Tuberculose : recherche vaccinale, où en est-on ?
Si les derniers chiffres d’incidence de la tuberculose en France témoignent d’une relative stabilité, les éventuels aléas de la dynamique épidémiologique justifient le travail entamé sur les recommandations de prise en charge et la recherche vaccinale.
À l’occasion de la Journée nationale de lutte contre la tuberculose 2025, le 28 mars, Santé publique France dévoilait les derniers chiffres d’incidence de la maladie, en fonction des cas déclarés – la tuberculose étant une maladie à déclaration obligatoire à chaque fois qu’un traitement antituberculeux est initié. "Une déclaration qui doit être assortie d’une notification au centre de lutte anti-tuberculose départemental (Clat, https://splf.fr/clat/), pour une enquête de l’entourage en cas de tuberculose potentiellement contagieuse, pulmonaire en particulier", rappelle le Pr François-Xavier Blanc, chef du service de pneumologie (Institut du thorax) du CHU de Nantes et secrétaire général du conseil scientifique de la Société de pneumologie de langue française.
Avec un total de 4 866 cas en 2023, le nombre de cas incidents de tuberculose rejoint son niveau prépandémique après trois ans de baisse (2020 à 2022). Santé publique France appelle toutefois à la vigilance pour les prochaines années, cette hausse relative devant rester ponctuelle et non pas être le reflet d’une intensification de la transmission du bacille tuberculeux… Les formes graves, méningées et miliaires, n’ont que très peu augmenté ainsi que les formes de tuberculose multirésistante. "Par ailleurs, l’incidence de la maladie chez les enfants n’a pas varié depuis quinze ans et la suspension de l’obligation vaccinale BCG, avec un nombre de formes graves stable, aux alentours d’une dizaine chaque année", relève-t-il. Les régions les plus affectées sont la Guyane (24 pour 100 000 habitants), l’Île-de-France (14,2/100 000) et Mayotte (12,8/100 000).
BCG encore inégalé
La vaccination par le BCG est aujourd’hui recommandée à partir de l’âge de 1 mois, idéalement au cours du deuxième mois, et jusqu’à l’âge de 15 ans pour tout enfant présentant un risque élevé de tuberculose, parce que particulièrement exposé aux bacilles (notamment né dans un pays fortement prévalent, ou un de ses parents, ou né dans une "région à risque" en France, d’autant plus volontiers s’il vit dans des conditions défavorables), l’objectif étant de protéger les jeunes enfants des formes graves, méningites et miliaires surtout.
Le BCG est cependant perfectible… Il protège, certes, des formes graves de l’enfant (possiblement mortelles), mais l’immunité antibacillaire s’amenuise au fil du temps, et une personne pourtant vaccinée dans l’enfance peut développer une tuberculose à l’âge adulte. Si le vaccin n’empêche pas la transmission, et donc l’infection, il évite les formes graves (13 en France en 2023, qui auraient pu être évitées si tous les enfants avaient être vaccinés). La question d’une revaccination pour certains individus considérés comme plus à risque reste débattue.
Autres pistes ?
Le BCG est l’unique vaccin antituberculeux actuellement disponible. "Un seul autre candidat vaccin est actuellement en phase III et n’a montré en phase II qu’une efficacité modeste, de 50 %, pour éviter le passage de l’infection à la maladie", rapporte le Pr Blanc. Enfin, des résultats très préliminaires d’un vaccin à ARN messager sur la souris viennent d’être publiés dans le Lancet. On est encore bien loin d’un développement chez l’homme.
De nouvelles recommandations "tuberculose" à venir
Coportées par la Société de pneumologie de langue française (SPLF) et la Société de pathologie infectieuse de langue française (Spilf), les nouvelles recommandations « tuberculose » en sont au stade de la formulation de propositions. Ces documents de travail sont susceptibles d’évoluer, puisqu’ils sont soumis à discussion lors de présentations orales en congrès : ils l’ont été lors du congrès de la SPLF en janvier 2025 et le seront à celui de la Spilf en juin prochain. Leur publication est attendue pour 2026.
Enquête de terrain :
L’enquête autour d’un cas contact se fait en deux étapes : on s’assure d’abord qu’il n’y ait pas de maladie tuberculeuse, par un examen clinique et une radiographie de thorax (la transmission étant aéroportée) dans la famille et à l’école. Puis on vérifie à deux mois de la période à risque que le proche a effectivement été au contact du bacille avec une intradermoréaction à la tuberculine ou une prise de sang pour un test Igra (où les lymphocytes de la personne contact reconnaissent ou non les antigènes spécifiques du bacille de Koch). En cas de transmission du bacille de Koch, 90% resteront asymptomatiques. Un traitement préventif allégé, de trois mois, réduit le risque de développer la maladie, le risque étant maximal dans les deux ans suivant contage et majoré par l’immunodépression. Ce risque pour le patient de passer d’un statut " infecté" à "malade" est au cœur du travail du Clat, le suivi (adaptation des doses des médicaments associés, surveillance hépatique, etc.) étant davantage du ressort du médecin traitant.
Au sommaire de ce dossier :
-Comment le Gouvernement veut améliorer la vaccination des seniors
-Vaccins anti-grippaux : la HAS recommande de privilégier Efluelda et Fluad chez les sujets âgés
-Infections à méningocoques : Renforcement des obligations et recommandations vaccinales
-HPV : un rattrapage vaccinal recommandé à tous jusqu’à 26 ans
-L'adhésion à la vaccination marquée par les inégalités sociales
-Femmes enceintes : la vaccination à la peine
-Chikungunya : restriction des recommandations vaccinales à La Réunion
-Démence : une étude suggère un rôle préventif du vaccin contre le zona
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