Limiter les arrêts maladie à 15 jours en ville : "Une nouvelle infantilisation de la profession ", dénoncent les jeunes généralistes
Le syndicat Reagjir a déploré, mardi 29 juillet, la proposition avancée par la ministre du Travail et de la Santé de limiter à 15 jours les primo-prescriptions d'arrêts de travail en médecine de ville. "Les prescripteurs et les patients ne sont pas sa priorité", déplore le syndicat.
Mi-juillet, le Premier ministre annonçait vouloir réaliser cinq milliards d'euros d'économies sur les dépenses de santé dès l'an prochain. Un objectif confirmé par Catherine Vautrin dans un entretien accordée au Monde, samedi 26 juillet. La ministre du Travail et de la Santé y détaillait les mesures avancées pour réaliser ces économies. Parmi elle, le doublement du plafond des franchises médicales à 100 euros par an, la facilitation de la sortie du régime ALD ou encore, la limitation à 15 jours "tout premier arrêt de travail en médecine de ville".
Pour le syndicat des généralistes jeunes installés et remplaçants, Reagjir, cette limitation de la durée de la primo-prescription des arrêts de travail ne passe pas. Avec cette proposition, la ministre "nous indique que c'est encore une fois le prescripteur qui est tenu responsable de cette évolution [à la hausse du nombre de d'arrêts prescrits, NDLR]" qui comprend pourtant de "multiples déterminants", écrit le syndicat, dans un communiqué.
Dans son dernier rapport Charges et produits pour 2026, la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam) s'est penchée sur les causes de l'augmentation des indemnités journalières, pointe le syndicat de généralistes. 60% de cette progression seraient ainsi causés par "des facteurs économiques et démographiques" (hausse des salaires, vieillissement de la population…), et 40% s'expliqueraient par un véritable accroissement de la prescription des arrêts et de leur durée.
Le rapport s'est, en ce sens, interrogé sur le "lien de cette évolution avec la dégradation des conditions de travail, notamment l'augmentation de la pénibilité et des risques psychosociaux", poursuit Reagjir, qui estime que "les problèmes rencontrés par les prescripteurs et les patients ne sont pas [l]a priorité" de la ministre.
"Le Gouvernement a fait son choix"
"Contrairement au ministère", insiste donc Reagjir, les praticiens savent que limiter systématiquement la durée des arrêts de travail en primo-prescription – comme annoncée par Catherine Vautrin - "est absurde dans bon nombre de situations et entraînera des consultations de réévaluation peu pertinentes voire impossibles". Le syndicat cite plusieurs exemples, à commencer par "le patient souffrant d'une tendinite avec un délai de 3 semaines avant de voir le kinésithérapeute ou d'obtenir certains examens complémentaires" ou bien les "généralistes débordés dans les délais pour les soins programmés au-delà de 2 semaines".
"Cette injonction est une nouvelle infantilisation de la profession et une preuve de déconnexion par rapport au terrain", tonnent les généralistes jeunes installés et remplaçants, pour qui "le Gouvernement a fait son choix : faire peser ces décisions budgétaires sur les professionnels au détriment de l'accès au soin des patients."
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