arrêt maladie

Médecins "surprescripteurs" d'arrêts maladie : la mise sous objectif bientôt imposée ?

Alors qu'une nouvelle campagne MSO-MSAP ciblant les médecins jugés surprescripteurs d'arrêts maladie est en cours, le Gouvernement préconise, dans son projet de loi contre la fraude, de renforcer la procédure de mise sous objectif. Sur les réseaux sociaux, des généralistes font part de leur inquiétude. 

07/08/2025 Par Louise Claereboudt
Arrêt de travail Assurance maladie / Mutuelles
arrêt maladie

Les médecins considérés comme surprescripteurs d'arrêts maladie pourraient-ils, à l'avenir, être contraints d'accepter une mise sous objectif ? C'est en tout cas ce qui est redouté par la profession après la divulgation par Les Echos d'une mesure figurant dans le projet de loi contre la fraude sociale et fiscale, que l'exécutif prévoit de présenter à l'automne.

Ce texte comporterait une mesure de "renforcement de la procédure de 'mise sous obligation' pour forcer les médecins jugés un peu trop enclins à délivrer des arrêts de travail à ralentir la cadence", écrivent nos confrèresDans le cadre de cette procédure, le médecin s'engage à atteindre un objectif de réduction de ses prescriptions dans un certain délai*.

Actuellement, un médecin peut refuser d'être mis sous objectif. C'est ce que conseillent de faire les syndicats pour qui l'accepter revient à reconnaître une faute. Dans ce cas, une autre procédure – la mise sous accord préalable (MSAP) – s'applique. Les prescriptions du médecin font alors l'objet d'une validation par le service du contrôle médical de l'Assurance maladie.

Si, telle que la présente Les Echos, la mesure prévue dans le projet de loi contre la fraude n'implique pas de supprimer la possibilité accordée au médecin de refuser la MSO, pour le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général adjoint du syndicat MG France, le risque est pourtant bien réel. Une inquiétude partagée par d'autres confrères sur les réseaux sociaux. 

Sur LinkedIn, le généraliste rappelle en effet que dans son rapport Charges et produits, rendu public en juillet, la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam) préconisait de rendre le dispositif de mise sous objectif obligatoire dès 2026 pour les professionnels de santé ciblés. Or, ce rapport contribue chaque année à éclairer les politiques publiques. 

"Cette MSO obligatoire est le signe d'une rupture de confiance complète entre politiques et médecins, s'indigne Jean-Christophe Nogrette dans un post LinkedIn. La politique des objectifs à atteindre coûte que coûte a déjà été testée par les entreprises avec la casse sociale que l'on sait et pas de gain de productivité. Et voilà qu'on voudrait l'appliquer aux soins ?", lâche-t-il amer.

Rappelons toutefois qu'il s'agit pour l'heure d'une piste de réflexion, non actée légalement.

* "l'objectif de réduction, établi par le médecin conseil chef de service, dépend du niveau de prescription des médecins. Il se situe entre - 20 et - 30% selon le niveau de prescription du médecin", précise la Cnam sur son site.

[avec Les Echos]

Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?

Claire FAUCHERY

Claire FAUCHERY

Oui

Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus

Photo de profil de M A G
4,6 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 4 mois
Arrêt maladie : souvent, on se prononce sur une relation, mais où seulement l'une des parties est présente. (Je ne parle pas, bien sûr, des cas de cancer ou d'une jambe en moins.) Ce que je trouve intéressant, c'est que le même phénomène est présent dans des pays très variés (y compris les USA, oui, oui): les indemnisations sont en majorité pour des affections qui ne sont pas visibles. Avant, domination des douleurs physiques. Maintenant, domination des dépressions et "burn-out". Vous allez me dire : le monde du travail est devenu pathogène. Soit. Seulement, quelqu'un doit bien continuer à faire bouillir la marmite. Possiblement des très nombreux médecins qui prescrivent des AT en excès, se perçoivent comme des justiciers… avec l'argent des autres. Ou alors, ils sont simplement naïfs, ou alors excessivement empathiques. Ou alors, ils se disent : ce n'est pas à moi de compenser les failles d'un système pervers, qui punit celui qui serre les dents et va au boulot. Ce qui, ma foi, peut s'entendre. À mon avis, l'accord préalable devrait être la norme, pas l'exception. Ce qui ferait que les médecins ne le prendraient pas comme une punition.
Photo de profil de BERTRAND SCHMITT
1,1 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 4 mois
La sécu est l’affaire de tous. Nous connaissons tous ces confrères qui , par excès d’empathie ou plus souvent par clientélisme, ont la réputation d’être généreux en arrêts de travail. Le délit statistique dénoncés par des syndicats aussi clientélistes que les médecins concernés existe et repose sur des chiffres peu contestables ( en général deux écart-types par rapport à la moyenne). Ici à l’Eurométropole sur 6800 agents, la durée moyenne des arrêts de travail maladie est supérieure à 30 jours par agent et par an. À croire que l’Eurométropole n’embauche que des travailleurs handicapés…..une vraie culture d’entreprise. Alors défendre ces médecins qui souvent, se drapent dans des habits de vertue qu’ils n’ont pas , ne rend service ni à notre profession, ni à la sécu que nous finançons . Remplacez la sécu par des assurances privées et vous découvrirez la différence.
Photo de profil de CHAMBON dominique
4,2 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
On comprend (on n’est pas idiots) le besoin - et la volonté - d’arrêter les abus et de sanctionner les abuseurs. Encore faut-il s’entendre sur QUI abuse! Le médecin? Toujours. Le patient? Jamais. (J’ai le souvenir d’avoir rencontré en montagne, une employée municipale d’une ville du sud est, en AT depuis 5 ans et 10 mois pour gonalgies, qui se lamentait parce que la médecine du travail l’avait enjointe de reprendre son poste sous menace de licenciement: elle crapahutait mieux que nous tous!) Or, quelque soit les motivations des uns et des autres, le problème pour les médecins, est d’avoir la mauvaise position: entre le marteau de la SS et l’enclume de la population. De plus, si l’on tient compte du fait qu’il est électoralement bénéficiaire de taper sur les premiers et suicidaire de taper sur la seconde, la seule bonne solution pour nous (je me répète mais je suis convaincu) serait que l’administration (=le médecin conseil) prenne en charge la prolongation de tout AT supérieur à 3 jours (avec bilan annuel médical, social et administratif, de la mesure). Cela promettrait d’être surprenant!
 
Vignette
Vignette

La sélection de la rédaction

Pédiatrie
Moins de médecins, moins de moyens, mais toujours plus de besoins : le cri d'alerte des professionnels de la...
06/11/2025
14
Concours pluripro
CPTS
Les CPTS renommées "communauté France santé" : Stéphanie Rist explique l'enjeu
07/11/2025
12
Podcast Histoire
"Elle était disposée à marcher sur le corps de ceux qui auraient voulu lui barrer la route" : le combat de la...
20/10/2025
0
Portrait Portrait
"La médecine, ça a été mon étoile du berger" : violentée par son père, la Pre Céline Gréco se bat pour les...
03/10/2025
6
Reportage Hôpital
"A l'hôpital, on n'a plus de lieux fédérateurs" : à Paris, une soirée pour renouer avec l'esprit de la salle...
14/10/2025
8
La Revue du Praticien
Diabétologie
HbA1c : attention aux pièges !
06/12/2024
2