
Quatrième année d'internat : le Gouvernement veut trouver tous les terrains de stage avant décembre 2025
Une nouvelle réunion du comité de suivi de la réforme de la quatrième année de médecine générale s'est déroulée mercredi 11 juin. Recrutement des maîtres de stage, dérogation du délai de passage de la thèse, flux de paiement… Si différents sujets ont pu être abordés, les points à trancher restent encore nombreux.

Les discussions sur la mise en place de la quatrième année d'internat de médecine générale se poursuivent. La deuxième réunion du comité de suivi de cette réforme s'est tenue mercredi 11 juin, en compagnie du cabinet du ministère de la Santé et des représentants des internes et de la profession. "Nous avons [notamment] évoqué différents groupes de travail" sur la mise en place de cette année supplémentaire, rapporte à Egora Killian L'helgouarc'h, président de l'Isni.
Parmi les principaux points discutés : la mise en place d'un retroplanning sur la mise en œuvre de cette quatrième année. "Le Gouvernement nous a bien écoutés" sur ce point, estime Killian L'helgouarc'h. Les syndicats et le ministère ont ainsi déterminé un "objectif commun", celui d'identifier 80% des terrains de stage des futurs docteurs juniors ambulatoires dans chaque subdivision d'ici à octobre prochain. Si ce chiffre n'est pas atteint, "une cellule de crise" sera alors lancée. L'ensemble des terrains de stage devront, eux, être trouvés d'ici à décembre.
Pour faciliter la mise en place de la réforme, des "phases de test" ont également été décidées. A compter de début 2026, des tests devront être réalisés pour vérifier le bon fonctionnement des "logiciels métiers de rémunération des docteurs juniors", ainsi que celui encadrant le "big matching" permettant d'affecter les futurs généralistes dans leur stage. "Ces tests sont importants. On est tous raccords là-dessus", assure Killian L'helgouarc'h.
Autre point d'interrogation : la dérogation sur le délai de passage de la thèse. Désormais, les internes en médecine générale n'auront plus six, mais trois ans pour passer leur thèse. Pour éviter les embouteillages de thèses et permettre une transition en douceur, une dérogation sur ce délai de passage est promise de longue date par le Gouvernement. "Un groupe de travail va travailler en priorité sur ce point pour que ça sorte au plus vite, précise ainsi Bastien Bailleul, président de l'Isnar-IMG. Pour l'instant, ce qui a été discuté, c'est une dérogation d'un an pour les trois premières promotions." Pas suffisant pour le représentant syndical ; mais les discussions doivent encore se poursuivre.
La rémunération proposée aux docteurs juniors ne nous convainc toujours pas
Alors que le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, a annoncé samedi 7 juin augmenter la rémunération des maîtres de stage universitaire (MSU) – une évolution saluée par la profession -, celle des docteurs juniors ambulatoires a de nouveau été abordée lors de cette deuxième réunion du comité de suivi. "La rémunération proposée aux docteurs juniors ne nous convainc toujours pas. On sera encore considérés comme des salariés, alors que cette quatrième année d'internat devait être professionnalisante", insiste Bastien Bailleul.
Pour l'heure, il est en effet prévu que les docteurs juniors en médecine générale bénéficient d'une rémunération mixte, comprenant une part fixe de 2 375 euros brut mensuels et une part variable selon le nombre de consultations réalisées (entre 200 et 500 euros). Ces futurs généralistes pourront également toucher une prime de 1000 euros pour les stages réalisés en zone sous-dense (ZIP), et de 1560 euros en moyenne pour la participation à la PDSA.
Les syndicats dénoncent la part variable de cette rémunération. "Si un docteur junior en médecine générale ne réalise pas assez d'actes et touche 200 euros [de prime d'activité], il gagnera finalement moins qu'un docteur junior à l'hôpital", prévient notamment Killian L'helgouarc'h. "On demande [donc] que les internes soient rémunérés à l'acte" avec une part de rétrocession, comme cela a été recommandé dans les deux rapports sur la quatrième année d'internat, abonde, de son côté, Bastien Bailleul. Ou, à défaut, "que cette prime d'activité soit remplacée par la prime d'autonomie supervisée dont bénéficient déjà les docteurs juniors des autres spécialités".
Un avis partagé par le président de l'Isni, qui souhaite que "le système de prime d'activité soit abandonné pour passer à la prime d'autonomie supervisée". Cette solution permettrait, par ailleurs, d'éliminer certaines craintes sur les flux de paiement entre les docteurs juniors et leurs maîtres de stage, qui posent de nombreuses questions pratiques. Avec le système proposé par le Gouvernement, "on craint que ça ne soit trop complexe". "Ces inquiétudes sont aussi partagées par les syndicats seniors. La Cnam travaille sur ce sujet, on attend leur retour", détaille Killian L'helgouarc'h.
Il y a aussi "un sujet sur la prime ZIP", insiste Bastien Bailleul. Cette prime a été élargie, samedi 7 juin, pour les MSU exerçant en ZAC et dans des QPV, "pourquoi ce ne serait pas le cas pour les docteurs juniors ?", interroge le représentant syndical. "Il serait normal et équitable que ce soit aussi étendu pour ces internes".
Des "tas de questions" encore non résolues
Si cette réunion a été l'occasion d'aborder ces sujets prioritaires et de lancer plusieurs groupes de travail, "il reste des tas de questions sur la faisabilité de la réforme, qui ne sont pas réglées", selon le Pr Olivier Saint-Lary, président du Collège national des généralistes enseignants (CNGE), qui pointe notamment "les questions de tuyauterie sur comment vont transiter les flux de paiement" entre les docteurs juniors et les MSU.
Le modèle choisi par le Gouvernement "ne semble, pour l'instant, pas complètement fluide et rassurant", a-t-il reconnu ce jeudi, à l'occasion du dernier "Café FMF". "C'est un point qui n'est pas [entièrement] réglé et qui doit faire l'objet d'un groupe de travail", a ajouté le Pr Saint-Lary, affirmant que le travail à mener d'ici l'arrivée des premiers docteurs juniors ambulatoires dans les territoires en novembre 2026 "est colossal". Mais "il nous reste [encore] un an, on a vraiment l'impression que c'est un sujet prioritaire pour le ministère [de la Santé]. Ils ont fait quand même un pas très significatif en termes de moyens dans le contexte actuel" en revoyant la rémunération des MSU, a-t-il toutefois souligné.
La prochaine réunion du comité de suivi de la réforme est prévue en juillet et devra permettre d'avancer sur ces nombreux sujets.
La grève des internes en médecine générale en sursis
Vendredi 6 juin, l'Isnar-IMG a lancé un appel à la grève pour dénoncer les difficultés de mise en œuvre de la quatrième année d'internat. Une menace entendue par le ministre chargé de la Santé Yannick Neuder, qui, dès lendemain, a revu à la hausse la rémunération des MSU. Malgré ces annonces, le syndicat des internes en médecine générale a déposé un préavis de grève. Il n'a toutefois pas encore décidé s'il appelait à le rendre effectif en lançant des actions. "Nous réunissons ce jeudi soir notre conseil d'administration" pour décider si des actions seront menées, indique ainsi Bastien Bailleul, à Egora.
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