Numérique en santé, IA, cybersécurité : "Il est nécessaire de se former"

"Il ne s’agit plus de se demander ‘si l’Intelligence artificielle est là ?’. Elle est là", affirme Christine Heulin, responsable de l’offre de formation Weliom, lors de la table ronde "Se former à l’IA et au numérique en santé" organisée au congrès City Healthcare, le 7 octobre dernier à Nantes. Un arrêté publié le 10 novembre 2022, relatif à la formation socle du numérique, a obligé les étudiants en santé de premier cycle à suivre une formation pour mieux appréhender les notions du référentiel ; les données de santé, la cybersécurité...

Un appel à manifestation d’intérêt, métiers et compétences d’avenir (AMI- CMA) a été lancé par le ministère de la Santé pour aboutir à la mise en place d’une formation. "Même si l’arrêté est le même pour tout le monde, tous les étudiants en France n’ont pas accès à la même offre via ces AMI-CMA", pointe Nathalie Million, animatrice de cette table-ronde.

En répondant à cet AMI, la Pre Murielle Duflos, directrice adjointe de la formation et de l’innovation pédagogique de Nantes université, a ainsi pu développer PeNSo, le "programme d’enseignement numérique en santé de l’Ouest", présente-t-elle. 2 600 étudiants sont inscrits à ce programme, lancé en janvier dernier, et 1 200 ont déjà été formés. Dédié aux étudiants et aux professionnels en activité, PeNSo se compose de trois pôles. Un premier qui propose "des formations axées sur le référentiel et permettant des montées en compétences" ; un second consacré à l’IA, avec "des formations découvertes" ; et un troisième qui s’adresse aux professionnels du droit.

Pour concevoir ces contenus de formations, PeNSo s’est appuyé sur des acteurs du terrain comme Weliom, un organisme de formation, notamment à l’origine du cours sur la cybersécurité. "[On a expliqué] comment sécuriser son environnement de travail, comment identifier les mécanismes d’attaque, se protéger… C’est ce qu’on connaît du niveau de maturité des établissements qui nous a permis de proposer des contenus pertinents", indique Christine Heulin.

Le tout premier DU sur la santé numérique remonte quant à lui à 2019. "On en est à la sixième promotion, on a environ 30 à 40 étudiants par an", indique le Pr Patrick Callier, responsable du DU IA en santé, chef de service du laboratoire de génétique chromosomique et moléculaire au CHU de Dijon et président de SoFIA-Santé, première société francophone de l’IA en santé. Dans ce DU, neuf modules concernent les professionnels de santé.

En parallèle, le Pr Callier propose un datathon. "Sur un week-end, les étudiants viennent à Dijon. On leur propose des défis." Objectif : concevoir une solution en réponse à une problématique précise avec des médecins, des chercheurs, des ingénieurs... 

Gaël Dias, enseignant chercheur en sciences informatiques à l’université de Caen, est venu présenter le projet Satin. "L’idée, c’est d’acculturer les étudiants sur la santé numérique. C’est une approche différente, car c’est nous -informaticiens- qui sommes allés chercher des médecins, alors que c’est souvent l’inverse." Satin est déjà présent depuis deux ans et 1 700 étudiants ont suivi les cours. "Il y a beaucoup de jeunes qui s’intéressent, confie-t-il. On a aussi des informaticiens que l’on forme à la santé."

Pour les professionnels de santé encore réfractaires à se former au numérique, Barbara Nathian indique que  "ce n’est pas évident mais qu’il n’y a pas le choix. Il est nécessaire de comprendre comment [les outils] fonctionnent sans savoir forcément comment ils ont été conçus. Il est nécessaire de se former et ceux qui ne seront pas formés vont être dépassés par ceux qui seront formés".