Yannick Neuder au Journées d'été de l'Anemf, vendredi 4 juillet 2025

Yannick Neuder au Journées d'été de l'Anemf, vendredi 4 juillet 2025. Crédit : Louise Claereboudt

Retour des Français partis à l'étranger, fin du numerus apertus : "Ça ne sera pas à votre détriment", promet Neuder aux étudiants en médecine

Fin du numerus apertus, rapatriement des étudiants partis à l'étranger, rémunération des externes, quatrième année d'internat de médecine générale… Aux Journées d'été de l'Anemf, ce vendredi 4 juillet, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins a tenté de rassurer des étudiants en médecine inquiets pour leur avenir. Compte rendu d'une opération séduction.  

04/07/2025 Par Louise Claereboudt
Yannick Neuder au Journées d'été de l'Anemf, vendredi 4 juillet 2025

Yannick Neuder au Journées d'été de l'Anemf, vendredi 4 juillet 2025. Crédit : Louise Claereboudt

"Vous êtes une fierté, des pépites, je m'en rends d'autant plus compte quand je rencontre mes homologues ministres européens", a déclaré Yannick Neuder, ce vendredi matin, aux Journées d'été de l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf). Durant une vingtaine de minutes, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins a tenté de séduire et, surtout, de rassurer plusieurs centaines de futures blouses blanches, réunies pour l'occasion dans un amphithéâtre de l'université Paris-Est Créteil (Upec). "Vous êtes les forces vives de notre système de santé de demain", a-t-il lancé face à un auditoire inquiet.

Fin du numerus apertus, rapatriement des étudiants français partis à l'étranger, rémunération des externes, encadrement des stages, quatrième année de médecine générale… Les participants à ces Journées d'été ont profité de la venue du ministre pour lui faire part de leurs préoccupations majeures, auxquelles s'ajoutent, bien sûr, la menace de la régulation de l'installation qui, déjà, les questionne sur leur avenir. "Je ferai tout pour qu'il n'y ait pas la coercition", a promis Yannick Neuder. Et d'affirmer que "ce ne sont pas aux générations futures de payer la désorganisation de ces 30 dernières années et la mauvaise efficience financière de notre système de santé."

Fermement "opposé" à la proposition de loi Garot – votée début mai à l'Assemblée mais qui n'est pas encore inscrite à l'agenda du Sénat, Yannick Neuder a estimé que "le remède" proposé par le député était, à ses yeux, "pire que le mal". "On sait très bien que quand quelqu'un veut aller dans tel ou tel territoire, il trouve une façon d'y aller", a-t-il déclaré, confiant avoir "très peur" du risque de déconventionnement des médecins. "J'espère que ça ne vous arrivera pas et je ferai tout pour que ça ne vous arrive pas, mais j'ai aussi vu certains jeunes collègues déplaquer, ce n'est pas possible quand on donne 10 ans de sa vie de ne plus faire le métier pour lequel on a été formé."

"On ne peut pas être une grande puissance mondiale et avoir perdu le contrôle de la formation de nos soignants…"

Déterminé à proposer une autre voie de résolution à la problématique des déserts médicaux, Yannick Neuder a fait voter sa proposition de loi visant à améliorer l’accès aux soins par la territorialisation et la formation, le 18 juin dernier, à l'Assemblée nationale. Un texte déjà approuvé par les sénateurs en décembre 2023. Définitivement adoptée, cette loi acte la fin du numerus apertus, venu remplacer le numerus clausus à la rentrée 2020, et entend faciliter la réintégration des étudiants français partis suivre des études de médecine dans un autre Etat de l'Union européenne (UE). "On va essayer de voir si on peut trouver des solutions avec les doyens pour pouvoir les incorporer [dans le cursus français], moyennant évaluation", a précisé le ministre. 

Interpellé par un étudiant en médecine de Clermont-Ferrand, Yannick Neuder a promis que cette augmentation du nombre de places et le rapatriement des étudiants partis étudier en Belgique, en Roumanie ou encore en Espagne ne se ferait pas "au détriment" de ceux qui suivent leur cursus dans l'Hexagone. "Il y aura des moyens supplémentaires", a assuré le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins, évoquant l'ouverture de terrains de stage supplémentaires, "pas forcément à l'hôpital", et de postes de maîtres de conférences des universités-praticiens hospitaliers (MCU-PH). 

S'il a précisé que ces mesures visaient à éviter la "fuite des étudiants à l'étranger", le ministre s'est défendu d'"organiser des filières de contournement". D'après la Cour des comptes, "1600 étudiants français par an partent faire leurs études à l'étranger", a rappelé Yannick Neuder. "Sur ces 1600 étudiants, je veux une analyse fine […] On ne part pas à l'étranger faire ses études en santé parce que c'est plus facile alors que vous vous en bavez ici." En revanche, le retour des étudiants déjà en cours de formation à l'étranger, et qui "ont le niveau", doit pouvoir être organisé. La mesure ne s'appliquera d'ailleurs qu'aux étudiants en cours de formation à la date de promulgation de la loi.

