Age, projets, état de santé… Portrait-robot des médecins généralistes remplaçants en France
Une étude réalisée par deux médecins, et publiée dans la revue Santé publique, s'est intéressée au profil des généralistes remplaçants en France en 2022. Age moyen, sexe, charge de travail, état de santé… L'enquête, qui a réuni plus de 600 réponses, a décortiqué le travail et les aspirations de ces médecins.
Qui sont les généralistes remplaçants en France ? Comment exercent-ils ? Et quels sont leurs projets ? Ce sont les grandes questions auxquelles ont cherché à répondre deux médecins français dans une étude*, récemment parue dans la revue Santé publique. Alors que la part de médecins installés parmi ceux en activité diminuent selon le Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom), "celle des remplaçants augmente car cette activité serait de plus en plus plébiscitée par les jeunes médecins", expliquent les Drs Caroline Di Lorenzo-Kas et Yohann Vergès, respectivement membres des départements de médecine générale de l'université de Bordeaux et de l'université de Toulouse.
Au 1er janvier 2023 – année où à été menée cette enquête** -, le Cnom dénombrait 7 981 médecins généralistes remplaçants. Au total, ils sont 642 à avoir participé à cette étude ; 612 réponses ont finalement été retenues. Parmi eux, 72% étaient des femmes, l'âge moyen était de 33,9 ans et 75% avaient déjà soutenus leur thèse.
Il ressort d'abord que durant l'année 2022, 77% des remplaçants répondants avaient exercé exclusivement en libéral, 73% avaient effectué au moins un remplacement régulier – à répétition dans un ou plusieurs endroits identiques, indiquent les auteurs de l'étude.
Ces praticiens ont remplacé, en moyenne, 7 médecins par an, et travaillé près de 32 semaines dans l'année, ainsi que 6,8 demi-journées par semaine. Ils remplaçaient depuis 3,8 ans en moyenne, est-il également précisé. Par ailleurs, ces généralistes remplaçants ont indiqué avoir pris en moyenne 9 semaines de vacances durant l'année 2022. Pour les deux auteurs de l'étude, ces résultats confirment "une véritable place" des remplaçants "dans le système de santé et dans la continuité des soins par le nombre de jours et semaines travaillés, ainsi que de remplacements réguliers".
Comparant leurs résultats avec ceux obtenus par le syndicat Reagjir*** en 2015 dans son enquête Remplact 3, les Drs Di Lorenzo-Kas et Vergès indiquent que les médecins remplaçants travaillent de plus en plus : "32 semaines contre 26 en 2015", écrivent ils. "Ils ont également une activité plus régulière : 73% ont un remplacement régulier contre 34% en 2015. Les aspirations sont aussi différentes", avec 41% des répondants qui affirment ne pas vouloir s'installer en 2022 contre 21% en 2025. Mais, "de façon paradoxale, 15 % avaient un projet d'installation en cours contre 11% en 2015", nuancent les auteurs.
Concernant la permanence des soins ambulatoires, 44% des médecins interrogés ont affirmé y avoir participé. Ce chiffre était de 39,56% pour l'ensemble des généralistes exerçant en France en 2024, selon les dernières données de l'Ordre des médecins.
Horaires raisonnables, services publics…
Parmi les médecins interrogés, 59% indiquaient vouloir s'installer, dont 25% dans l'année à venir, et 32% dans un lieu où ils remplaçaient déjà, peut-on lire. Pour ces médecins, plusieurs critères sont déterminés dans le choix de leur lieu d'installation, à commencer par le fait de s'installer dans un cabinet de groupe ou une maison de santé pluridisciplinaire (MSP) et "d'avoir des horaires raisonnables". Ces principaux critères – cités par 75,5% des praticiens interrogés – s'explique notamment "par le fait que le cabinet de groupe apporte un certain confort et une souplesse à l'activité professionnelle", avancent les auteurs de l'étude. De plus, "73,4% trouvaient importante la présence de services publics sur le territoire. Pour 68,9%, le travail du ou de la conjointe était déterminant", précisent les Dre Di Lorenzo-Kas et Vergès, qui voient – au regard de ces résultats – le remplacement comme "un choix de vie, avec souvent une réduction du temps de travail pour laisser davantage de place à la vie personnelle, familiale et aux loisirs".
L'exercice pluriprofessionnel est plébiscité par une large part des remplaçants (90% des répondants), ainsi que la délégation des tâches à d'autres professionnels de santé puisque 54% des répondants y sont favorables.
Autre sujet abordé dans l'étude : la régulation de l'installation des praticiens, remise sur le devant de la scène ces derniers mois avec les propositions de loi Garot et Mouiller. 96% des remplaçants interrogés dans cette étude se disent contre la mise en place d'une telle coercition.
Un véritable "atout" pour le système de santé
Enfin, les deux auteurs de l'étude ont cherché à sonder la santé des médecins remplaçants exerçant en France. Leur état de santé global "était plutôt bon avec un ressenti à 7,6 sur 10 en moyenne, écrivent-ils. Mais leur santé psychique était plus précaire avec 68% exprimant une asthénie, 59% des troubles anxieux, 55% une démotivation au travail, 50% des troubles du sommeil et 47% une irritabilité."
Pour les auteurs de cette étude, il est donc "primordial de considérer" ces médecins "comme un atout". "Les activités des remplaçants étant interdépendantes de celles des installés. Il nous paraît essentiel de les prendre en compte afin d'améliorer leurs conditions de travail", concluent-ils. Pour eux, aucun doute : "Certes, le remplacement est un mode d’exercice qui prend de l’ampleur et attire, mais les médecins remplaçants d’aujourd’hui sont les médecins installés de demain si l’on en croit leurs souhaits rapportés d’installation."
*Di Lorenzo-Kas, C. et Vergès, Y. (2025). Démographie et activité de la population des médecins généralistes remplaçants en France en 2022. Santé Publique, . 37(2), 167-171. https://doi.org/10.3917/spub.252.0167
**Les résultats ont été récoltés entre le 3 janvier et le 7 mars 2023.
*** Le Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants (ReAGJIR).
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