Capture Assemblée nationale, 20 octobre 2025

Capture Assemblée nationale, 21 octobre 2025

PLFSS 2026 : Rist appelle à la "responsabilité individuelle et collective" pour sauver la Sécu

Auditionnée par la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, mardi 21 octobre, la ministre de la Santé a appelé à la "responsabilité" de tous les acteurs – médecins, patients, complémentaires, laboratoires – afin de "protéger" et "faire prospérer" la Sécurité sociale.  

22/10/2025 Par Louise Claereboudt
PLFSS 2026
Capture Assemblée nationale, 20 octobre 2025

Capture Assemblée nationale, 21 octobre 2025

Face aux députés de la commission des Affaires sociales, mardi après-midi, Stéphanie Rist a émis le vœu que "le dialogue persiste", "et surtout soit fécond", dans le cadre des travaux sur le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026. L'examen de ce texte devait démarrer jeudi en commission, mais il a dû être reporté au lundi 27 octobre, en raison de l'ajout dans le texte initial du Gouvernement de la mesure de suspension de la réforme des retraites (voir encadré).

La commission des Affaires sociales a tout de même procédé mardi après-midi à l'audition des ministres ; Jean Pierre Farandou (Travail et Solidarités), Stéphanie Rist (Santé,  Familles, Autonomie et Personnes handicapées), Amélie de Montchalin (Action et Comptes publics), et Charlotte Parmentier-Lecocq, ministre déléguée chargée de l'Autonomie et des Personnes handicapées. L'occasion de répondre aux questions et inquiétudes des députés avant l'arrivée du texte dans l'hémicycle le 4 novembre.

Ce budget est "une copie de départ", rappelé la nouvelle locataire de l'avenue de Ségur, Stéphanie Rist. "Le texte final sera ce que le Parlement en fera." Le chef de l'exécutif a en effet promis de renoncer à l'article 49.3 de la Constitution, qui lui aurait permis d'adopter le budget sans vote. Mais cela ne doit pas détourner les parlementaires de l'objectif – qui est d'adopter un budget au 31 décembre, a souligné Stéphanie Rist. "La Sécurité sociale est le ciment le plus profond de notre cohésion nationale ; il nous appartient collectivement d'en faire un héritage à protéger et à faire prospérer." 

"Il nous faut regarder la réalité en face", a-t-elle déclaré, indiquant que le déficit de la Sécurité sociale avoisine les 23 milliards d'euros en 2025. "Si aucune mesure n'était prise, il atteindrait 33,7 milliards en 2029." Un "cap clair" doit être tracé afin d'"adapter notre système de santé pour garantir sa pérennité", "tout en responsabilisant chaque acteur", a estimé la ministre de la Santé. Objectif : que "chaque euro [soit] utilisé à bon escient".

Plus de 16 000 patients ont vu plus de 25 généralistes dans l'année

La responsabilisation doit être, d'abord, "individuelle", à l'échelle des assurés. "Plus de 16 000 patients ont vu plus de 25 généralistes dans l'année", a fait savoir Stéphanie Rist, défendant un "forfait de responsabilité" – autrement dit les franchises. Le Gouvernement prévoit une hausse du montant et des plafonds des participations forfaitaires et franchises. Il étend également ces participations forfaitaires et franchises aux actes et consultations des dentistes et aux dispositifs médicaux. Ce forfait de responsabilité "devrait rapporter 2,3 milliards d'euros", a précisé la ministre dans un entretien accordé au Figaro

Dénoncé par les associations de patients, ce forfait ne s'applique pas à "18 millions de Français", a rappelé Stéphanie Rist, citant les femmes enceintes, les bénéficiaires de la C2S, ou encore les mineurs. Le plafond de ce forfait s'élèvera par ailleurs "au maximum" à "200 euros de rester à payer pour les patients en 2026". Objectif avancé : "Limiter la contribution des patients ayant des maladies chroniques." "La contribution moyenne par assuré sera de 42 euros supplémentaires par an", a indiqué la ministre. "La France demeurera le pays où le reste à charge est le plus faible", a-t-elle promis, assurant que sa "priorité sera toujours d'assurer la protection des plus vulnérables".

"Nous demandons trop d'efforts aux patients, or nous devrions responsabiliser plus encore l'ensemble des acteurs", a de son côté déploré son prédécesseur et président de la commission des Affaires sociales de l'Assemblée nationale, Frédéric Valletoux, qui porte un "regard critique" sur ce projet de budget. Les complémentaires – avec "1 milliard d'euros de taxes supplémentaires" – et l'industrie du médicament et du dispositif médical – des baisses de tarifs de l'ordre de 1,6 milliard d’euros sont prévues – seront bel et bien mises à contribution, a rétorqué Stéphanie Rist. Tout comme "les secteurs dont la rentabilité peut être qualifiée d'excessive", a-t-elle ajouté, faisant référence aux "rentes". 

La ministre a également évoqué l'"explosion" des arrêts maladie. Le PLFSS comporte plusieurs mesures pour réguler ce phénomène. "Cette dynamique doit nous poser la question des raisons de ces arrêts, donc de la prévention", a déclaré Stéphanie Rist. "Mais c'est aussi de comment on contrôle mieux les arrêts ? Comment les médecins revoient les patients régulièrement pour être sûrs qu'ils nécessitent encore un arrêt ?" Amélie de Montchalin a ainsi souligné que "25 % des arrêts de travail de plus d'un an génèrent aujourd'hui plus de 80 % de la dépense".

