2000 candidats de plus en 2026 : les doyens alertent sur le "challenge" des prochains Ecos
La Conférence nationale des doyennes et des doyens de médecine a tenu, ce mercredi 8 octobre, son point presse de rentrée. Pour l'instance, cette année est marquée par une organisation particulièrement complexe des Ecos.
Alors que la réforme du deuxième cycle des études de médecine (R2C) entre dans sa troisième année de mise en œuvre, une vigilance particulière doit être portée sur les Ecos. C'est l'une des trois alertes lancées, ce mercredi 8 octobre, par la présidente de la Conférence nationale des doyennes et des doyens de médecine. "On n'a pas eu de problèmes majeurs" sur ces épreuves orales en 2025, mais "on attire vraiment l'attention […] sur les Ecos 2026", a indiqué la Pre Isabelle Laffont, à l'occasion d'un point presse de rentrée.
Pour cause : près de 11 500 étudiants en médecine devraient se frotter à ces épreuves au printemps. C'est 2 000 de plus que lors de l'édition précédente. "C'est un challenge", reconnaît la Pre Laffont.
Autre difficulté : l'évaluation des carabins ultramarins, qui sont les premières promotions à avoir pu réaliser leur externat en dehors de l'Hexagone. Pour intégrer ces étudiants, les Ecos devront donc être synchronisés sur plusieurs fuseaux horaires et probablement sur "plus de jours" que les années précédentes, a glissé le Pr Marc Humbert, vice-président de la Conférence. Un véritable défi logistique.
Pour l'heure, tout a été prévu pour que les carabins d'Outre-mer puissent passer les Ecos dans leur territoire "dans de bonnes conditions", a confirmé Isabelle Laffont. La doyenne de la faculté de médecine de Montpellier-Nîmes a toutefois précisé que de récentes discussions ont mis en avant de possibles difficultés pour organiser ces examens en mai en Guadeloupe. "Il y a une discussion sur un déplacement des Ecos et un changement de date", a glissé la présidente, sans donner plus de précisions.
Face à "une année de tous les dangers pour les Ecos", les doyens appellent donc à "simplifier" ces épreuves, a affirmé Isabelle Laffont, rappelant une position déjà portée en mai dernier par la Conférence. Différentes options sont possibles, comme le fait de réduire le nombre de stations passées par les étudiants - actuellement de 10 – ou le nombre d'évaluateurs présents pour chaque station. Or, pour trancher, "on a besoin des données des Ecos issues des deux dernières années d'expérience", abonde la présidente. "Pour l'instant, on n'a pas accès à ces données […] C'est le CNG [Centre national de gestion, NDLR] qui en dispose. Mais c'est compliqué de les récupérer pour des questions de conventionnement et de financement."
De plus, la représentante des doyennes et doyens de médecine a appelé à "sécuriser" les Ecos. "On s'est [par exemple] rendu compte sur l'année 2024 qu'on pouvait noter les étudiants, sans trop changer les résultats de leurs classements, même s'il manque une, deux, voire trois stations", a détaillé la Pre Laffont. "On peut [donc] quand même calculer les notes des étudiants", même s'il y a eu un souci dans une à trois stations. "Faire passer [cette possibilité] dans un arrêté permettrait de se sécuriser", a-t-elle assuré.
"Tolérance zéro" sur le bizutage
La seconde alerte avancée ce mercredi porte sur l'universitarisation des professions de santé, en particulier la réforme de la formation infirmière. "Cette mesure, sur le fond, est vertueuse", a estimé la doyenne. "La difficulté est que cette mesure est, à notre sens, rapide, puisqu'elle est prévue pour 2026, sous-financée et pose des problèmes techniques concrets", a-t-elle ajouté, pointant notamment des questions sur la gouvernance, d'organisation et sur le projet pédagogique derrière cette universitarisation. "On est un peu inquiets d'un sous-financement de cette réforme."
Enfin, la dernière alerte porte sur le bizutage en études de médecine. Alors qu'une enquête a été ouverte après l'hospitalisation fin septembre de trois étudiants en deuxième année de médecine suite à un bizutage, la Conférence des doyennes et des doyens a tenu à rappeler la "tolérance zéro" de l'institution vis-à-vis de ce sujet. "On a des mesures de prévention qui sont extrêmement importantes, et qui sont menées dans toutes les UFR françaises avec [notamment] des amphis de rentrée durant lesquels on informe les étudiants", ainsi qu'une "surveillance de tous les événements de rentrée d'intégration", a rappelé Isabelle Laffont. "On a un mot d'ordre : c'est que tout dérapage entraîne un signalement au procureur de la République", et qu'il y a une "activation de la section disciplinaire systématique s'il y a des bizutages qui sont avérés", a insisté la doyenne.
Les grands enjeux de l'année 2025-2026 :
Ce mercredi 8 octobre, à l'occasion de son point presse de rentrée, la Conférence nationale des doyennes et des doyens de médecine a détaillé ses grands enjeux pour l'année universitaire 2025-2026. Le premier concerne "le soutien que l'on doit apporter au modèle hospitalo-universitaire", a indiqué la Pre Isabelle Laffont, présidente de l'organisation. "Cela passe par l'attractivité des carrières", en particulier pour les jeunes qui "sont ceux que l'on [doit] accompagner sur cette trajectoire".
Autre enjeu : les déserts médicaux. "C'est un vrai sujet dont les facs s'emparent", a assuré la cheffe de file des doyens, insistant sur l'importance de réfléchir au nombre de médecins nécessaires dans les prochaines années, ainsi qu'aux méthodes à mettre en place pour les diriger "aux bons endroits".
L'universitarisation des professions de santé est aussi un enjeu pour la Conférence des doyennes et des doyens, tout comme la mise en œuvre de la quatrième année d'internat de médecine générale. Les doyens ont ainsi rappelé leur réticence à ce que les futurs docteurs juniors ambulatoires aient une part de rémunération à l'activité "pour des raisons éthiques et d'inégalités entre les internes" des différentes spécialités, a justifié Isabelle Laffont.
La sélection de la rédaction
Comptez vous fermer vos cabinets entre le 5 et le 15 janvier?
Claire FAUCHERY
Oui
Oui et il nous faut un mouvement fort, restons unis pour l'avenir de la profession, le devenir des plus jeunes qui ne s'installero... Lire plus