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"L'heure est grave pour la médecine libérale" : la CSMF appelle à une mobilisation "sans précédent"

Sur-cotisation des dépassements d'honoraires, baisses de tarifs imposées… Pour la CSMF, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2026 sonne la fin programmée de la médecine libérale. Le syndicat appelle à la mobilisation de l'ensemble des médecins et des étudiants.  

27/10/2025 Par Louise Claereboudt
PLFSS 2026
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"L'heure est grave pour la médecine libérale", sonne la CSMF, dans un communiqué de presse diffusé ce lundi, alors que démarre l'examen en commission du budget de la Sécurité sociale. "Le PLFSS 2026, tel qu'il est aujourd'hui conçu, accompagné des décisions récentes du directeur général de la Cnam, marque un tournant dramatique", alerte la confédération, faisant référence à la baisse des tarifs des radiologues, actée mi-octobre par Thomas Fatôme. "En reprenant la main sur la tarification, en contournant les négociations conventionnelles et en imposant des décisions unilatérales, le Gouvernement et la Cnam franchissent une ligne rouge", estime le syndicat, qui dénonce "une attaque frontale contre la médecine libérale, son indépendance et son modèle économique". 

La CSMF s'indigne d'abord du "coup porté" au secteur 2. Afin de "désinciter" à la pratique des dépassements d'honoraires qui ont progressé de 5 % par an depuis 2019, pour atteindre 4,3 milliards d'euros l'an dernier, le Gouvernement prévoit, dans son projet de loi, d'assujettir ces dépassements à une "sur-cotisation". "Ce dispositif introduit une insécurité économique pour les praticiens et risque de décourager l'exercice libéral, alors que la régulation des compléments d'honoraires doit rester du ressort du dialogue conventionnel", souligne le syndicat, qui réclame la "suppression pure et simple" de cet article. 

"En détruisant le secteur 2, on condamne la médecine libérale à l'asphyxie économique"

Depuis plusieurs semaines, l'étau se resserre sur un secteur 2 jugé trop attrayant et lucratif. Un rapport parlementaire, commandé par François Bayrou, préconise de les plafonner, voire de les supprimer "sur les actes importants pour la santé des Français". Le rapport rédigé par Jean-François Rousset et Yannick Monnet suggère également de rendre obligatoire l'Optam "pour toute nouvelle inscription en secteur 2", et d'instaurer des sanctions en cas de dépassements excessifs.

Pour la CSMF, ces "attaques" envers le secteur 2 sont synonymes d'un "coup d'arrêt net porté à l'accès aux soins de proximité", car les compléments d'honoraires sont aujourd'hui "indispensables à la survie" de l'exercice de nombreux médecins spécialistes, dont les actes n'ont pas été revalorisés "depuis le début des années 1990". "Plutôt que de corriger cette injustice, le Gouvernement choisit de les sanctionner. En détruisant le secteur 2, on condamne la médecine libérale à l'asphyxie économique", met en garde le syndicat, qui prédit des arrêts d'activité, des renoncements à l'installation, et des délais de rendez-vous toujours plus longs. 

"Nous ne voulons pas d'un système administré, étatisé, où les médecins deviennent de simples exécutants d'objectifs comptables"

D'autres articles du PLFSS "traduisent la dérive autoritaire et technocratique du système", souligne la CSMF. Et de regretter : "Au lieu de faire confiance aux médecins, on les met sous tutelle et on les menace de sanctions." Le syndicat cite notamment l'obligation – sous peine de sanctions financières – de l'alimentation et de la consultation du DMP ; la possibilité pour le directeur de l'Uncam de procéder à des baisses de tarifs "lorsqu'est documentée une rentabilité manifestement excessive au sein d'un secteur financé par des rémunérations négociées dans le champ conventionnel" ; ou encore le recouvrement des franchises médicales par les médecins. 