Autre sujet qui a fait couler beaucoup d'encre dernièrement : les dépassements d'honoraires des médecins libéraux. Dans la salle, le député Jean-François Rousset, à qui François Bayrou a confié une mission parlementaire sur le sujet en binôme avec Yannick Monnet, a alerté sur l'article 26 du PLFSS qui prévoit d'introduire une surcotisation sur les dépassements d'honoraires et activités non conventionnées. Il y a un risque d'"effet inflationniste" de la mesure, a mis en garde l'élu Ensemble pour la République, qui devrait rendre son rapport au Gouvernement ce jeudi. 

Le député a annoncé qu'il allait faire, avec son collègue, des "propositions concrètes", "que nous souhaitons traduire dans le PLFSS à travers des amendements". Objectifs avancés : "diminuer ces dépassements" et "enrayer les installations en secteur 2". "On regardera les travaux que vous avez pu faire", a répondu Stéphanie Rist, évoquant à nouveau cette notion de "responsabilité" des acteurs. La ministre a rappelé que "la copie" peut et va évoluer.

PLFSS : l'examen en commission reporté à lundi 

L'examen du PLFSS en commission des Affaires sociales, qui devait démarrer ce jeudi, a été repoussé à lundi matin, en raison de l'ajout dans le texte initial du Gouvernement de la mesure de suspension de la réforme des retraites, a appris l'AFP de plusieurs députés. "C'est juridiquement un nouveau texte", a expliqué le président de la commission, Frédéric Valletoux, quand bien même une seule mesure doit être ajoutée par une lettre rectificative du Gouvernement, qui doit être présentée en Conseil des ministres jeudi.

Les députés membres du bureau de la commission des Affaires sociales ont acté ce mercredi matin le fait que les parlementaires devraient non seulement pouvoir bénéficier d'un délai pour proposer des amendements à la suspension de la réforme des retraites, mais qu'ils devraient aussi déposer à nouveau les quelque 1 400 amendements qu'ils avaient proposés sur la première version du projet de budget de la Sécurité sociale. Les députés auront jusqu'à vendredi 17h pour le faire. Avant le début de l'examen, lundi 27 octobre à 9h.

A ce stade, la date de l'examen dans l'hémicycle reste inchangée, au 4 novembre. Le Parlement débat des textes budgétaires dans des délais contraints, avec une adoption prévue avant le 31 décembre. Selon la Constitution, l'Assemblée a, en première lecture, 20 jours pour se prononcer à partir de la réception du projet de budget de la Sécu. Le délai est remis à zéro par une lettre rectificative. Selon une source gouvernementale, ce nouveau délai débuterait vendredi, pour s'achever mercredi 12 novembre à minuit. Un vote solennel sur le texte était déjà prévu dans l'hémicycle ce même jour, avant sa transmission au Sénat.

[avec AFP]

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Claire FAUCHERY

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Débatteur Passionné
il y a 2 mois
La notion de dépassements d'honoraires est assez amusante. Ainsi même quand la sécu impose des tarifs comme dans le cadre du reste à charge zéro, il y a un dépassement d'honoraires par rapport au seul tarif sécurité sociale. Quand bien même la sécu aurait calculé les tarifs en se basant sur des labos en Turquie en même temps qu'il est demandé de faire travailler des prothésistes français. Dans l'habillement, un donneur d'ordre est responsable si les tarifs qu'il impose amènent à des drames comme avec le rahna plazza. Là les donneurs d'ordre de la sécu peuvent imposer des tarifs qui ne couvrent même pas les frais engendrés, le respect des normes sociales, voir le respect des normes les plus élémentaires et mettre en accusation les personnes qui doivent faire payer des compléments d'honoraires alors que les tarifs sécu ne couvrent pas les couts comme le montrent les déficits des hôpitaux Français. Une mesure qui ne coute rien à l'état Français serait de faire comme avec l'habillement de rendre responsable pénalement et civilement les négociateurs de la sécu en nom propre (les frais de procès n'oint pas à être supporté par l'argent public) des tarifs qu'ils imposent aux professionnels de santé.
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
Oui Mme la MInistre : La responsabilité individuelle et collective ce serait de virer et sanctionner tous les gestionnaires responsables de ces déficits plutôt que les promouvoir et les décorer. Du Directeur de la CNAM et son adjoint, de tous les hauts fonctionnaires de la Direction de la Sécurité Sociale, mais aussi des Directeurs et Chargés de Missions des Caisses, de leurs Adjoints, de l'ensemble du service médical, des ARS et de toutes les instances inutiles et couteuses. Les remplacer par des postes CDD 2 ans avec objectifs de performance d'améliorer les soins en ne payant ce qui est pertinent et adéquat, s'ils échouent les virer comme dans toute entreprise. L'autre alternative c'est de les remplacer par de l'IA, au moins les dossiers seraient traités et on ferait d'énormes économies. Là on aurait une maigre chance de sauver la sécu !...
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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 1 mois
une ci-devant prétendue ministre qui ne sait pas que la responsabilité ne se décline qu'au singulier et jamais au pluriel ignore donc les bases de l'éthique, comme trop de ces imposteurs qui prétendent nous "protéger" ; Il semble venu le temps de la démocratie directe comme en Suisse où n'importe quel citoyen qui réfléchit au bien commun peut rédiger un projet de règles de fonctionnement et le soumettre aux votations de ses pairs citoyens responsables . Pas besoin de "représentants", élus ou non, qui ne sont que d'intermédiaires parasites dont le coût financier pour la nation devrait être publié chaque mois en tête de compte-rendu de la cour des comptes . La démocratie dite "représentative" qu'on nous impose depuis 1848 confine chacun de nous dans un statut de minorité juridique qui délégitime de facto toute allusion à une quelconque "responsabilité", surtout "collective" puisque cette fonction humaine n'existe pas et n'existera jamais dans le catalogue de l'éthique.
 
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