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Un médecin lance une plateforme gratuite pour s'entraîner aux Ecos : "Grâce à l’IA, les étudiants discutent avec un patient virtuel"

Le 14 juillet dernier, le New England Journal of Medicine AI publiait une étude sur une plateforme française DocSimulator. L’outil permet aux étudiants de se préparer aux Examens cliniques objectifs et structurés (Ecos) grâce à des simulations de cas pratiques générés grâce à l’intelligence artificielle (IA). 

07/10/2025 Par Mathilde Gendron
Santé numérique Internat Externat
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Pour la première fois, en juillet dernier, une équipe française a publié une étude dans The New England Journal of Medicine AI. Il s’agit de l’équipe du Dr Kévin Yauy, médecin généticien et maître de conférences à l’université de Montpellier. Tout commence par la mise en place des Ecos, instaurés par la réforme du deuxième cycle (R2C) des études de médecine. Cet examen vise à "évaluer les compétences des étudiants à travers des simulations", indique le Dr Yauy. La première édition avait lieu les 28 et 29 mai 2024. 

Le généticien se souvient qu’avant la date fatidique, les étudiants étaient très inquiets à l’idée de passer ce nouvel examen. Le Dr Yauy veut les aider sur cette épreuve qui est, pour lui, "pédagogiquement fantastique". "A l’ère de l’IA, il faut qu’on les évalue et qu’on les forme sur les compétences parce que les connaissances sont tellement accessibles aujourd’hui." Selon lui, les étudiants ont besoin de "suffisamment d’entraînements". Mais ces "simulations sont extrêmement difficiles à mettre en place d’un point de vue logistique", confie-t-il. Il faut prévoir une salle, des acteurs pour jouer les "faux patients" et des médecins pour évaluer.

Or, le Dr Yauy a une autre corde à son arc, il est également docteur en IA et responsable du laboratoire d’IA générative au CHU de Montpellier. "Pendant toute une nuit, j’ai codé dans mon coin une petite application qui n’était au début pas grand-chose mais qui a eu pas mal de succès auprès de mes étudiants." Convaincu du projet, l’université de Montpellier décide de le soutenir. Il est également accompagné pour le développement par Compuute.io, un industriel. 

Des cas virtuels 

Ensemble, ils mettent en place DocSimulator, une plateforme universitaire qui propose plusieurs scénarios de simulations. "Elle prend automatiquement le contenu des facultés, les cas générés par les professeurs et à partir de ça, elle va générer des cas virtuels sur lesquels les étudiants vont s’entraîner en discutant avec le patient comme ils le feraient dans la vraie vie." L’objectif est de s’approcher au plus près de l’examen final, mais à partir d’une simple plateforme sans bouger de sa chaise. 

DocSimulator est depuis utilisé par 98 % des étudiants de la faculté de médecine de Montpellier. Pour utiliser la plateforme, ils ont uniquement besoin de leur compte universitaire. Après s’être connectés, ils ont accès à une cinquantaine de scénarios. "Cette année, nous avons mis en place un examen blanc toutes les semaines, ce qui serait impossible à faire en présentiel. Ils vont donc pouvoir s’entraîner, avoir un classement, pouvoir se situer."

L’important, c’est que les enseignants restent maîtres de ce qu’on attend comme compétences

Deux modes sont disponibles : le mode entraînement qui permet de s’exercer avec un chronomètre ; et un mode évaluation, avec un temps prédéfini de 12 minutes maximum. Pendant ce temps, un scénario s’affiche sur l’écran. Par exemple : "Je reçois une patiente de 42 ans qui vient parce qu’à la visite de la médecine du travail, elle avait une tension artérielle haute. Cette dame a depuis réalisé une auto mesure chez elle pour voir si ce n’était pas un effet ‘blouse blanche’." La simulation commence, l’étudiant a accès au dossier médical de cette patiente. Il peut consulter les résultats et observer qu’elle a bien une tension anormalement haute trois jours d’affilée matin midi et soir. 

 

Il peut commencer à converser avec elle en lui disant : "Je me présente, je suis le Dr X, dites-moi ce qui vous amène." L’avatar de la patiente répond : "Je viens parce qu’on m’a demandé de faire ces tests à la maison pour savoir si j’ai de l’hypertension." L’étudiant doit ensuite l’accompagner pour lui annoncer la probable hypertension, lui parler des examens à réaliser, explorer le suivi et répondre à ses questions. À la fin, il conclut la simulation et appuie sur le bouton "évaluer". L’IA évalue alors la consultation et fait un retour sur ce qui a été bien fait et ce qu’il faudrait améliorer. "Les étudiants obtiennent une évaluation en lien avec les critères que les enseignants de l’université auront déterminés. L’important, c’est que les enseignants restent maîtres de ce qu’on attend comme compétences", explique Kévin Yauy.

Pour prouver l’efficacité de la plateforme, le Dr Yauy a réalisé une étude randomisée sur 247 étudiants. C’est cette étude qui a été publiée dans The New England Journal of Medicine AI. "Aux Ecos facultaires, les étudiants qui ont eu accès à la plateforme ont eu de meilleurs résultats. Ils se sentaient aussi en meilleure santé mentale, moins stressés", indique-t-il. Les étudiants sont, eux, "ravis parce qu’ils n’ont jamais de retour sur leurs entraînements, sur ce qu’ils ont bien fait et sur ce qu’ils peuvent améliorer". 

Cette étude publiée à l’internationale a permis au Dr Yauy de faire connaître DocSimulator à travers le monde. Des universités des États-Unis, de Suisse, du Canada, d’Inde ou du Kenya l’ont d’ailleurs déjà contacté. Pour l’heure, la plateforme est utilisée dans six universités françaises (Montpellier-Nîmes, Brest, Nancy, Saint-Étienne, Limoges et Reims). "Chaque université crée ses scénarios. Mon objectif c’est de faire en sorte que les universités collaborent pour que les étudiants aient encore plus de cas cliniques pour s’entraîner."

Aujourd’hui, la plateforme est entièrement prise en charge par les universités : "Ça me rendrait triste si on en venait à ce que ce soit les étudiants qui financent. Le but, c’est qu’ils puissent en bénéficier gratuitement comme c’est le cas actuellement à l’université de Montpellier."

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Claire FAUCHERY

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Photo de profil de Anne Lep
76 points
Médecine d’urgence
il y a 2 mois
Géniale application de l’IA dans l’enseignement ! Hate de voir la déclinaison pour les medecins en activité. Merci du partage
 
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