De gauche à droite : Le Dr Louis Létinier, Alicia Bel-Létoile, CTO de Synapse Medicine, et le Dr Clément Goehrs. Crédit : MedGPT.
Une "réponse sourcée" à vos questions médicales : MedGPT, l'IA française au service des médecins
En septembre dernier, le groupe Synapse Medicine, déjà connu pour ses dispositifs médicaux, a lancé MedGPT. Inspiré de ChatGPT, l'outil se présente comme un moteur de recherche, spécialisé dans les questions de santé. Le premier jour, plus de 2 000 utilisateurs ont testé la plateforme.
De gauche à droite : Le Dr Louis Létinier, Alicia Bel-Létoile, CTO de Synapse Medicine, et le Dr Clément Goehrs. Crédit : MedGPT.
Un nouveau moteur de recherche français, à destination des professionnels de santé, a fait son entrée sur internet, le 16 septembre dernier. Baptisé MedGPT, il s’agit d’un large language model (LLM), un programme qui utilise l’intelligence artificielle (IA) pour reconnaître et générer du texte, de la même manière que ChatGPT. Via ce moteur de recherche, il est possible de poser toutes sortes de questions médicales allant des symptômes, aux avis diagnostiques en passant par les interactions médicamenteuses, les recommandations...
MedGPT fait partie du groupe Synapse Medicine, créé en 2017 par le Dr Louis Létinier, médecin en santé publique et directeur médical du groupe, et son associé le Dr Clément Goehrs. Ensemble, ils développent des dispositifs médicaux pour les professionnels de santé. Dès la naissance du groupe, ils réfléchissaient à "créer une sorte d’assistant médical qui puisse répondre à tous types de questions médicales notamment pour les professionnels de santé".
Huit ans plus tard, MedGPT voit le jour, grâce à la démocratisation de l’IA et l’arrivée de ChatGPT. Le Dr Létinier fait cependant face à un constat. Même si "de plus en plus de praticiens utilisent ChatGPT ou un autre LLM, certains ne le font pas" et d’autres "ont des réserves". Il met alors un point d’honneur avec son associé à apporter de la "confiance médicale". "On ne fait pas un LLM généraliste qui va prendre des informations sur tout le web, parce qu’il y a beaucoup de bêtises sur internet notamment sur la santé." MedGPT est entraîné avec des "sources médicales fiables et avec notre propre base de connaissances et de médicaments, agréée par la Haute Autorité de santé (HAS) qui s’appelle Thériaque [internes à Synapse Medicine, NDLR]".
Des données hébergées en France
Autre point essentiel à MedGPT : la souveraineté. "On parle d’IA en santé qui va recommander des prescriptions, recueillir de l’information, de l’usage... Sur ChatGPT, on donne toutes ces informations à Microsoft et aux États-Unis. On a voulu proposer une alternative française avec des données hébergées en France."
Le 16 septembre dernier, plus de 2 000 personnes ont utilisé l’outil dès le premier jour. "C’est un démarrage très fort", estime le Dr Létinier, avec fierté. Ce n’est pourtant pas la version finale de MedGPT qui est proposée. ""On est sur la phase bêta. On n’a pas encore de date pour la version finale, mais ça devrait être rapide. On attend les retours utilisateurs pour pouvoir améliorer l’outil", poursuit-il.
La plateforme est aujourd’hui en accès libre et gratuit sur internet. Des nouveautés devraient arriver prochainement avec notamment un système de comptes. "L’idée, c’est que tous les professionnels de santé puissent s’inscrire en indiquant leur RPPS. Ensuite, ils auront accès à plus de fonctionnalités, plus de questions, voire des questions illimitées." À l’heure actuelle, les utilisateurs sont limités à cinq questions par jour. Également, seul le texte est pris en charge par le moteur de recherche. "On ne peut pas encore charger d’imageries mais ça va arriver", promet le Dr Létinier.
MedGPT suit la même logique qu’OpenEvidence, un moteur de recherche américain utilisant l’IA qui est spécialisé dans les questions de santé, mais avec quelques différences. "Il faut bien avoir en tête qu’en Europe, on ne soigne pas de la même manière qu’aux États-Unis. Les recommandations, les médicaments ne sont pas les mêmes." Côté OpenEvidence, les sources se font davantage via les récentes publications et études scientifiques. "Avec MedGPT, on est avant tout sur des recommandations de sociétés savantes, de la HAS, et on complète par des articles."
80% de réponses justes au concours de l'internat
Une quinzaine de médecins et pharmaciens du groupe Synapse Medicine veillent à vérifier les recommandations, tester les réponses de MedGPT, rajouter de nouvelles sources… Pour tester les performances de MedGPT. Ses fondateurs lui ont fait passer l’épreuve écrite (sans les questions avec des images) des ECN de 2023. "On n’a pas la correction officielle de l’examen. Donc j’ai fait une notation stricte", explique le Dr Létinier. Ainsi, dans un QCM, si MedGPT oublie une réponse à une question, le résultat est 0. Dans la réalité, l’étudiant en médecine pourrait bénéficier de demi-points selon ses réponses. "On a obtenu 80 % de réponses justes avec MedGPT et 73 % avec ChatGPT. Ce sont de bons résultats."
Le Dr Létinier rappelle cependant que ces informations "restent l’avis d’une IA et qu’un professionnel de santé se doit de les vérifier. MedGPT est un outil pour aider, mais il ne va pas diagnostiquer ni soigner à la place du praticien." À chaque réponse donnée, MedGPT donne les sources à l’origine de sa réponse. "Sur les questions complexes où l’utilisateur peut se dire ‘je n’aurais pas répondu ça’, le conseil, c’est d’aller approfondir en allant voir la source."
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