Activité physique et rhumatismes : des bénéfices prouvés, une adhérence problématique
Chez les patients atteints d’arthrose ou de rhumatismes inflammatoires chroniques, la pratique d’une activité physique doit faire partie intégrante de la prise en charge, rappelle l’Eular dans de nouvelles recommandations. Malgré le consensus, les difficultés d’adhésion demeurent la norme chez les patients.
Dans ses recommandations sur l’activité physique publiées en 2020, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) conseille d’en pratiquer au moins 150 minutes par semaine, et de limiter la sédentarité, à savoir le temps passé assis. C’est dans cette philosophie que s’inscrivent les nouvelles recommandations de l’European League Against Rheumatism (Eular), présentées en avant-première lors de son congrès annuel.
Portant spécifiquement sur l’arthrose (genou, hanche), la polyarthrite rhumatoïde et la spondylarthrite ankylosante, ces recommandations, version actualisée de celles publiées en 2018, mettent l’accent sur la nécessité de mieux intégrer l’activité physique dans la prise en charge de ces maladies, et ce tout au long de leur évolution, quelle que soit leur sévérité.
Signe de l’importance accrue accordée à l’activité physique, les experts ont retiré une recommandation de 2018 qui spécifiait la nécessité d’identifier au préalable les contre-indications à l’exercice. "Selon la littérature, il n’existe aucune contre-indication générale à la pratique d’une activité physique, celle-ci peut toujours être adaptée à l’état du patient", souligne la Pre Karin Niedermann, qui dirige l’institut de physiothérapie à l’Université des sciences appliquées de Zurich (Suisse).
L’ensemble des professionnels de santé intervenant dans la prise en charge de ces patients doivent être impliqués dans la mise en place des séances d’activité physique. Bien au-delà du simple conseil prodigué aux patients, les médecins doivent définir la fréquence, l’intensité, la durée et le type d’exercice, et en évaluer régulièrement les résultats. Quant aux modalités pratiques (en groupe/individuel, distanciel/présentiel, supervisée ou non), elles sont à définir selon les préférences et les possibilités du patient.
Cibler au mieux les besoins du patient
Selon l’Eular, aucune composante de l’activité physique ne doit être négligée, qu’il s’agisse du renforcement cardiovasculaire et musculaire, de l’assouplissement ou des performances neuromotrices. En fonction des besoins du patient, le professionnel de santé doit évaluer laquelle doit faire l’objet d’une plus grande attention.
Les experts recommandent également – une première dans les recommandations de l’Eular – de proposer aux patients des outils numériques (bracelets connectés, applis, etc.) afin de leur permettre d’évaluer leur pratique. En recourant à ces nouveaux outils, il s’agit aussi de renforcer leur motivation, souvent limitée par la fatigue et la douleur liées à la maladie, mais aussi par divers freins économiques, sociaux et organisationnels.
Des bienfaits maintenus à deux ans
Si les bienfaits de l’activité physique chez les personnes atteintes de rhumatismes ne sont plus à démontrer, rares sont les travaux à avoir évalué leurs effets à long terme. Tel est le cas d’une étude néerlandaise, d’un suivi de deux ans, menée sur 129 patients souffrant de formes très invalidantes de polyarthrite rhumatoïde ou de spondylarthrite ankylosante. Pendant les douze premières semaines de l’essai, les participants ont suivi deux séances hebdomadaires d’activité physique supervisée, puis une séance hebdomadaire par la suite.
À un an, David Ueckert, du département d’orthopédie, rééducation et physiothérapie au centre médico-universitaire de Leyde, et ses collègues avaient déjà montré une très nette amélioration de la fonction physique et de la qualité de vie(1,2). Selon l’étude présentée au congrès, ces bénéfices sont maintenus à deux ans, sans nouvelle amélioration par rapport à un an. Ce qui, selon David Ueckert, semble suggérer "un plateau d’amélioration clinique au fil du temps". Les chercheurs ont toutefois observé au cours de la deuxième année, mais uniquement chez les patients atteints de spondylarthrite ankylosante, de nouveaux gains au test de marche.
Autre constat : le taux de participation s’est érodé au cours de l’essai, soulignant la difficulté de certains patients à conserver leur motivation au fil du temps. Au terme de la deuxième année, seuls 73 % des patients polyarthritiques continuaient à suivre leurs séances, contre 90 % à la fin de la première année.
L’adhésion, principal écueil
Ces difficultés d’adhésion par des patients douloureux sont aussi observées dans la lutte contre la sédentarité. Lors d’une méta-analyse présentée au congrès, Anne-Kathrin Rausch, de l’institut de physiothérapie de Zurich, et ses collègues ont analysé l’efficacité de diverses interventions (conseil par le médecin, rappels par SMS, traceurs d’activité, etc.) visant à limiter le temps passé assis.
Bilan : aucune des six études randomisées contrôlées incluses dans la méta-analyse n’a montré d’effet significatif chez les patients atteints d’arthrose ou de polyarthrite rhumatoïde. "Bien que les effets délétères de la sédentarité soient désormais bien connus, la recherche sur les maladies rhumatismales n’en est qu’à ses débuts. Nous devons mener d’autres études afin de développer des interventions efficaces", conclut Anne-Kathrin Rausch.
(1) Teuwen MMH et al., Annals of the Rheumatic Diseases, 12 mars 2024
(2) van Wissen MAT et al., Rheumatology, 1er avril 2025
Au programme de ce congrès :
Références :
Congrès de l’European League Against Rheumatism (Eular), Barcelone, 11-14 juin. D’après les sessions "EULAR recommendations I" et "Physical activity and exercise in RMDs - New insights from research and clinical trials".
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