Attaques contre le secteur 2 : les spécialistes de bloc menacent de quitter la France
Alors que les menaces envers le secteur 2 se font de plus en plus tangibles, plusieurs syndicats de spécialistes de bloc appellent à s'exiler trois jours en Belgique au mois de janvier. Objectif : créer "une situation sanitaire politiquement insupportable".
Un "nouveau déferlement d'attaques démagogiques". C'est ce à quoi se préparent les spécialistes de bloc avec la publication prochaine du rapport de la mission parlementaire sur les dépassements d'honoraires, qui avait été confiée par l'ancien Premier ministre François Bayrou aux députés Jean-François Rousset (Ensemble pour la République) et Yannick Monnet (Gauche démocrate et républicaine).
Cette publication interviendra dans le sillage du rapport du Haut Conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM), qui a récemment fait grand bruit. Dans ce document de plus de 100 pages, l'instance alerte sur la hausse du montant des dépassements d'honoraires – qui ont atteint 4,3 milliards d'euros en 2024 pour les médecins spécialistes. Une dynamique qui devrait se poursuivre à l'avenir compte tenu de l'attrait des nouveaux installés pour le secteur 2.
De quoi nourrir les discours anti-secteur 2, craignent les spécialistes de bloc. "Comme nous l'avions prévu, l'UFC-Que Choisir demande d'ores et déjà la bascule de l'ensemble des praticiens du secteur 2 vers le dispositif Optam, ainsi que la fermeture de l'accès au secteur 2 pour les jeunes installés", écrit l'Union des chirurgiens de France (UCDF) dans une lettre diffusée sur son site. Et de mettre en garde la profession : "S'il subsistait encore des doutes sur la gravité de la situation, ils sont désormais levés."
"La situation est claire : jamais les menaces sur le secteur 2 n'ont été aussi fortes", abonde le Syndicat national des gynécologues obstétriciens de France (Syngof) dans un billet adressé à ses adhérents. Et de citer les projets de loi en cours (PPL Garot, Mouiller, et prochainement le budget de la Sécurité sociale), "vecteurs législatifs pour supprimer ou contraindre le secteur 2" ; le non-respect des augmentations tarifaires prévues au 1er juillet qui a entraîné "l'échec de la mise en place de l'Optam ACO" ; ou encore le report de la réforme de la CCAM.
"Quel que soit le contexte (nomination d'un nouveau Premier ministre et d'un Gouvernement, dissolution de l’Assemblée…), avec ou sans les conclusions de la mission parlementaire sur les 'dépassements d’honoraires', l'avenir du secteur 2 demeure clairement à l'agenda de tous les partis politiques", prévient le Syngof. Et de rappeler que ces "compléments d'honoraires" sont aujourd'hui "nécessaires" pour les activités.
Plus de 80 bus affrétés pour un "exil" à Bruxelles en janvier
Dans ce contexte, les spécialistes de bloc ont décidé d'entamer "un rapport de force indiscutable et bien réel avec les pouvoirs publics", et ont lancé l'"opération Bruxelles". L'idée ? Arrêter toutes les activités au bloc et quitter la France en s'exilant à Bruxelles, du dimanche 11 au mercredi 14 janvier 2026. Une façon d'éviter les réquisitions éventuelles. Les plus de 3 000 anesthésistes, 16 000 chirurgiens à activité libérale, et 1 000 obstétriciens sont invités à rejoindre le mouvement, qui se veut massif, souligne le Syngof.
Objectif : "peser sur les décisions politiques" en créant une "situation sanitaire politiquement insupportable", "quel que soit le Gouvernement en place", avance l'UCDF, qui entend profiter de cette grève pour informer sur la situation du secteur 2 et expliquer "le scandale des complémentaires" aux médias. "Les choix politiques du futur Gouvernement et de l'Assemblée nationale se feront sous la contrainte et le risque sanitaire de l'exil à Bruxelles de plusieurs milliers de praticiens du bloc opératoire", menace le Syngof, déterminé à "défendre l'exercice libéral en secteur 2, dans l'intérêt de tous : praticiens et patients".
A la suite de la parution du rapport du HCAAM, "beaucoup se sont immédiatement inscrits à l'opération Bruxelles, témoignant d'une prise de conscience claire de la menace réelle et immédiate qui pèse sur le secteur 2", indique l'UCDF. Mais l'objectif des 3000 participants n'est pas encore atteint. Les syndicats à l'initiative de cet appel à la mobilisation ont ainsi repoussé le délai pour s'inscrire. Celui-ci est fixé au 18 octobre prochain.
"N'attendez pas les débats parlementaires et le vote du PLFSS 2026 : il sera alors trop tard pour agir", insiste l'Union des chirurgiens de France, qui a prévu "plus de 80 autocars" pour faire le déplacement dans la capitale européenne. Et de marteler : "les prochaines semaines seront décisives. L'engagement de chacun peut réellement peser." L'UCDF organise un webinaire ce mercredi 8 octobre à 19h pour répondre aux questions des médecins sur ce mouvement.
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