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L'adhésion à la vaccination marquée par les inégalités sociales

Loin des clichés sur une supposée flambée des "anti-vax", les études montrent que l’opposition à la vaccination reste minoritaire en France. L’adhésion et le taux de couverture vaccinales sont principalement fonction du niveau socio-économique et du niveau d’études des personnes, mais aussi de leur lieu de vie. Egora a interrogé Sophie Vaux, coordonnatrice de programme couverture vaccinale à la direction des maladies infectieuses de Santé publique France, et Oriane Nassany, chargée d’études scientifiques à la direction de la prévention et promotion de la santé de Santé publique France. 

22/05/2025 Par Muriel Pulicani
Vaccination
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Quels sont les principaux déterminants sociaux de la vaccination en France ? Dans quelle mesure les inégalités sociales influent-elles sur la couverture vaccinale ?

Sophie Vaux : Pour de nombreux vaccins, les personnes avec les plus bas revenus sont significativement moins souvent vaccinées que celles avec les revenus les plus élevés, selon les études menées par Santé publique France sur la vaccination contre la grippe chez les femmes enceintes ou chez les personnes de 65 ans ou plus, sur la vaccination contre la coqueluche des femmes deux mois après l’accouchement, ou sur la vaccination des jeunes filles contre les infections à papillomavirus humain (HPV). Nous avons également noté des différences de couverture vaccinale en fonction du niveau d’études, plus faible chez les personnes ayant fait le moins d’études, pour la vaccination des personnes âgées contre la grippe, la vaccination des jeunes filles contre les HPV et la vaccination des hommes de 18 à 35 ans contre la rougeole. La situation professionnelle peut également intervenir, ainsi que la nationalité ou le pays de naissance.

Enfin, il existe des différences territoriales marquées pour de très nombreuses vaccinations, avec des taux de couverture qui suivent souvent un axe Nord-Ouest/Sud-Est, les personnes étant globalement mieux vaccinées dans le quart Nord-Ouest. Ainsi que des différences importantes entre l’Hexagone et les départements d’outre-mer, où les couvertures vaccinales sont souvent basses.

La taille de l’unité urbaine de résidence joue également un rôle, notamment pour la vaccination contre la grippe chez les personnes âgées ou chez les femmes enceintes : celles-ci sont plus vaccinées dans les grandes agglomérations que dans les petites ou en milieu rural.

Les différences de couverture et d’adhésion vaccinales mettent en exergue les inégalités sociales et territoriales de santé. 

 

Quels peuvent être les principaux freins à la vaccination ?

S. V. : Les personnes non vaccinées ont été interrogées sur les raisons de leur non-vaccination dans plusieurs études. Pour la grippe chez les 65 ans ou plus, le vaccin est considéré comme non utile ou non nécessaire par 40 % des non-vaccinés, et comme induisant des effets indésirables pour 13 %. Environ 10 % des personnes ne se préoccupent pas de la grippe, et seules 5 à 6 % se déclarent opposées à cette vaccination. Les raisons varient en fonction du territoire : dans les Antilles, 20 % des personnes disent que la grippe ne les préoccupe pas, et 7 à 12% que ce n’est pas une maladie fréquente.

Pour la vaccination des adultes contre la rougeole, 30 % des répondants ne savaient pas qu’ils devaient être vaccinés, et près de 15% ont indiqué que leur médecin ne leur avait pas proposé la vaccination.

Pour la vaccination des jeunes filles contre les HPV, 20 % des parents considéraient que le vaccin présentait des effets indésirables et 10% déclaraient que le médecin n’avait pas proposé le vaccin, car celui-ci n’était pas utile (8 %).

Les freins financiers ne peuvent être exclus, de même qu’un renoncement aux soins ou des variables psychosociales. Les plus faibles couvertures vaccinales pourraient également être dues à un moindre suivi médical (difficulté d’accès aux soins…), un moindre accès à l’information, des difficultés à comprendre l’information, des barrières culturelles…

Globalement, l’opposition à la vaccination concerne moins de 5 % des personnes non vaccinées. 

 

S’agissant de l’hésitation vaccinale, la situation a-t-elle évolué ces dernières années ?

Oriane Nassany : L’édition 2023 du Baromètre de Santé publique France montre une stabilisation de l’adhésion vaccinale à un niveau élevé, avec 83,7 % des personnes interrogées en France hexagonale se déclarant « favorables ». La proportion de personnes se déclarant « très favorables » a augmenté, à 34,7 % (versus 30,9 % en 2022). L’adhésion reste moins élevée chez les personnes avec un niveau d’éducation et une situation financière plus faibles, et significativement inférieure chez les personnes vivant seules. 

 

Quel peut être le rôle du médecin généraliste pour améliorer la protection des plus fragiles ?

O. N. : Le médecin généraliste est un acteur clé pour proposer la vaccination, conseiller, informer, notamment lorsque les personnes sont hésitantes. La méthode de l’entretien motivationnel peut être très utile. Des outils sont proposés pour les aider, comme le calendrier des vaccinations sous format simplifié, les carnets de vaccination adolescents-adultes, les brochures « Repères pour votre pratique » et le site vaccination-info-service.fr.

 

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Claire FAUCHERY

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