
Quatrième année d'internat : les futurs docteurs juniors de médecine générale appellent à la grève
Alors que seuls 16% des maîtres de stage universitaires (MSU) souhaitent accueillir un docteur junior de médecine générale dans les conditions fixées par le Gouvernement, l'Isnar-IMG appelle les internes à la grève à compter du lundi 9 juin.

Après avoir défilé partout en France fin avril pour dénoncer le vote de propositions de loi coercitives au Parlement, les internes de médecine générale appellent de nouveau à la grève. Cette fois, les futurs généralistes partent en croisade contre la mise en œuvre de la quatrième année de leur internat. Une réforme "bâclée", selon eux, qu'ils ont déjà dénoncée début 2025 lors d'une manifestation à Paris.
A l'origine de cet appel, l'Isnar-IMG, qui représente les internes de médecine générale. "Cette grève est issue d'une remontée spontanée de nos administrateurs" partout en France, avance ce vendredi 6 juin le président du syndicat, Bastien Bailleul. "Elle fait suite à la publication hier par le CNGE et le SNEMG* d'un sondage montrant que, sur près de 4 500 MSU [maîtres de stage universitaires], seuls 16% sont prêts à accueillir un docteur junior de médecine générale dans les conditions actuellement fixées par le Gouvernement."
Pour l'heure, la rémunération des futurs MSU de docteurs juniors de médecine générale doit se décomposer en un socle forfaitaire de 1800 euros pour l'encadrement de l'interne, ainsi que des primes de 800 euros en cas d'exercice en zone sous-dense (ZIP) et de 400 euros en cas de supervision de la PDSA. Annoncées mi-mai par le ministre chargé de la Santé, ces conditions doivent encore être officialisées par des décrets, dont la publication est attendue avant la mi-juillet.
Pas assez de MSU pour 2026
Pour Bastien Bailleul, le sondage publié jeudi confirme les inquiétudes des internes, qui craignent qu'il n'y ait pas suffisamment de MSU pour les accueillir en novembre 2026. En prenant seulement en compte les réponses à ce sondage, il n'y aurait donc que "700 MSU dans toute la France" pour accueillir 3700 docteurs juniors en 2026, calcule le président de l'Isnar-IMG. "Nous sommes donc assurés qu'il n'y aura pas de quatrième année dans les territoires", mais que les futurs généralistes seront contraints de réaliser cette année supplémentaire à l'hôpital. Un scénario – qui semble de plus en plus se dessiner – auquel le représentant syndical est catégoriquement opposé.
Déterminé à faire entendre la colère des internes, il donnera ce samedi en mains propres à Yannick Neuder, en déplacement au congrès de MG France au Havre, un préavis de grève national et illimité qui doit débuter lundi 9 juin à 8h. "On ne prévoit pas de mobilisation active au niveau national [comme une manifestation par exemple, NDLR]. On est épuisés après les dernières mobilisations" en janvier et en avril, précise Bastien Bailleul. "Mais on dépose ce préavis national pour permettre à toutes nos organisations locales de s'organiser, de prévoir des actions."
Derrière cet appel, un objectif : que le Gouvernement assure que "tous les docteurs juniors de médecine générale pourront faire leur année en ambulatoire" et, qu'à défaut, "la réforme soit reportée", détaille le représentant syndical, qui "ne croit plus" en la mise en place de cette réforme dès 2026. Pour le représentant syndical, la seule solution pour parvenir à ce but est de modifier les conditions d'accueil de ces futurs généralistes – en accroissant la rémunération des MSU - et qu'une part de la rémunération des internes comprenne une rétrocession sur honoraires.
Un ministre inflexible
Les négociations s'annoncent toutefois difficiles. Le 28 mai, à l'occasion d'une rencontre organisée par l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis), le ministre chargé de la Santé a assuré qu'il ne souhaitait pas rouvrir "de discussions" concernant la rémunération des MSU, déjà "nettement significative" à ses yeux. "Je crois qu'il faut faire attention", a-t-il prévenu.
Le président de l'Isni – qui représente les internes de toutes les spécialités -, Killian L'helgouarc'h, indique, de son côté, qu'il ne suivra pas ce mouvement de grève. "On reste mobilisés, et on est inquiets des chiffres publiés par les MSU", assure-t-il à Egora. "Mais ces chiffres sont [seulement] sortis hier, donc on veut laisser le temps au Gouvernement de revoir sa copie, on lui laisse la possibilité de changer [les conditions fixées]."
Pour le représentant syndical, il est toutefois "hors de question" que les docteurs juniors de médecine générale réalisent leur quatrième année à l'hôpital. "On se laisse la possibilité d'appeler plus tard à la grève si les conditions d'accueil ne sont pas réunies", prévient-il.
Contactée par Egora, l'Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf) n'a pas été en mesure de nous répondre dans l'immédiat.
Une nouvelle réunion du comité de suivi de la réforme est prévue mercredi 11 juin, et pourra peut-être permettre de faire avancer les discussions entre les syndicats et le ministère de la Santé.
*Collège national des généralistes enseignants, Syndicat national des enseignants de médecine générale.
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