Conseil constitutionnel.

Loi Duplomb : le Conseil constitutionnel censure la réintroduction de l'acétamipride

Jeudi 7 août, le Conseil constitutionnel a censuré les dispositions de la loi Duplomb qui autorisaient la réintroduction de l'acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes interdit en France. Une décision saluée par de nombreuses associations de patients et médecins.

08/08/2025 Par Louise Claereboudt
Santé publique
Conseil constitutionnel.

Le Conseil constitutionnel a estimé, jeudi 7 août, que la loi Duplomb visant à lever les contraintes à l’exercice du métier d’agriculteur avait été adoptée dans les règles. Toutefois, "au regard des exigences de la Charte de l'environnement", les Sages ont censuré les dispositions de l'article 2 – le plus controversé – autorisant à déroger à "l'interdiction d'utiliser des produits phytopharmaceutiques contenant des néonicotinoïdes ou autres substances assimilées, ainsi que des semences traitées avec ces produits", parmi lesquels l'acétamipride, peut-on lire dans un communiqué de presse diffusé par l'institution dans la soirée.

Le vote de cette loi, adoptée au Parlement début juillet avec le soutien du Gouvernement, avait suscité de vives inquiétudes du côté des associations de patients et des sociétés savantes médicales ou scientifiques, qui avaient demandé au Conseil constitutionnel de censurer cette loi "au nom du principe de précaution" dans une tribune publiée dans Le MondeL'Ordre des médecins s'était également engagé contre ce texte, estimant lui aussi que "le doute n'est pas raisonnable lorsqu'il s'agit de substances susceptibles d'exposer la population à des risques majeurs".

Une pétition lancée par une étudiante avait par ailleurs dépassé la barre des 2 millions de signatures fin juillet.

"On ne peut que se satisfaire de la décision du Conseil constitutionnel", a réagi le vice-président du Cnom, le Dr Jean-Marcel Mourgues, auprès de l'AFP, tout en reconnaissant "la réalité des problèmes des agriculteurs", leur "souffrance psychologique liée à la détresse parfois professionnelle". Et d'ajouter : "Nous sommes très attachés à ce qu'en termes d'exposition à des produits potentiellement dangereux, il faille respecter conformément à la Constitution le principe de précaution, puisqu'il ne s'agit ni plus ni moins que de la santé de nos concitoyens et de la prévention à des graves maladies potentielles."

Devenue la figure de la résistance contre la loi Duplomb, Fleur Breteau, fondatrice du collectif Cancer Colère, a salué la décision des Sages de censurer la réintroduction de l'acétamipride, ce pesticide interdit en France. "Ils ont fait un geste symbolique qui est d'enlever ce néonicotinoïde qui s'appelle l'acétamipride. Ça montre une chose, ça montre que le rapport de force fonctionne." Elle a toutefois regretté que l'ensemble de la loi Duplomb n'ait pas été censuré. "C'est une loi complètement archaïque qui défend un modèle d'agriculture qui est très dommageable, qui nous fait du mal, qui nous empoisonne", a-t-elle déclaré.

Son collectif appelle ainsi à poursuivre le combat, et lance un appel national à tracter devant les hôpitaux et autres lieux symboliques dès le mois de septembre.

"Cette décision élève les enjeux au-delà du seul acétamipride qui cristallise aujourd'hui les débats [...], puisque ce texte donnait aussi et surtout un blanc-seing à de futures dérogations pour d'autres néonicotinoïdes", a de son côté indiqué la Ligue contre le cancer. "Ce qu'il faut retenir, c'est que la santé publique ne peut pas faire l'économie d'un débat éclairé par la science", a souligné Francelyne Marano, présidente du comité de pilotage cancer et environnement de la Ligue et professeure émérite en toxicologie à l'Université Paris Cité.

L'Elysée a fait savoir à l'AFP qu'Emmanuel Macron "a pris bonne note de la décision du Conseil constitutionnel" et "promulguera" le texte "tel [qu'il] résulte de cette décision dans les meilleurs délais".

[avec AFP]

Acétamipride : Neuder appelle à une réévaluation au niveau
européen

Au micro de France Inter, ce vendredi matin, le ministre chargé de la Santé et de l'Accès aux soins a appelé à réévaluer au niveau européen l'impact sur la santé humaine de l'acétamipride, dont la réintroduction prévue dans la loi Duplomb a été censurée la veille par le Conseil constitutionnel. "J'en appelle très naturellement avec beaucoup d'attention et de transparence à une réévaluation par les autorités sanitaires européennes, sans délai, de l'impact sanitaire de l'acétamipride", a déclaré Yannick Neuder. Et d'ajouter : "On ne peut pas interdire une substance en France si on importe les produits des autres pays européens qui traitent les aliments avec ce produit-là." En cas d'impact avéré sur la santé humaine, "il faudra naturellement interdire ce produit puisque je vous rappelle que le Conseil constitutionnel a, pour l'instant, retoqué sur des données de santé animale et d'impact environnemental", a-t-il poursuivi. Le ministre a par ailleurs indiqué que des études "sur le rôle perturbateur endocrinien potentiel ou neurotoxique" étaient en cours. 

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Claire FAUCHERY

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3 débatteurs en ligne3 en ligne
Photo de profil de Michel Rivoal
10,7 k points
Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 4 mois
Eh oui! il fallait s'y attendre parce que on ne peut pas invoquer le principe de précaution que quand ça arrange machin et pas chose et réciproquement. Cela étant Monsieur Duplomb a de la suite dans les idées. Du genre à revenir au galop quand les lobbies lui chassent le train arrière ou quand il est un lobbyiste à lui tout seul. Il a lui même déclaré qu'il cherchait un moyen de réécrire le texte pour qu'il passe quand même du fait des ambiguïtés de la censure du conseil constitutionnel. C'est sans doute un grand amateur de noisettes qui préfère la pâte à tartiner à la gelée royale ou au miel de châtaigner. Perso les néonicotinoïdes je ne les connaissais que comme organochlorés (anciennement DDT tombé en désuétude du fait des résistances) parfois pourvoyeurs d'intoxications sévères chez les agriculteurs mal protégés, mais certes moins toxiques que les organophosphorés (et autres gaz de combat (sarin par exemple). Sur les mammifères (et chez les humains donc) ils semblent perturbateurs endocriniens, les oncologues s'en méfient aussi. Chez les insectes ils les tuent mais aussi les arthropodes et les vers de terre. Ces fameux vers de terre qui creusent les galeries, favorisent la pénétration de l'eau (vous savez, celle qui ruisselle et qui au lieu d'humidifier la terre se répand en inondations ou peut être stockée dans des bassines ah oui, les fameuses bassines remplies par le ruissellement(?) ... ou par la ponction des nappes phréatiques qui s'appauvrissent... Tiens revoilà monsieur Duplomb et ses soutiens syndicalistes engagés... Enfin, je dis ça... À chacun sa concurrence déloyale!
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2,6 k points
Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 4 mois
On connaissait "l'information" par les reseaux sociaux, voici le temps de la "démocratie" par les petitions. Plus besoin du parlement, plus besoin de Justice, quelques pétitions et le tour est joué..
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14,8 k points
Résistant
Chirurgie générale
il y a 4 mois
KESSAPEUFOUT? on ne produira pas assez de betteraves sucrières? donc on les achètera chez les pays voisins qui ne se gênent pas pour utiliser l'acétamipride! se toute façon,le régime en place veut exterminer les paysans français!
 
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