Alimentation et RGO : de nombreuses idées reçues
Le reflux gastro-œsophagien (RGO) est physiologique. Toutefois, le sphincter œsophagien inférieur (SOI), système anti-reflux naturel, peut se laisser déborder ou une hernie hiatale s’installer.
« Par ailleurs, l’estomac de certains peut être plus sensible à l’acidité. Ou encore le surpoids (ou un fœtus) peut parfois projeter le SOI dans le thorax et faciliter le reflux », décrit Nathalie Negro, diététicienne-nutritionniste, responsable du centre nutritionnel des thermes de Brides-les-Bains.
Brûlure à nulle autre pareille
Particulièrement évocateurs d’un RGO, deux signes, le pyrosis, et, moins fréquent, la régurgitation acide. Le pyrosis étant défini par une sensation de brûlure à point de départ épigastrique (à mi-chemin entre l’ombilic et la pointe du sternum) qui irradie dans la poitrine. Cette douleur, et son caractère ascendant, ne ressemble à rien d’autre… « J’ai le cuisand », disent les Lorrains, et les gens du Nord : « J’ai la brûle. » Cette brûlure se termine parfois par une régurgitation acide ou plutôt amère, quand un peu de liquide gastrique revient dans l’arrière-gorge.
Les conseils de base ? Boire peu pendant les repas, ne manger ni trop chaud ni trop froid, bien mastiquer, sans télévision, fractionner les repas. Le fonctionnement de l’estomac doit être respecté : brassage des aliments qui sont portés à 37 °C dans la poche gastrique pour préparer la digestion. « Le stress ne crée pas d’ulcère, et intervient davantage sur l’intestin », observe Nathalie Negro. La sieste se fait en position semi-assise. Couché, on reste plus volontiers sur le côté gauche en raison de la configuration de l’estomac (la poche étant arrondie sur la gauche dans l’abdomen et donc moins sujette à reflux dans cette position). « On peut placer une cale sous le matelas à partir du milieu du dos », suggère-t-elle. Le sommeil doit être suffisant, à horaires réguliers, un sommeil perturbé étant à l’origine d’un stress qui pérennise une irritation si elle existe. La posture « penché en avant » au travail ou à l’occasion d’une activité physique doit être évitée, ainsi que le port de vêtements trop serrés à la taille. Comme, bien sûr, le tabagisme.
Fausses croyances alimentaires
Contrairement à une idée reçue, les aliments plus acides ne produisent pas plus de reflux, les agrumes ne doivent donc pas être écartés, les tomates et poivrons non plus. Ce sont davantage leurs fibres qui peuvent chahuter l’intestin et par ricochet l’estomac. En revanche, les jus sucrés et les boissons gazeuses (y compris l’eau) irritent la muqueuse œsophagienne, à l’instar du café et du thé. En outre, la caféine diminue le tonus du SOI et augmente la production de sucs gastriques. « Pour réduire la teneur en caféine (qui est le problème) du thé, on jette la première eau d’infusion ou on le laisse infuser longtemps pour que la caféine précipite avec les tanins », conseille Nathalie Negro. Dans le cacao du chocolat noir, la théobromine et la caféine sont responsables du moindre tonus du SOI et de l’allongement du temps passé à pH acide… Les boissons au cola conjuguent caféine et gaz carbonique. Les aliments gras (et pas forcément les fritures) diminuent le tonus du SOI et la vidange gastrique. Les boissons alcoolisées le réduisent aussi et élèvent la production acide, comme d’ailleurs le vinaigre, en raison de la présence d’alcool, ainsi que les condiments macérés au vinaigre. Enfin, les chewing-gums, qui produisent des ballonnements liés à l’absorption d’air, ou un excès de fibres (de crudités par exemple), irritent le tube digestif tout entier, estomac inclus.
Au sommaire :
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Au-delà des conseils alimentaires…
Les antiacides, des « tampons » bicarbonatés, suffisent si la douleur se manifeste moins d’une fois par semaine. Au-delà, ce sont les inhibiteurs de la pompe à protons qui peuvent être indiqués, sur une courte période, quatre semaines au plus avant une nouvelle réévaluation de leur intérêt, en raison de leurs effets indésirables (moindre absorption de la vitamine B12, risque d’ostéoporose, etc.).
Certaines circonstances imposent l’endoscopie. C’est le cas - même s’il y a des signes typiques - lorsque le patient est âgé de plus de 50 ans, ou en cas de présence d’un signe d’alarme (perte de poids, perte d’appétit, saignement digestif haut et/ou anémie), de résistance au traitement ou de récidive à l’arrêt de celui-ci. L’endoscopie permet alors de faire un diagnostic de certitude, d’une œsophagite par reflux, et d’écarter l’hypothèse d’un cancer (dont le RGO est effectivement un facteur de risque).
Références :
D’après un entretien avec Nathalie Negro, diététicienne-nutritionniste, responsable du centre nutritionnel des thermes de Brides-les-Bains.
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