Diabète gestationnel : de l’importance d’un suivi au long court
Chez la femme enceinte, le diabète gestationnel décuple le risque ultérieur de diabète de type 2. Pourtant, le suivi de ces femmes demeure insuffisant, ont constaté des experts lors du congrès de la SFD.
Les femmes ayant connu un diabète gestationnel sont dix fois plus à risque de développer un diabète de type 2 (DT2), mais aussi quatre fois plus à risque de connaître un syndrome métabolique, et 70% plus à risque de maladie cardiovasculaire. Au-delà de la grossesse, un suivi au long cours est donc essentiel, ainsi qu’une incitation à l’activité physique et à l’équilibre nutritionnel.
Publiées en 2010, les recommandations du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et de la SFD sur le diabète gestationnel préconisent un dépistage du DT2 lors de la consultation postnatale et avant toute nouvelle grossesse, mais aussi de manière régulière, à raison d’une fois tous les un à trois ans (selon les facteurs de risque) pendant une durée de 25 ans.
Or selon les experts, le suivi de ces femmes laisse fortement à désirer. Selon la Pre Anne Vambergue, du service d’endocrinologie, diabétologie, maladies métaboliques et nutrition du CHU de Lille, il « doit passer par le médecin généraliste. Le problème, c’est que les généralistes n’ont pas forcément vu ces patientes pendant la grossesse, et qu’ils n’ont pas toujours reçu l’information puisqu’elles ont été suivies à l’hôpital. De plus, ces femmes s’empressent souvent d’oublier qu’elles ont connu un diabète gestationnel ».
Autre intérêt de ce suivi, la santé de l’enfant. Chez ceux exposés in utero, le risque est nettement accru d’être atteint de surpoids ou d’obésité durant l’enfance. En vigueur depuis le 1er janvier, la nouvelle version du carnet de santé de l’enfant prévoit pour la première fois la possibilité de mentionner un antécédent maternel ou paternel de diabète -sans toutefois préciser s’il est gestationnel, de type 1 ou de type 2. « Les pédiatres ont œuvré en faveur de cette inscription au carnet de santé », note Anne Vambergue.
Le boom du diabète gestationnel
Les recommandations CNGOF/SFD sur le diabète gestationnel devraient prochainement faire l’objet d’une révision, en vue d’une publication « probablement dans deux ans », avance le Pr Emmanuel Cosson, chef du service d’endocrinologie, diabétologie, maladies métaboliques de l’hôpital Avicenne (Bobigny, Seine-Saint-Denis). Parmi les points critiques, celui du dépistage précoce.
Recommandé depuis 2010, le dosage de la glycémie à jeun en début de grossesse, qui précède celui à 22-24 semaines d’aménorrhée (SA) par HGPO (hyperglycémie provoquée par voie orale), pourrait avoir contribué à une explosion des diagnostics. De 7,5% en 2012, la prévalence de diabète gestationnel a atteint 16,9% en 2021, selon les chiffres de Santé publique France (SPF) cités par Emmanuel Cosson.
Selon les recommandations de 2010, le dépistage du diabète gestationnel doit être réservé aux femmes présentant des facteurs de risque, tels qu’âge supérieur à 35 ans, surpoids/obésité, antécédent de diabète gestationnel et antécédent familial de diabète. Or celui pratiqué en début de grossesse (avant 15 SA) était pratiqué chez 74,1% des femmes enceintes en 2021, soit +62% en dix ans. Depuis 2012, le nombre de diabètes gestationnels diagnostiqués en début de grossesse a quadruplé.
Vers un dépistage précoce resserré ?
« Trois facteurs principaux permettent d’expliquer la hausse de prévalence du diabète gestationnel : d’une part, des grossesses plus tardives ; d’autre part, une augmentation de l’IMC; enfin, la mise en place du dépistage en début de grossesse », explique Emmanuel Cosson. « La charge des soignants a énormément augmenté, il faut peut-être agir différemment. Est-ce que cela est utile de traiter autant de femmes, faut-il mieux les sélectionner ? », s’interroge-t-il.
« L’idée serait de n’effectuer de dépistage précoce que chez les femmes chez qui ce serait vraiment utile, celles vraiment à risque de diabète gestationnel », poursuit le diabétologue. « Sa détection a en particulier connu une très forte augmentation chez les femmes de 20 ans, qui ne sont pas du tout à risque de complications. C’est dans cette population qu’il faut faire baisser la charge du dépistage ». Parmi les pistes envisagées afin d’affiner le dépistage précoce, la possibilité de rehausser les seuils de définition de l’hyperglycémie, ainsi qu’une réflexion quant au recours à la glycémie à jeun et/ou à l’HGPO.
Au sommaire:
- Diabète de type 2 : quand recommandations et remboursement se contredisent
- Diabète de type 1 : le dépistage précoce prend son envol
- DT1 : la boucle fermée demeure efficace à deux ans
- La sarcopénie, aspect négligé de la prise en charge du patient âgé diabétique
- Diabète et hypercholestérolémie familiale, dangereux cocktail cardiovasculaire
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