Le syndicat a proposé plusieurs amendements afin de "corriger" ces "dispositions inacceptables". Il appelle "solennellement" les parlementaires à revoir la copie du budget de la Sécurité sociale pour 2026 "avant qu'il ne soit trop tard". "S'ils laissent passer cette recentralisation autoritaire et punitive, ils porteront la responsabilité historique d'avoir tourné la page de la médecine de ville telle que nous la connaissons", fait savoir la CSMF. Et d'insister : "Nous ne voulons pas d'un système administré, étatisé, où les médecins deviennent de simples exécutants d'objectifs comptables. Nous voulons une médecine responsable, indépendante et accessible, fondée sur la confiance, la qualité et le respect du patient."

"Si ce texte n'est pas profondément amendé, nous pourrons dire adieu à la médecine libérale, et bonjour à un système de soins à deux vitesses et à des difficultés d'accès aux soins sans précédent", présage la Conf. Afin de défendre la médecine libérale – décrite comme "une chance pour la France" – la CSMF appelle "l'ensemble des médecins libéraux", "toutes spécialités confondues", et "tous les futurs médecins" à se mobiliser "massivement".  

1 débatteur en ligne1 en ligne
Photo de profil de VieuxDoc Attéré
3,5 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
C'est invraisemblable. Nous sommes en technocratie. C'est l'économie qui commande , pas les besoins de santé des bonnes gens. Au fait c'est quoi la mobilisation sans précédent ? On consulte en pyjama pour montrer à nos patients que nous ne voyons plus venir le jour dans nos cabinets obscurcis par la nuit sans fin des contraintes qui nous tombent dessus sans arrêt ? Woody Allen aurait dit : " la dictature c'est ferme ta bouche et la démocratie c'est cause toujours ". le curseur est entre les deux.
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712 points
Débatteur Passionné
Chirurgie orthopédique et traumatologie
il y a 2 mois
La CSMF est en grande partie responsable de la situation actuelle. L'avenant numéro 8 qui a crée l'OPTAM signé avec ce syndicat associé à un obscur syndicat censé représenter les chirurgiens gynécos et AR alors que dans le même temps Le BLOC était jugé non représentatif par les syndicats traditionnels. La non revalorisation de la CCAM tout cela a été accompagné par la signature de ce syndicat. Se réveiller aujourd'hui n'a de sens que si l'on propose une action forte tant pour les spécialités de plateau technique que pour les autres praticiens de ville en exigeant comme condition sinequanone que le coût des actes soit réellement établi et donné sans retard vu le nombre de fois que la décision de l'appliquer a été reporter. L'indexation de l'inflation pourrait se faire très simplement en la calequant sur l'augmentation des revenus des hauts fonctionnaires dont Monsieur Fantôme et ce à partir du moment que les actes en particulier chirurgicaux ont été bloqués à savoir 1995. En aucun cas les médecins n'ont à se réclamer d'une congrégation de moines ou nonnes mendiants, ni à se flageller car le fruit de leur travail ne saurait se limiter à un SMIC horaire charge à eux de cumuler les heures supplémentaires non indexées et tout aussi imposables. Alors j'attends les consignes concrètes de ce syndicat jusqu'à présent en collusion directe avec un organisme social qui est de moins en moins un partenaire conventionnel et de plus en plus un adversaire idéologique, politique et dont la vision relève du totalitarisme et de l'intégrisme le plus vil qui a conduit toutes les sociétés l'ayant subi à la faillite sans que ceux qui sur le terrain font leur métier ne soient la raison de cet échec.
Photo de profil de ROMAIN L
17,4 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 mois
Voilà ce qu'il va se passer : 1) Il n'y aura AUCUNE mobilisation, d'une part parce que les syndicats ont perdu toute crédibilité depuis bien longtemps, d'autre part parce que contrairement à ce que tout le monde pense les médecins ont une conscience professionnelle qui les empêche d'assumer le coût humain de la seule chose qui fonctionnerait : la grève générale. 2) La médecine libérale va continuer à crever en douceur et en silence. 3) La médecine à deux vitesses va naître. Il y aura d'un côté les (très) riches qui pourront se payer un médecin déconventionné ou un billet d'avion vers le tourisme médical, et de l'autre côté les pauvres qui iront papillonner entre pharmacies, dispensaires à IPA et urgences délabrées.
 
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