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Quatrième année d'internat : 90% des internes de médecine générale opposés à la rémunération proposée par le Gouvernement

L'Isnar-IMG a sondé les internes de médecine générale sur leurs avis et aspirations concernant la quatrième année d'internat. Ils sont en grande majorité opposés au modèle de rémunération, comprenant des primes, privilégié par le Gouvernement. 

01/08/2025 Par Chloé Subileau
4ème année de MG Docteur Junior
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Article mis à jour le 01/08/2025 à 19h10 suite aux nouvelles annonces du ministre.

Quelle rémunération veulent les docteurs juniors ambulatoire (DJA) de médecine générale ? Que pensent-ils des propositions du Gouvernement sur la quatrième année d'internat ? Ce sont certaines des questions posées, début juillet, par l'Isnar -IMG* aux futurs généralistes. Alors que les textes réglementaires encadrant la réforme de la quatrième année prennent encore du retard, le syndicat étudiant a sondé les internes. "On a obtenu plus de 1400 réponses entre le 14 et le 26 juillet, et les avis récoltés sont très tranchés", avance Saga Bourgeois, porte-parole de l'organisation.

Le premier résultat de ce sondage – dont les données complètes doivent être publiées en début de semaine prochaine – ne laisse aucune place au doute : 90% des internes de médecine générale sondés sont favorables à un système de rémunération à l'acte des DJA. Ce modèle, soutenu par l'Isnar-IMG, est celui préconisé dans les deux rapports sur la quatrième année d'internat, dont le dernier est paru début 2025. Ils recommandaient une rémunération mixte, comprenant "une part fixe correspondant aux émoluments forfaitaires mensuels perçus par tous les docteurs juniors", ainsi qu'"une part variable", liée à une rétrocession sur honoraires perçus de 25%. 

Mais ce modèle n'est pas celui privilégié par le Gouvernement qui penche certes pour une rémunération mixte, mais avec un système de primes. Mi-mai, le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, avait indiqué que les DJA de médecine générale percevraient une partie fixe de 2 375 euros brut par mois – versée par les CHU –, à laquelle s'ajouterait un forfait à deux paliers de 200 et 500 euros en fonction du nombre d'actes réalisés par mois (200 actes pour obtenir le premier forfait, 350 pour le second). Les internes pourront également obtenir 1 000 euros mensuels en cas d'exercice en ZIP, et 1 560 euros en moyenne en cas de participation à la PDSA.

De nouvelles annonces

Les futurs généralistes estiment, eux, qu'une rémunération avec des primes "ne va pas leur permettre d'apprendre à coter, à se former" à l'exercice libéral, indique Saga Bourgeois. Alors que cette année d'internat se devait d'être professionnalisante, "on s'éloigne" de cet objectif, poursuit le porte-parole de l'Isnar-IMG. 65% des futurs généralistes pensent donc que ce modèle de rémunération est négatif car il ne les poussera pas à se former à la cotation. 

Yannick Neuder a toutefois annoncé, vendredi 1er août en fin de journée, avoir revu le système de rémunération annoncé au printemps. Si le système de primes ZIP et PDSA, ainsi que la part fixe de 2 375 euros, devraient rester inchangés, le ministre chargé de la Santé a précisé qu'une prime d’autonomie supervisée de 417 euros allait s'ajouter à ces revenus pour tous les DJA. A l'ensemble de ces rémunérations pourra également se cumuler "une part incitative de 500 euros semestriels si le docteur junior fait plus de 200 consultations par mois", a détaillé le ministre auprès de nos confrères du Quotidien du médecin. "On retrouve donc l’esprit d’une rémunération tenant compte de l’activité", a-t-il estimé.

Autre sujet majeur pour les internes : les terrains de stage. "On veut être au plus près des patients" dans les cabinets pour cette année d'internat supplémentaire, rappelle Saga Bourgeois. Pour cause : les internes craignent de devoir réaliser cette quatrième année à l'hôpital par manque de maîtres de stage universitaire (MSU). 73% de ces apprentis généralistes indiquent être inquiets d'être obligés d'aller à l'hôpital. 

85% des internes veulent participer à la PDSA

La question de la permanence des soins ambulatoire (PDSA), que le ministère veut laisser volontaire, a aussi été abordée dans le sondage. D'après l'Isnar-IMG, 85% des internes de médecine générale disent vouloir y participer ou essayer d'y participer. Parmi eux, 61% y participent déjà à travers leur licence de remplacement. "La menace de rendre la participation à la PDSA obligatoire [avancée par le ministère, NDLR] n'a donc pas lieu d'être", pointe Saga Bourgeois.

Enfin, les futurs généralistes ont été sondés sur leurs aspirations ; ils sont plus de 80% à se projeter en libéral, dont 55% veulent en faire leur exercice exclusif. Près de 30% envisagent, eux, un exercice mixte.

Pour l'Isnar-IMG, ces résultats sont particulièrement intéressants. Ils permettent notamment au syndicat de "d'expliquer [sa] position, de justifier [ses] actions" auprès du ministère et des autres instances, et "de rendre compte aux internes" de ses travaux. "On peut [aussi] avancer ce que veulent les internes dans les différents groupes de travail" sur la mise en place de cette quatrième année d'internat, ajoute Saga Bourgeois, qui espère que "les textes sortiront rapidement".

*Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale.

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Claire FAUCHERY

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2 débatteurs en ligne2 en ligne
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 4 mois
Il faut que les syndicats d'interne aient une vision d'ensemble des protagonistes de l'histoire, c'est capital afin de comprendre les points de blocage. Face à eux ils ont un ministre qui est un ancien Cardiologue Hospitalier, un ministère et une DGS qui ne connaissent que le système hospitalier et qui sont constitués eux-mêmes d'hospitaliers, aucun médecin généraliste évidemment. Ils ont également les doyens de facultés en face d'eux, qui sont tous des hospitaliers partenaires/salariés des CHU, et me semble-t-il toujours aucun médecin généraliste (les DMG étant plus ou moins hors-jeu/déconsidérés dans le système universitaire français). Comment voulez-vous qu'ils négocient une rémunération à l'acte tant que tous ces conflits d'intérêts massifs ne sont pas dénoncés ? Voici les questions à se poser maintenant : Le ministère a-t-il intérêt à garder des médecins thésés à moindre coût au sein des CHU? même partiellement? Les doyens ont-ils intérêt à laisser des étudiants se rémunérer davantage? Les praticiens hospitaliers ont-ils intérêt à garder des super internes au sein de leur service? Le ministre a-t-il intérêt à satisfaire les intérêts hospitaliers au moment où le budget hospitalier global va devoir diminuer? Que représente un futur médecin généraliste politiquement? Une fois ces réponses obtenues, peut être que les négociations pourront avancer.
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29 points
Pneumologie
il y a 4 mois
ATTENTION: 2375€ BRUT, C'est une rémunération NETTE de 1800 €. Et LES PRIMES NE SONT PAS PRISES EN COMPTE POUR LE CALCUL DES RETRAITES. (Mais pour les impôts, oui !!!). Et comme le cumul de ces primes peut potentiellement dépasser le salaire brut [500+417+ 1560+ 1000=3477 BRUT (=2600 NET) ] Cela revient à dire que, dans cette éventualité, grosse modo, il n'y aura que moins de la moitié de la rémunération qui sera prise en compte pour le calcul de la retraite et que concrètement, sur un an de travail, il n'y aura que l'équivalent financier de moins de 6 mois qui seront pris en compte. Qu'en pensent les syndicats ?...
 
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