endométriose

Endométriose : pas de régime miracle, mais une approche sur mesure

L’endométriose s’accompagne souvent de troubles digestifs et d’une inflammation de bas grade. L’alimentation, sans être thérapeutique, peut constituer un levier d’accompagnement pertinent, à condition d’être personnalisée et fondée sur des données scientifiques validées.

04/12/2025 Par Michèle Reboul
Gynécologie-Obstétrique Nutrition
endométriose

Maladie inflammatoire chronique, l’endométriose correspond à l’implantation ectopique de tissu endométrial fonctionnel en dehors de la cavité utérine : sur les ovaires, les trompes, la vessie, les intestins, voire plus loin dans certains cas. Sous l’influence hormonale cyclique, ces foyers endométriosiques subissent des modifications analogues à celles de l’endomètre, entraînant des saignements, une inflammation chronique, parfois des kystes, des adhérences, voire des troubles digestifs, urinaires ou une infertilité. "Il n’existe pas de traitement qui guérit l’endométriose. Mais certaines solutions peuvent aider : traitements hormonaux, anti-inflammatoires et analgésiques, neurostimulation transcutanée, chirurgie...", souligne Marie-Caroline Baraut, diététicienne-nutritionniste (Saint-Brieuc), fondatrice de l’association Gyn&Diets*. L’alimentation n’est pas un traitement de l’endométriose. "C’est un levier qui permet d’agir sur certains symptômes : troubles digestifs, fatigue, inflammation de bas grade, douleurs", précise-t-elle.

Les patientes atteintes d’endométriose présentent des profils cliniques hétérogènes. Certaines n’ont aucun trouble digestif associé ; d’autres ont des symptômes digestifs liés à des localisations endométriosiques (nodules, adhérences...). Chez d’autres encore, ces troubles sont indépendants de la maladie. Ils sont, par exemple, liés à un syndrome de l’intestin irritable. "Ces trois profils sont très différents. D’où la nécessité, d’une approche individualisée, sur mesure", affirme la diététicienne.

Le modèle méditerranéen, une base fiable

Quoi qu’il en soit, il n’existe pas de régime miracle pour les personnes souffrant d’endométriose. "La diète méditerranéenne est la seule à avoir démontré ses effets bénéfiques sur les pathologies inflammatoires. Ce modèle est riche en fibres, antioxydants, oméga 3 bénéfiques pour le microbiote, le système immunitaire et la régulation hormonale", rappelle la spécialiste. De fait, l’alimentation méditerranéenne privilégie les légumes, les fruits, les céréales complètes. Elle utilise des matières grasses de qualité (huile d’olive, oléagineux, poissons gras) ainsi que des aliments fermentés, peu transformés, souvent cuisinés maison. "C’est une alimentation qui ne crée pas de carences, ne favorise pas les restrictions excessives et n’induit pas de troubles des conduites alimentaires (TCA). Mais en cas de troubles digestifs, ce modèle doit être adapté. C’est là que le rôle du diététicien est essentiel : ajuster les apports en fibres et en Fodmap – ces sucres présents dans de nombreux aliments : blé, oignons, poireaux, pommes, produits laitiers... – pour ne pas aggraver les symptômes", indique Marie-Caroline Baraut.

Une approche nutritionnelle raisonnée et non restrictive

La diététicienne s’inquiète d’une dérive fréquente : "Beaucoup de patientes, faute de repères suppriment le gluten, les produits laitiers, parfois tout à la fois et se retrouvent carencées ou avec un TCA." Elle alerte : "Le gluten ou les produits laitiers ne sont pas à bannir. Les études ne montrent pas qu’ils aggravent l’endométriose." Seules certaines patientes peuvent bénéficier d’ajustements ciblés. "Concernant le gluten, certaines observent une amélioration de leurs symptômes digestifs lorsqu’elles le réduisent. Néanmoins, on ignore encore si le gluten lui-même est en cause ou si ce sont d’autres composés présents dans le blé, comme les fructanes (des sucres fermentescibles appartenant aux Fodmap). Par ailleurs, concernant le lait, c’est souvent le lactose qui pose problème. Or dans le yaourt par exemple, il est déjà partiellement digéré par les bactéries. La consommation de yaourt ou de fromage peut être tolérée", note-t-elle.

Un autre élément important concerne les Fodmap : chez les personnes sensibles, ils sont mal digérés et fermentent dans l’intestin, provoquant ballonnements, douleurs, modification du transit. "Le protocole Fodmap est temporaire : les aliments qui en contiennent sont d’abord exclus, puis réintroduits progressivement. Il est destiné à certaines patientes avec un syndrome de l’intestin irritable. Il ne traite pas l’endométriose mais peut soulager les troubles intestinaux associés", précise-t-elle.

Dernier point : les produits ultratransformés et sucres raffinés favorisent l’inflammation. "Mais on ne les interdit pas. Un peu de sucre ou de chocolat noir, riche en polyphénols, n’a rien de dramatique. Quant au café, il peut être consommé selon la tolérance de chacune", assure-t-elle. Enfin, l’alimentation ne suffit pas. La gestion du stress, le sommeil, l’activité physique jouent un rôle clé dans la régulation hormonale et l’inflammation liée à l’endométriose.

*Marie-Caroline Baraut est auteure de Endométriose & nutrition Comprendre, adapter, mieux vivre, aux éditions In Press. 

Références :

D’après un entretien avec Marie-Caroline Baraut, diététicienne-nutritionniste (Saint-Brieuc).

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