Cadeaux offerts par les laboratoires Urgo : l'ancienne ministre Agnès Firmin Le Bodo condamnée
L'ancienne ministre de la Santé et pharmacienne de profession, Agnès Firmin Le Bodo, a été condamnée le 14 octobre à 8 000 euros d'amende pour ses liens avec les laboratoires Urgo. La députée a reconnu les faits.
Alors qu'elle avait initialement contesté tout "conflit d'intérêts" ou "avantage en nature", Agnès Firmin Le Bodo a reconnu avoir reçu des cadeaux des laboratoires Urgo. L'ancienne ministre de la Santé, et pharmacienne de profession, a été condamnée le 14 octobre à 8 000 euros d'amende – dont une partie assortie d'un sursis – par le tribunal judiciaire du Havre (Seine-Maritime), révèle Mediapart ce jeudi. Cette décision est passée presque inaperçue, car elle a été rendue dans le cadre d'une procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC), sorte de plaider-coupable à la française, notent nos confrères.
En décembre 2023, ces derniers révélaient qu'Agnès Firmin Le Bodo était visée par une enquête de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) de Normandie pour avoir illégalement reçu de 2015 à 2020 des cadeaux des laboratoires Urgo. Champagnes, iPhones, montres de luxe, coffrets Relais & Châteaux, téléviseur… D'après les éléments de l'enquête, la députée - propriétaire d'une officine au Havre - aurait reçu pour plus de 20 000 euros de cadeaux, y compris après son entrée à l'Assemblée nationale en juin 2017.
Les cadeaux confisqués
Une pratique contraire aux règles du dispositif "anti-cadeaux" auxquelles sont astreints les professionnels de santé depuis 1993 ; les pharmaciens ne peuvent ainsi recevoir des avantages de la part des industriels de la santé, pour n'être pas influencés dans leurs recommandations, rappelle Mediapart.
L'enquête visant Agnès Firmin Le Bodo faisait suite à la condamnation en janvier 2023 des laboratoires Urgo à une amende de 1 125 000 euros pour cette politique de cadeaux (chiffrée à 55 millions d'euros en tout), qui visait à garantir une mise en avant de leurs produits dans les officines et le renoncement aux remises commerciales par les pharmaciens.
En décembre 2023, Agnès Firmin Le Bodo, tout juste nommée au ministère de la Santé en remplacement d'Aurélien Rousseau, avait nié les accusations contre elle, qualifiant les cadeaux reçus de "négociations commerciales", souligne Mediapart. Réélue en juillet dernier à l'Assemblée nationale, la pharmacienne a reconnu ses liens avec les laboratoires Urgo, comme une vingtaine d'autres pharmaciens de son département. En plus de l'amende de 8 000 euros, la députée s'est vue retirée les cadeaux reçus.
[avec Mediapart]
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