Le lait de croissance, première arme de prévention des carences
La consommation des spécialités infantiles est le levier le plus puissant pour éviter les déficits et carences même en cas de diversification bien conduite.
En 1991, un article britannique a fait le lien entre la carence martiale et un développement intellectuel réduit des enfants. Ce signal a été en faveur des principes de prévention primaire et de supplémentation des laits infantiles en fer. Ensuite, plusieurs études observationnelles ont été menées, et certaines ont pu évoquer jusque 40 % des jeunes enfants concernés par une carence martiale. Mais la plupart présentaient des limites méthodologiques ou étaient peu transposables à l’ensemble de la population pédiatrique. En France, les études Carma et NutriBébé ont permis de disposer de données plus fiables sur les apports et le statut en fer des enfants de moins de 3 ans. Selon le taux de ferritine considéré (10 ou 12 µg/L) la carence martiale serait comprise entre 2,8 et 3,2 %.
L’absence d’association claire entre le statut martial et l’importance des apports est une difficulté concrète, mais s’explique facilement : d’abord, le degré d’absorption intestinale dépend du statut initial en fer et peut se trouver saturé. Aussi, un déficit en fer est plus facile à résoudre par de petites supplémentations fractionnées que par des apports importants isolés. Ensuite, l’absorption diffère selon la nature du fer (ferreux, hémique, ou ferrique, inorganique) et selon la consommation simultanée d’inhibiteurs (traitements anti-acides, thé, calcium, zinc…) ou de facilitateurs d’assimilation (vitamine C, aliments fermentés, acides).
Le seul lien clair entre ingestats et statut martial établi dans la littérature concerne le lait de croissance, 30 fois plus riche en fer que le lait de vache. Une étude néo-zélandaise de 2009 a montré que les enfants (âge moyen 17 mois) qui en consommaient au moins 500 mL par jour avaient un meilleur statut en fer que ceux qui consommaient du lait de vache, alors que tous avaient pour consigne de consommer simultanément 50g de viande par jour en deux fois : la ferritine chutait dans le groupe contrôle (sans apport de viande), restait stable dans le groupe viande et augmentait chez ceux qui avaient consommé du lait de croissance.
Des données françaises récentes ont confirmé que la consommation de lait de croissance était statistiquement associée à l'absence de déficit en fer chez les enfants. Selon l’étude NutriBébé, le lait de croissance et les céréales en constituent les principaux apports. L’étude française Carma a même démontré que le lait de croissance réduisait de 60 % à seulement 8 % la proportion d'enfants sous les apports recommandés en fer. La consommation quotidienne de lait de croissance, quelle que soit la quantité (dès 100 mL), et le maintien de cette consommation dans le temps, sont associées à une augmentation du taux de ferritine, indépendamment des autres sources. En revanche, la viande représente une minorité des apports en fer chez ces enfants, avec des variations selon le mode de préparation.
Les circonstances favorisant le déficit en fer comportent l’allaitement exclusif au-delà de 4 mois, puisque le lait maternel n’est pas très riche en fer, une diversification pauvre en aliments riches en fer (végétarisme notamment) et des conditions socio-économiques défavorables (populations migrantes, à faible revenu, niveau d’éducation bas, sans emploi). Si le lait de vache est moins cher, il devrait être déconseillé jusqu’à l’âge de 36 mois, en faveur du lait de croissance. "Sur le plan économique, il peut représenter entre 0,6 et 1,6% du budget familial pour une consommation de 500 mL par jour, ce qui n’est ni négligeable, ni impossible, étant donné l’existence de programmes d’aide financier", a conclu Martin Chalumeau (pédiatrie, Hôpital Necker - Enfants Malades, Paris). Après l’âge de 1 an, même de petites quantités bues régulièrement peuvent favoriser le maintien de la ferritinémie des enfants dans les valeurs normales.
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Références :
Congrès de la Société française de pédiatrie (Lyon,18 - 20 juin). D’après la session "Déficit en fer et carence martiale du jeune enfant".
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