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L’alimentation pendant la grossesse peut-elle prévenir les allergies de l’enfant ?

L’alimentation pendant la grossesse pourrait jouer un rôle dans la prévention des maladies allergiques de l’enfant. 

30/05/2025 Par Alexandra Verbecq
Nutrition Allergologie
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Souvent concomitantes, les allergies se manifestent parfois très précocement, dès le premier mois après la naissance. Liées au dysfonctionnement du système immunitaire, du microbiote et des barrières épithéliales, les pathologies allergiques mettent en cause des facteurs génétiques, environnementaux et des empreintes épigénétiques. « L’environnement conditionne la maturation de nos grands systèmes biologiques au cours des 1 000 jours de vie (depuis la conception) et nous rend plus ou moins susceptibles à développer des pathologies comme les allergies. L’alimentation pendant la grossesse est ainsi soit un facteur de risque, soit un facteur de protection, puisqu’elle va jouer sur de nombreux mécanismes de la femme en modifiant son microbiote, son système immunitaire et transférer des cellules immunes, des fragments bactériens et des métabolites au fœtus. Cela joue un rôle majeur sur l’éducation immune du fœtus », annonce Marie Bodinier, directrice de recherche Inrae, équipe allergie Nantes. Une étude (Bogaert, et al. Cell Host & Microbe 2023) a ainsi montré que 58,5 % du microbiote des nouveau-nés dérivent de la mère.

Les nutriments impactent le système immunitaire

Une équipe (Venter, et al. Allergy Asthma Immunol Res 2023) a étudié l’impact direct ou indirect des nutriments sur l’activation du système immunitaire. Les chercheurs ont défini un score inflammatoire pour 45 facteurs alimentaires, en fonction de leur effet pro- ou anti-inflammatoire, en mesurant la sécrétion de cytokines inflammatoires (IL-1β, IL-4, IL-6, TNFα) et de CRP. D’autres travaux ont établi un lien entre les scores inflammatoires de l’alimentation de la femme enceinte et la survenue d’allergies chez leurs enfants : une augmentation du risque d’asthme dans une étude ayant suivi 862 couples mère-enfant sur dix ans (Chen, et al. Am J Clin Nutr 2020) et une augmentation du risque d’allergie alimentaire dans celle ayant étudié 1 628 couples mère-enfant (YH Kim, et al. J Allergy Clin Immunol Pract 2019).

D’autres équipes (notamment Snelson, et al. Int J Mol Sci 2022) se sont intéressées à l’impact de l’alimentation de type « western diet » sur le risque allergique. « L’alimentation transformée, riche en graisse et en sucre, favorise la libération d’AGE (produits de glycation avancée très inflammatoires) créés lors de la réaction de Maillard. Les AGE se fixent sur plusieurs récepteurs à la surface des cellules épithéliales et intestinales, favorisant une modification de la barrière intestinale, l’entrée de bactéries et l’induction de l’inflammation. Mais surtout, stables et irréversibles, elles restent dans l’organisme et se fixent longtemps sur les récepteurs des cellules (rAGE), induisent du stress oxydatif, une activation de la voie NF-kB et la libération de cytokines inflammatoires. Les rAge se retrouvent sur de nombreuses cellules impliquées dans l’allergie comme les dendritiques mais aussi les neutrophiles, les éosinophiles et les basophiles. Ces récepteurs et ces molécules jouent ainsi un rôle majeur sur la réaction allergique », explique la chercheuse.

 

Intérêt de la vitamine D et des oméga 3

Pour Marie Bodinier, « À ce jour, il est difficile de définir des recommandations concernant le type de stratégie alimentaire à utiliser pour prévenir les allergies, car il manque des données principalement mécanistiques. Seules des études interventionnelles, réalisées pour la plupart avec de la vitamine D et des oméga 3, ont étudié le rôle du système immunitaire ». La vitamine D, dans le cadre d’une supplémentation des mères pendant la grossesse, a montré un effet protecteur contre l’asthme avec sifflements mais à des doses supérieures aux recommandations actuelles du programme national nutrition santé (PNNS). Concernant les oméga 3, une méta-analyse retrouve des effets bénéfiques dans le contexte de l’eczéma (Yin Jia, et al. BMC Pediatr 2022) et une autre (Jilei Lin, et al. J Matern Fetal Neonatal Med 2020) dans celui de l’asthme avec sifflements. Des travaux (Mendes, et al. Nutrition Reviews 2025) ont montré que ces acides gras poly-insaturés réduisent l’inflammation par différents mécanismes, notamment en diminuant les AGE, et par leur effet immunomodulateur sur différentes cellules pour conforter le système immunitaire. 

Références :

D’après la session « L’alimentation pendant la grossesse et l’allergie » lors du Congrès francophone d’allergologie (Paris, 15-18 avril).

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