
4500 euros pour les docteurs juniors de médecine générale : pourquoi les internes n'y croient pas
Alors qu'il avait déjà tranché en faveur d'une rémunération mixte sans rétrocession, le Gouvernement a annoncé ce lundi 19 mai les montants exacts de rémunération des futurs docteurs juniors (DJ) de médecine générale et de leurs maîtres de stage universitaire (MSU). Au maximum, les apprentis généralistes pourront obtenir 4 500 euros net par mois, a assuré le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder.

Les futurs docteurs juniors (DJ) de médecine générale sont désormais fixés sur le montant de leur rémunération. Début mai, le Gouvernement avait tranché en faveur d'une rémunération mixte, comprenant une part fixe "identique à tous les DJ" et une part variable. L'exécutif avait alors exclu toute rémunération à l'acte avec rétrocession des internes, allant à l'encontre des recommandations des deux rapports sur la quatrième année d'internat de médecine générale. Le dernier, publié en février, préconisait une rétrocession sur honoraires de 25%.
Selon les informations révélées la semaine dernière par Egora, la part variable privilégiée par le Gouvernement dépendra du lieu de stage, avec une prime de 1000 euros pour les stages réalisés en zone sous-dense (ZIP) ; du niveau d'activité, avec un forfait à deux paliers de 200 et 500 euros en fonction du nombre d'actes réalisés par le DJ ; et de la participation à la permanence des soins ambulatoires (PDSA), qui se fera sur la base du volontariat.
Ces informations ont été confirmées, ce lundi 19 mai, par le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins. La part fixe s'établira à "2 375 euros brut" par mois, a également indiqué Yannick Neuder à nos confrères du Quotidien du médecin. La participation à la PDSA sera, elle, "valorisée à hauteur de 1 560 euros en moyenne", a-t-il ajouté, affirmant que le revenu total des DJ pourra atteindre "4 500 euros net par mois".
Mais pour obtenir ce revenu maximum, les DJ devront "absolument cocher toutes les cases", souligne Killian L'helgouarc'h, "en réalisant leur stage en ZIP, participant à la PDSA et réalisant plus de 350 consultations par mois". Car, pour obtenir le forfait d'activité de 500 euros, précise à Egora le président de l'Isni, les futurs généralistes devront atteindre les 350 consultations réalisées par mois. A défaut, ils obtiendront le forfait inférieur de 200 euros.
Or, les DJ obtenant uniquement ce forfait de 200 euros et la part fixe de 2 375 euros (sans participation à la PDSA ni stage en ZIP) toucheront une rémunération inférieure à celle des DJ des autres spécialités. Un revenu "nivelé vers le bas" que ne comprend pas Killian L'helgouarc'h, qui se dit peu "satisfait" par ces forfaits à deux paliers.
La PDSA obligatoire était "un non-sens"
Les arbitrages du Gouvernement sur la PDSA sont, eux, "une grande victoire" pour le syndicat d'internes. Lors des négociations, on s'orientait "au départ vers une PDSA obligatoire et forfaitaire. Ce qui était un non-sens", rappelle le président de l'Isni. "On a aujourd'hui une PDSA non obligatoire et dont 100% de la rémunération sera versée au DJ."
Du côté de l'Isnar-IMG, on s'interroge sur la rémunération de ces apprentis généralistes et "de l'image qu'a le ministre de notre année supplémentaire". "1000 euros pour les ZIP et 1560 pour la PDSA, est-ce que dans [son] esprit le DJA [docteur junior ambulatoire] est un médecin qui travaille la nuit et en ZIP ? C'est donc pour ça qu'on nous impose une année supplémentaire ?", alarme Bastien Bailleul, président du syndicat, qui assure que les internes de médecine générale "sont plus que remontés".
Concernant les maîtres de stage universitaire (MSU) – dont les étudiants craignent qu'ils ne soient pas assez nombreux pour les accueillir à la rentrée 2026 -, le Gouvernement avait également tranché en faveur d'une rémunération mixte – qui devrait s'établir à près de 1 800 euros, a indiqué ce lundi Yannick Neuder au Quotidien du médecin - et une part variable. Les MSU pourront, en effet, bénéficier d'une prime de 800 euros en ZIP et de 400 euros en cas de supervision de la PDSA. Mais ces arbitrages pourraient ne pas satisfaire les principaux concernés. La rémunération proposée est "inférieure à ce qui avait été demandé et recommandé pour les MSU", avance ainsi Killian L'helgouarc'h.
Dans ces conditions, il n'y aura pas de quatrième année en ambulatoire
Bastien Bailleul insiste : "Partout en France, on nous rapporte la crainte [des] DMG [départements de médecine générale] de ne jamais réussir à recruter suffisamment de MSU avec une indemnité de charges si basse." Le représentant syndical, qui craint que les docteurs juniors ne soient contraints de réaliser leur quatrième année d'internat à l'hôpital, poursuit : "Je vois déjà le lobby de l’hospitalier se régaler de récupérer de la main d'œuvre de généralistes."
De plus, les 3000 euros de rémunération totale pour les MSU, avancés par le ministre, prennent en compte "la prime ZIP", alors même que ces territoires sont "par définition les zones dans lesquelles il n'y a que peu de médecins et donc de MSU", souligne Bastien Bailleul, précisant que "dans ces conditions, il n'y aura pas de quatrième année en ambulatoire ni en 2026 ni plus tard !"
Si les montants de rémunération des futurs DJ de médecine générale et de leurs MSU sont désormais connus, les textes actant ces chiffres sont encore en cours de rédaction. Ils doivent être publiés avant la mi-juillet, et ainsi mettre fin à plus de deux années d'attente pour les 3 700 futurs docteurs juniors qui doivent faire leur rentrée en novembre 2026.
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