Pneumonies de l’enfant : de nouvelles préconisations de la SFP
Le texte, à paraître, actualise en particulier les pratiques diagnostiques, avec une entrée de l’échographie comme alternative possible. Il prône aussi une réduction de la durée de l’antibiothérapie lorsque cela est possible.
La Société française de pédiatrie (SFP) a révisé ses recommandations sur la prise en charge des pneumonies, afin d’être en accord avec celles de la Haute Autorité de santé (HAS, 2025) et du Groupe de pathologie infectieuse pédiatrique (2024).
Si le diagnostic de pneumonie reste fondamentalement clinique, il doit s'accompagner d'une imagerie thoracique : désormais, l'échographie pulmonaire réalisée par une personne formée à cette technique peut être utilisée en alternative à la radiographie. Si ses performances sont jugées équivalentes, "l’échographie peut avoir un intérêt particulier chez les enfants de moins de 3 mois pour lesquels la radiographie est difficile à mener et interpréter", a commenté la Dre Céline Delestrain (pédiatrie, CHI Créteil).
Sur le plan biologique, la CRP peut constituer une aide, principalement dans les valeurs extrêmes : égale à 80 -100 mg/L, elle oriente plutôt vers une étiologie bactérienne, et, inférieure à 40 mg/L, plutôt vers une origine virale ou une mycobactérie atypique. Les valeurs intermédiaires forment une zone grise dans laquelle c’est la clinique qui orientera le diagnostic.
Sur le plan thérapeutique, la principale nouveauté concerne les infections d’origine pneumococcique : l'amoxicilline par voie orale est désormais prescrite sur une durée de cinq jours.
Face à des signes de sévérité "criants et parlants" (choc septique, détresse respiratoire qui évolue rapidement…), un staphylocoque ou un streptocoque pyogène est suspecté : l’hospitalisation à proximité d’un service de réanimation est recommandée pour prévenir les complications, et une trithérapie antibiotique est initiée (amoxicilline 150 mg/kg/jour, vancomycine 60 mg/kg/jour, clindamycine 40 mg/kg/jour). L'objectif est d'adapter secondairement l'antibiothérapie une fois le micro-organisme documenté.
Quoi qu’il en soit, "chez les enfants d'âge préscolaire, il faut garder en tête que l’infection est le plus souvent virale : le traitement est donc symptomatique, avec une réévaluation du patient après 48 heures, afin d'adapter la prise en charge si l'amélioration n'est pas au rendez-vous". En cas de mycobactérie (M. pneumoniae), le traitement de référence est la clarithromycine per os pendant 5 jours.
En l’absence d’amélioration à l’issue du traitement, chez un sujet observant, la question d’une erreur diagnostique ou d’une complication sous-jacente se pose. Une récidive qui se manifeste dans le même territoire pulmonaire éloigne de la simple infection aiguë. Il faudra plutôt évoquer un obstacle endobronchique ou extrabronchique, une maladie sous-jacente favorisante (mucoviscidose, dyskinésie ciliaire primitive, déficit immunitaire), une adénopathie volumineuse, une malformation pulmonaire… Des explorations complémentaires sont indiquées selon la situation.
De nouvelles données épidémiologiques françaises
Le VRS est suspecté de favoriser le passage du portage à l'infection invasive à pneumocoques (IIP). Cette hypothèse s'est confirmée avec la pandémie Covid-19 : l'incidence des infections à VRS et celle des IIP ont toutes deux diminué, alors que le portage du pneumocoque est resté stable. A l’opposé, la levée des mesures barrières s’est accompagnée d'une augmentation des cas de VRS et d’IIP.
La Dre Inès Fafi (pédiatre, AP-HP) a présenté les données d’une étude française menée de 2008 à 2023 à partir des données de surveillance qui suggèrent que cette interaction est sérotype-dépendante : l’analyse de 4 574 cas d’IIP a montré la corrélation entre la survenue des IIP et la circulation du VRS. Et la plus forte corrélation observée était observée pour les sérotypes ayant le plus faible potentiel invasif.
Quelles ont été les infections bactériennes sévères communautaires les plus fréquentes chez l'enfant en 2024 ? Selon l’étude Caprice menée dans les 26 unités de soins intensifs pédiatriques françaises (soit 761 cas associés à 7,1 % de décès à J28), il s’agit d’abord d’infections respiratoires (31,6%), de méningites (19,4%) et d’infections ORL (13,5%), causées par B. pertussis (21, 3%), M. pneumoniae (96/761, 12,6%) et S. pneumoniae (88/761, 11. 6%).
Les autres articles de ce dossier :
- Vaccination et grossesse : de la mère à l’enfant, des bénéfices clairement établis
- Retard pubertaire : quand s’inquiéter ?
- Le lait de croissance, première arme de prévention des carences
- Les nouveaux médicaments anti-obésité concernent aussi les enfants et adolescents
- Anorexie mentale : comment accompagner la reprise de poids ?
- JAKi : quelles indications en pédiatrie ?
Références :
D’après les communications orales CO-08 "Influence du niveau de circulation du VRS sur la distribution sérotypique des infections invasives à pneumocoque en pédiatrie" par la Dre Inès Fafi (Paris), et CO-09 "Étude Caprice : observatoire des infections bactériennes sévères communautaires pédiatriques", par le Dr Michaël Levy (Strasbourg)).
La sélection de la rédaction
Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?
Claire FAUCHERY
Oui
Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus