
Diabète et hypercholestérolémie familiale, dangereux cocktail cardiovasculaire
Si l’hypercholestérolémie familiale est liée à un moindre risque de diabète de type 2, les patients atteints des deux maladies présentent un risque cardiovasculaire très élevé.

L’hypercholestérolémie familiale (HF) se caractérise par un excès plasmatique de LDL-cholestérol (Low-Density Lipoprotein, ou ‘mauvais cholestérol’) par défaut d’absorption de ces lipides par le foie, et toucherait environ 250 000 Français. Maladie monogénique la plus fréquente, elle est dite ‘dominante’ : une seule copie mutée, parmi les deux que compte chaque individu, d’un des gènes impliqués dans l’HF suffit à entraîner la maladie.
Rarement dépistée, donc peu traitée, l’HF est liée à une forte élévation du risque cardiovasculaire, rappelle Cédric Le May, chercheur à l’Institut du Thorax (Nantes, Inserm/CNRS) : « l’exposition au LDL-cholestérol entraîne la formation de plaques d’athérosclérose. Chez les patients sains, ce phénomène survient vers 55 ans, âge auquel surviennent de premières complications cardiovasculaires. Chez les hétérozygotes [porteurs d’une seule copie mutée d’un gène impliqué dans l’HF], les concentrations de LDL-cholestérol sont plus élevées, et ces accidents surviennent vers la trentaine. Chez les homozygotes [porteurs de deux copies mutées], ils arrivent au cours de l’enfance ou de l’adolescence ».
Un moindre risque de DT2
L’HF entretient des relations complexes avec le diabète de type 2 (DT2). Si l’exposition au LDL-cholestérol est toxique pour les cellules bêta du pancréas, le blocage de son absorption cellulaire, chez les patients atteints d’HF, semble lié à un effet protecteur vis-à-vis du DT2. Lors d’une grande étude néerlandaise publiée en 2015, l’HF a été associée à une baisse de 51% du risque de DT2 (1). A l’inverse, des mutations génétiques aux effets hypolipémiants ont été liées à un surrisque de DT2, ainsi que la prise de statines (+10% pour des doses faibles à modérées, +36% pour des doses élevées) (2) (3).
Qu’en est-il des patients atteints de HF qui, malgré ce sous-risque, développent un DT2 ? Selon une récente étude franco-canadienne, l’association des deux maladies est liée à un très fort risque cardiovasculaire : sur dix ans, la probabilité d’accident cardiovasculaire s’élève à 30,8% chez les diabétiques atteints de HF, contre 15,9% chez les diabétiques non-FH et 14,8% chez les hypercholestérolémiques non diabétiques (4). Selon Cédric Le May, « il est nécessaire chez ces patients de mener des interventions pharmacologiques extrêmement puissantes » en vue d’une LDL-cholestérolémie inférieure à 55 mg/dL, objectif fixé par l’European Society of Cardiology (ESC) pour les diabétiques à très haut risque cardiovasculaire.
Au sommaire :
- Diabète de type 2 : quand recommandations et remboursement se contredisent
- Diabète de type 1 : le dépistage précoce prend son envol
- DT1 : la boucle fermée demeure efficace à deux ans
- Diabète gestationnel : de l’importance d’un suivi au long court
- La sarcopénie, aspect négligé de la prise en charge du patient âgé diabétique
Références :
Congrès annuel de la Société francophone du diabète (SFD) (Paris, 1-4 avril 2025). D’après la session « Les lipides : comprendre pour traiter ? ».
Références :
- Besseling J et al., JAMA, 10 mars 2015
- Lotta LA et al., JAMA, 4 octobre 2016
- Reith C et al., Lancet Diabetes & Endocrinology, 27 mars 2024
Paquette M et al., Arteriosclerosis, Thrombosis and Vascular Biology, 30 novembre 2023
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