution serait "injuste pour les étudiants", estime le Pr Veber, puisqu'elle compte pour 30% dans la note finale** les classant pour leur choix d'internat et de subdivision.
*Examens cliniques objectifs et structurés (Ecos).
** Les épreuves dématérialisées nationales (EDN) organisés en octobre, comptent eux pour 60% de cette note ; 10% relèvent enfin du parcours de l'étudiant (stages à l'étranger, diplômes de langues étrangères, années effectuées hors médecine, engagements étudiants…)
[avec L'Etudiant]
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