
Praticiens hospitaliers : un rapport appelle à anticiper "les départs massifs à la retraite"
Le Centre national de gestion (CNG) a dévoilé "des éléments statistiques" détaillés au 1er janvier 2025. Il en ressort que le nombre de PH a augmenté de 16,9% en 10 ans. Des chiffres à prendre avec "précaution" puisque le solde des entrées et des sorties enregistre en 2024 une diminution de 7 %. Le nombre de mise en disponibilité a explosé en 10 ans.

Au 1er janvier 2025, 50 223 praticiens hospitaliers (PH) étaient en activité dans les établissements publics de santé. En 10 ans, l'effectif des praticiens hospitaliers a progressé de 16,9 %, soit 7 251 PH de plus et un taux de croissance annuel moyen de 1,6 %.
Le Centre national de gestion (CNG) appelle à interpréter ces chiffres avec "prudence". "La mise en place du statut unique en 2022 a modifié la structure de la population statistique (fusion des anciens statuts plein/partiel), rendant les comparaisons historiques moins homogènes", est-il expliqué dans un document récemment mis en ligne sur son site. "Les praticiens hospitaliers ne sont plus représentés dans les statistiques en deux catégories mais en une seule à partir du 1er janvier 2023", détaille le CNG.
Faut-il dérembourser les cures thermales ?

François Pl
Oui
Dans les années 80 j'ai été suivre (sans prescription - je suis Belge) une "cure thermale" en Auvergne, suite à une promotion tour... Lire plus
L’évolution des effectifs depuis le 1er janvier 2024 est de 3,4 %. Bien que positif, ce taux est en baisse par rapport aux deux dernières années, où il était de 7,3 %. Le solde des entrées et des sorties enregistre en 2024 une diminution de 7 %, soit 2 180 PH en 2024, contre 2 344 PH en 2023. Ce "ralentissement du solde net d’entrées/sorties (…) pourrait constituer un signal d’alerte sur une possible inflexion de cette dynamique", alerte le CNG.
56.2% de femmes
Les femmes sont désormais majoritaires dans le corps des PH. Elles représentent 56,2 % des praticiens hospitaliers. Il y a dix ans cette part était de seulement 48 %. L'âge moyen des PH diminue légèrement sur les dix dernières années, passant de 49,7 ans en 2015 à 48,7 ans au 1er janvier 2025. Les femmes ont un âge moyen inférieur à celui des hommes de 3,5 ans. Alors que la moitié des femmes a moins de 45,7 ans, la moitié des hommes a plus de 51,2 ans.
Près de la moitié des PH (49,8%) ont une ancienneté inférieure à 10 ans. L’ancienneté moyenne des praticiens hospitaliers est de 11,6 ans.
"Il est important de préciser que 1 254 praticiens ont atteint ou dépassé l’âge limite de départ à la retraite* (67 ans), soit 42,1 % des praticiens âgés de 65 ans et plus ", pointe le CNG. L’âge moyen de départ à la retraite des PH relevant de l’ensemble des disciplines est de 66 ans.
Le CNG relève dans son rapport que 74,2 % des PH exercent une spécialité médicale ou chirurgicale (70,7 % des PH femmes et 78,7 % des PH hommes). Par ailleurs, la part des hommes chirurgiens est deux fois plus importante que celle des femmes chirurgiennes : 17,3 % des hommes, contre 8,1 % des femmes. Plus de la moitié des chirurgiens (54,8%) se répartissent dans trois principales spécialités : gynécologie obstétrique (27,8 %), chirurgie orthopédique et traumatologique (15,8 %) et chirurgie viscérale et digestive (11,2 %).
En médecine, quatre spécialités se partagent 54,2 % des effectifs de la discipline : médecine d’urgence (17,8 %), médecine générale (13,1 %), anesthésie-réanimation (13,2 %) et pédiatrie (10,1 %).
Si l’ensemble des spécialités médicales enregistre une proportion de femmes de 56,7 %, les proportions peuvent varier fortement en fonction des spécialités. Les femmes représentent 96,7% des gynécologues médicales contre 31,2% des praticiennes en médecine intensive-réanimation.
Le CNG comptabilise 73,2 PH pour 100 000 habitants au 1er janvier 2025, alors qu'ils étaient 71 pour 100 000 habitants un an auparavant. Les régions les plus pourvues en PH sont la Réunion, la Bretagne et les Hauts-de-France. A l'inverse, les régions présentant la plus faible densité de PH sont l'Occitanie, la Guyane et Mayotte.
Forte augmentation des praticiens en disponibilité
Si le nombre de PH en détachement reste stable, en hausse de 1,2 % en 10 ans, avec un taux de croissance annuel moyen de 0,1 %, celui des praticiens en disponibilité a fortement augmenté en 10 ans. Il est ainsi passé de 2 372 en 2015 à 5 658 en 2025, soit une augmentation de 138,5 %, avec une croissance annuelle moyenne de 9,1 %. La part de PH en disponibilité s’établit à 9,9 % en 2025.
Dans le détail, la quasi-totalité des mises en disponibilité le sont pour convenances personnelles (90,5 %). Suivent, très loin après, les disponibilités pour élever un enfant (6,2%) et pour suivre son conjoint (2,1 %). "Ce phénomène constitue un indicateur important du rapport des praticiens à leur environnement professionnel. La disponibilité, qu’elle soit utilisée pour exercer ailleurs, se former ou préparer un départ, peut traduire une forme de distanciation vis-à-vis du service public hospitalier, notamment dans un contexte de conditions d’exercice dégradées", analyse le CNG.
Au-delà de la mise au point statistiques sur la population de praticiens hospitaliers, ce rapport doit permettre "d'anticiper les tensions démographiques, les départs massifs à la retraite", appelle le CNG.
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