C'est aussi un enjeu de "souveraineté", alors que la Suisse, l'Allemagne et le Maroc envoient des représentants à Cluj, en Roumanie, pour proposer aux étudiants français partis y étudier de "les faire venir" chez eux en leur faisant "des ponts d'or qui ne sont pas acceptables". "J'ai vu mon homologue marocain et je lui ai dit d'arrêter de faire ça", a-t-il dit. Si on estime à "entre 5 000 et 10 000", le nombre de jeunes français partis étudier la médecine ailleurs, le phénomène ne touche pas que cette branche. "Un dentiste sur deux (54%) qui s'installe en France est formé à l'étranger", a ajouté Yannick Neuder. "On ne peut pas être une grande puissance mondiale et avoir perdu le contrôle de la formation de nos soignants…"

Interpellé par un étudiant de Bobigny sur les taux d'encadrement des carabins dans les facultés, Yannick Neuder a reconnu des disparités "géographiques" et "au sein même des spécialités". "Il y a un sujet de ressources hospitalo-universitaires", a-t-il indiqué. Alors que le Premier ministre, dans son Pacte de lutte contre les déserts médicaux, a annoncé la mise en place d'une 1ère année d'accès aux études de santé dans chaque département à compter de la rentrée 2026, l'enjeu est "de renforcer l'encadrement hospitalo-universitaire" et son maillage territorial afin de garantir une formation "qui ne soit pas uniquement réservée à certaines classes socioprofessionnelles".

La rémunération des externes en question

Yaël Thomas, ancien président de l'Anemf, a également apostrophé le ministre sur la rémunération des externes. "Augmenter le salaire des externes, ce n'est pas une mesure de privilège par rapport aux étudiants en médecine, c'est un vrai problème de justice sociale !", a-t-il souligné, expliquant que "des amis, qui sont en stage la journée, [sont contraints de] travailler la nuit en structure médico-sociale" en raison d'une rémunération trop basse. Rappelant le "contexte budgétaire extrêmement compliqué", Yannick Neuder a promis de discuter de ce sujet avec le futur président de l'Anemf – Lucas Poittevin cédera sa place à un nouveau chef de file dans 3 jours. "Ça fait partie des mesures d'attractivité."

Quatrième de médecine générale : "Vous ne serez pas les bouche-trous des postes hospitaliers"

Enfin, le ministre a tenu à évoquer un autre sujet "extrêmement important" : la quatrième année d'internat de médecine générale. "Je crois qu'on arrive à un point d'équilibre", a affirmé Yannick Neuder. "Je souhaite que cette quatrième année se passe bien, que les 3700 postes soient bien ouverts en novembre 2026, et que tous ces postes aient lieu en ville. Vous ne serez pas les bouche-trous des postes hospitaliers", a-t-il assuré, alors que des craintes avaient été exprimées par les syndicats d'internes à ce sujet. La rémunération initialement proposée aux maîtres de stage qui accueilleront ces docteurs juniors était jugée insuffisante par les principaux concernés, laissant présager l'échec de cette réforme. Si elle a, depuis, été revue à la hausse, elle demeure insuffisante pour les généralistes enseignants.

Très attendus, les décrets précisant les modalités de mise en œuvre de cette quatrième d'internat seront, en outre, publiés "d'ici quelques jours", a promis le ministre. "J'espère qu'en début d'année 2026 les stages seront bien identifiés", a-t-il ajouté.

Contraint de s'éclipser pour se rendre à Laval, en Mayenne, le ministre de la Santé et de l'Accès aux soins a conclu son discours en félicitant les futures blouses blanches. "Quand j'étais à votre place, on était beaucoup moins engagés sur la vie de la société, sur l'organisation de nos études. Cela montre une grande maturité des étudiants de maintenant qui sont engagés au-delà de leurs études." Et de finir, sous les applaudissements de tous : "Je ne conçois pas de prendre les réformes qui vous concerneront sans votre avis. Vous pouvez compter sur moi pour que l'on puisse continuer à travailler ensemble." 

 

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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 5 mois
Blablabla... Passage de pommade obligatoire. Vous ne serez pas les bouche-trous des postes hospitaliers Et bien si ! J'invite tout le monde à aller voir le power point (du ministère) datant du 11 Juin, sur le suivi de la mise en place de la fameuse 4e année. Vous trouverez la 12e diapositive sur laquelle est inscrit : Ajout de 2 alinéas à la maquette : « En cas de capacités de formation insuffisantes, le directeur général de l'agence régionale de santé, peut, conjointement avec le directeur de l'unité de formation et de recherche de médecine et après avis du coordonnateur local, remplacer, pour tout ou partie des étudiants, ce stage couplé par un stage en pédiatrie auprès d'au minimum deux praticiens agréés maîtres de stages des universités et/ou dans un lieu hospitalier agréé à titre principal en pédiatrie et à titre complémentaire en médecine générale. » «Pour les étudiants n'ayant pas pu réaliser le stage couplé mentionné au b, ce stage libre est de préférence couplé pour moitié avec un stage dans un lieu de stage agréé à titre principal en gynécologie médicale ou gynécologie obstétrique et à titre complémentaire en médecine générale». Bref, c'était tellement évident, c'est maintenant officiel, ils font semblant de les chercher mais ils savent qu'ils n'auront pas les effectifs de PAMSU et ont déjà prévu d'envoyer les jeunes à l'hôpital.
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
Je me souviens de Mme le bodo qui expliquait aux externes qu'ils ne seraient pas obligés d'aller dans les déserts médicaux pour leur 4ème année Elle était certainement la compagne de Pinocchio
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14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 4 mois
franchement: achèteriez-vous 1 voiture d'occasion à ce monsieur?
 
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