
Yannick Neuder au congrès de MG France, samedi 7 juin 2025, au Havre. Crédit : Aveline Marques
Rémunération des MSU : Neuder sort le carnet de chèques pour débloquer la quatrième année
Yannick Neuder n'est pas arrivé les mains vides au congrès de MG France, ce samedi 7 juin, au Havre. Le ministre chargé de la Santé a annoncé une hausse de la rémunération des maitres de stage universitaires (MSU) qui accueilleront dès l'année prochaine les 3700 docteurs juniors de médecine générale dans leur cabinet : la prime de 800 euros réservée initialement aux MSU installés en ZIP sera étendue à leurs confrères exerçant en ZAC et dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV). Une majorité des généralistes pourraient donc en bénéficier.

Yannick Neuder au congrès de MG France, samedi 7 juin 2025, au Havre. Crédit : Aveline Marques
Les attentes étaient fortes et elles n'ont pas été déçues. Alors que les internes de médecine générale avaient lancé vendredi un nouvel appel à la grève pour dénoncer les conditions de mise en œuvre de la quatrième année d'internat, le ministre chargé de la Santé a profité de son déplacement au congrès de MG France, ce samedi au Havre, pour lever un point de blocage majeur : celui de l'indemnisation des maitres de stage universitaires (MSU). "J'ai entendu vos inquiétudes, vos préoccupations s'agissant des compensations financières, a déclaré Yannick Neuder face aux généralistes réunis. Nous allons étendre la prime initialement prévue pour les ZIP aux ZAC ainsi qu'aux QPV", a-t-il annoncé, aussitôt applaudi par la salle.
Concrètement, dans ces zones, qui représentent 87% du territoire (voir encadré), les MSU toucheront au minimum 2600 euros par mois : 1200 euros de participation aux frais du cabinet, 600 euros d'indemnité pédagogique et 800 euros, donc, au titre de leur territoire. Leur rémunération totale pourra aller jusqu'à 3000 euros, si l'on prend en compte les 400 euros dus pour la supervision de la participation du docteur junior à la PDSA.
"87% du territoire est un désert médical, a fait valoir Yannick Neuder face à la presse. Il faut savoir être agile sur ces cartes. J'avais encore ce matin un exemple d'une confrère qui était à 6km de la ZIP, elle était en ZAC et il n'y avait pas plus de médecins… ce sont des frontières administratives." Le ministre dit avoir tenu compte des "réalités de terrain" et des "discussions" avec les acteurs de cette quatrième année. "Tout le monde a intérêt que cette quatrième année se passe bien", a-t-il insisté, évoquant l'enjeu de la "reconnaissance de la spécialité de médecine générale" dont la durée de formation sera désormais équivalente à celle des autres spécialités, et celui de la "participation à l'offre de soins sur les territoires". "Je sais que c'était une annonce attendue, voyez ici ma détermination, a-t-il lancé aux adhérents de MG France. J'ai toujours défendu cette mesure centrale du pacte de lutte contre les déserts médicaux", par ailleurs très attendue par les élus locaux.
Du côté des médecins et des internes, c'est le soulagement. "Le ministre a su nous entendre, ça va nous permettre de réfléchir à cette quatrième année de façon posée, a salué la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France. La proposition faite va couvrir à peu près 80% des territoires, ça nous permet de partir sur des bases plus saines, et de travailler vraiment à la mise en place de la réforme."
"L'annonce de Yannick Neuder va dans le bon sens, elle va permettre de rendre le modèle économique acceptable pour beaucoup plus de maitres de stage"
"Aujourd'hui, pour nous, c'est une victoire", a commenté Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG, qui évoque des échanges nourris hier soir avec le cabinet du ministre suite au préavis de grève posé par son syndicat. "On était face à un mur, face à l'impossibilité de réaliser la quatrième année car les MSU ne rentraient pas dans leurs frais et maintenant a priori pour au moins 80% du territoire le problème est réglé, le ministre a bien saisi que ce n'était pas un caprice de la profession. On va pouvoir construire maintenant et aborder ensemble les questions de faisabilité technique." Le préavis de grève sera-t-il levé? "On va en rediscuter avec les administrateurs, le but c'était de réussir à négocier", s'est-il félicité.
Une enquête menée par le Collège des généralistes enseignants (CNGE) et le Syndicat national des enseignants de médecine générale (SNEMG), dont les résultats ont été dévoilés mardi dernier, montrait que si 45% des 4400 MSU répondants souhaitaient accueillir un docteur junior, seuls 16% étaient prêts à le faire dans les conditions initialement proposées par le ministère. Etant donné les charges (estimées à 2400 euros pour un généraliste, même si la mutualisation permettra de réduire la note), le modèle économique n'était viable que dans les ZIP, a souligné le Pr Olivier Saint-Lary, président du CNGE, lors d'un atelier consacré à la quatrième année. "Il fallait réussir à sortir de cette situation. On voyait bien que le nombre de maitres de stage recrutables allait être insuffisant", a-t-il commenté. La perspective de devoir envoyer une partie des docteurs juniors faire leurs stages à l'hôpital aurait signé "l'échec de la réforme". L'annonce de Yannick Neuder "va dans le bon sens, elle va permettre de rendre le modèle économique acceptable pour beaucoup plus de maitres de stage", a-t-il salué.
Pour autant, il reste de nombreux obstacles à franchir, ont rappelé généralistes, enseignants et internes, notamment la question des locaux, de la thèse (qui doit être passée avant la quatrième année) et des flux de paiement. Cette dernière sera au menu du comité de suivi qui se tient mercredi 11 juin. "La montagne semblait vraiment infranchissable, là la pente reste élevée… mais pas insurmontable", a conclu Olivier Saint-Lary.
Qui pourra bénéficier des 800 euros de bonus ?
A l'heure actuelle, 39% des communes sont classées zone d'intervention prioritaire (ZIP) et près de 48% sont classées en zone d'action complémentaire (ZAC), soit près de 87% du territoire. Mais seulement 58% des généralistes libéraux exercent en ZIP (19%) ou en ZAC (39%). S'ajoutent, certes, les MG installés dans des quartiers prioritaires de la politique de la ville, mais certains sont situés dans une ZIP ou une ZAC…
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