"Le libéral n'est plus attractif" : à 45 ans, ce généraliste devient "employé communal" d'un village de 2000 habitants

Depuis le mois d’août, le Dr Alexandre Régeasse exerce à Amblainville, petite commune de l’Oise de moins de 2.000 habitants, avec une particularité : il est employé communal, payé par la mairie pour effectuer 35 heures de consultations par semaine. L’avenir de la médecine, selon le praticien de 45 ans, lassé de devoir effectuer les tâches administratives qui plombent l’exercice libéral. Un avis que partage le maire qui a tout misé sur le salariat et cherche d’ailleurs à recruter un second généraliste pour intégrer le centre municipal de santé.
C’est l’histoire d’un maire qui voulait éviter à tout prix éviter "les trous dans la raquette ". Il y a près de cinq ans, voyant l’unique généraliste libéral de sa commune approcher de la retraite à grands pas, le maire d’Amblainville, Joël Vasquez, s’est inquiété de voir ses 1.800 administrés bientôt dépourvus de médecin traitant. Petites annonces – relayées dans les facultés, incitations financières, aides… L’élu DVG, qui en est à son quatrième mandat, a tout tenté pour attirer un praticien dans sa ville. Mais "cela n’a rien donné", se rappelle-t-il.
"On a eu des propositions de médecins africain ou roumain, mais l’un ne pouvait pas exercer en France [avec son diplôme] et l’autre demandait une enveloppe 15.000 euros pour s’installer. On n’était pas très d’accord, cela me semblait compliqué", explique le maire, qui s’est lancé à la recherche d’une solution pérenne. Une situation d’autant plus pressante qu’une dizaine de médecins des communes alentour ont, eux aussi, l’âge de partir à la retraite et pourraient faire valoir leur droit à tout moment.
C’est en discutant avec son fils, médecin généraliste âgé de 38 ans, qu’il a envisagé le salariat comme une issue favorable à cette impossibilité mathématique qui se profilait. Une solution qui permettrait à Amblainville de ne pas devenir à son tour un désert médical. "Il m’a dit que, pour ses jeunes confrères et lui, le salariat était vraisemblablement l’avenir, que les médecins ne faisaient pas dix ans d’études pour remplir des papiers et que la gestion du cabinet leur prenait énormément de temps, au détriment de la médecine."
Renforcé dans son idée par d’autres témoignages de jeunes praticiens, Joël Vasquez entre en contact avec l’Agence régionale de santé (ARS) et la Caisse primaire d’Assurance maladie (CPAM) afin de créer un centre municipal de santé (CMS) au sein du centre de santé privé déjà existant. Il voit le jour au premier semestre 2021. Des cabinets y sont mis à disposition avec tout le matériel nécessaire (table d’examen, ordinateur, logiciel métier…). Ne restait plus qu’à faire venir un médecin généraliste.
"Les week-ends, je ne connaissais pas"
C’est dans la presse médicale que le Dr Alexandre Régeasse, 45 ans, a vu passer l’annonce. Alors médecin chez les sapeurs-pompiers du Groupement Ouest de l’Oise, près de Beauvais, le généraliste a saisi l’opportunité. "Nous avions été très sollicités chez les pompiers lors de la vague épidémique liée au variant britannique du Covid-19. Ça a été très chaud. Alors je me suis posé les bonnes questions et, finalement, je me suis dit qu’il fallait aussi me préserver."
Tout en gardant son statut volontaire chez les sapeurs-pompiers – un devoir auquel il ne pourrait déroger, le Dr Régeasse a ouvert son cabinet dans le CMS en août. Une forme d’exercice qu’il connaît bien puisqu’après trois années passées en libéral à Bondy (Seine-Saint-Denis), il avait préféré s’orienter vers le salariat en Ile-de-France, épuisé par...
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