sarcopénie

La sarcopénie, aspect négligé de la prise en charge du patient âgé diabétique

Liée à un risque accru de mortalité, la perte de masse et de fonction musculaires est fréquente chez les personnes atteintes d’un diabète de type 2. Il apparait crucial de mieux la traiter, que ce soit par l’exercice physique, les apports protéinés ou le choix des antidiabétiques.

15/05/2025 Par Romain Loury
Congrès de la Société francophone du diabète (SFD) 2025
sarcopénie

Souvent concentrée sur le contrôle glycémique et la perte de poids, la prise en charge du diabète de type 2 (DT2) néglige souvent la préservation de la masse et de la fonction musculaires. Or, comme dans d’autres maladies chroniques, la sarcopénie est fréquente chez les diabétiques. Selon une méta-analyse publiée en 2022, elle concernerait autour de 18% des patients diabétiques (1).

« Ce chiffre peut être beaucoup plus élevé chez les patients âgés », rappelle le Pr Yves Boirie, chef du service de nutrition clinique du CHU de Clermont-Ferrand. L’âge, mais aussi le sexe masculin, un moins bon contrôle glycémique, la présence de graisse viscérale et un diabète plus ancien constitueraient des facteurs de risque de sarcopénie.

Si l’évaluation de la fonction musculaire est importante chez les diabétiques, c’est aussi parce qu’elle constitue un facteur de risque indépendant de mortalité : celle-ci « est multipliée quasiment par deux chez les patients qui présentent une perte de force, mais encore plus de masse musculaire (2). D’où la nécessité d’intégrer la fonction musculaire dans nos examens cliniques », ajoute Yves Boirie.

Publiées en 2019, des recommandations européennes sur la sarcopénie proposent un algorithme diagnostique (3). En premier lieu, il s’agit d’évaluer la force musculaire par des tests simples, tels que celui de la force de préhension manuelle et celui du ‘lever de chaise’, qui permettent de déterminer la présence d’une sarcopénie probable. Celle-ci peut ensuite être quantifiée par divers outils, tels que l’impédancemétrie ou le scanner Dexa.

Les trois piliers de la prise en charge

Chez le patient diabétique, la prise en charge de la sarcopénie repose sur trois piliers : la nutrition, l’exercice physique et le traitement médicamenteux. Pour la première, il s’agit notamment d’améliorer les apports en protéines alimentaires : « le type et la source de protéines constituent un aspect important, mais le moment de la journée où on consomme des protéines pourrait aussi influer sur la synthèse des protéines musculaires », indique Yves Boirie.

Lors d’une étude publiée en 2017, le chercheur et ses collègues ont ainsi montré que l’enrichissement protéique du petit déjeuner, repas le moins protéiné de la journée, serait particulièrement efficace, avec un gain de 0,3 kg de la masse maigre au niveau des jambes après six semaines d’une complémentation à base de protéines de lactosérum et de vitamine D (4). De même, recourir à un apport protéiné après avoir effectué des exercices physiques de résistance permettrait d’accroître la synthèse de protéines musculaires.

Quant aux traitements antidiabétiques, tous ne se valent pas en termes de gains musculaires. Si les effets de la metformine et des inhibiteurs du SGLT2 font débat, les glinides et les sulfonylurées pourraient avoir un effet légèrement délétère sur la masse et la fonction musculaires. A l’inverse, l’insuline, hormone aux effets anabolisants, ainsi que les agonistes du récepteur du GLP1 et les inhibiteurs du DPP4, auraient des effets favorables.

A une nuance près : la perte rapide de poids engendrée par les arGLP1, qui touche en premier lieu la masse grasse, pourrait aussi engendrer une perte de masse maigre, notamment au niveau des muscles. Raison pour laquelle il est recommandé, selon Yves Boirie, de pratiquer un exercice physique lors de la prise de tels traitements, afin de prévenir la fonte musculaire.

 

Références :

Congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD) (Paris, 1-4 avril 2025). D’après la session « Acides aminés, protéines et diabète ».

Références :

  1. Feng L et al., Journal of Clinical Endocrinology & Metabolism, 19 avril 2022
  2. Benz E et al., JAMA Network Open, 4 mars 2024
  3. Cruz-Jentoft AJ et al., Age and Ageing, 1er janvier 2019
  4. Chanet A et al., Journal of Nutrition, 23 août 2017

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Claire FAUCHERY

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 7 mois
C'est très louable de s'inquiéter de la sarcopénie des patients diabétiques. Mais ce serait très bien aussi de s'y intéresser dans la population âgée même non malade. Les épreuves simples sont sans doute utiles mais si l'impédancemétrie est fiable, le scanner comparatif des cuisses par exemple d'un sujet jeune et d'un sujet âgé est particulièrement spectaculaire. Les conseils diététiques et la lutte (dès le plus jeune âge) contre la sédentarité seraient une prévention efficace et notamment contre les chutes.
 
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