Crédit photo : Louise Claereboudt
Acclamée par les infirmières, attendue au tournant par les médecins libéraux : Stéphanie Rist prend la tête du ministère de la Santé
La nomination, dimanche soir, de la rhumatologue au poste de ministre de la Santé, des Familles, de l’Autonomie et des Personnes handicapées a été accueillie chaleureusement par les représentants des infirmières, qui saluent son combat pour la pratique avancée et l'accès direct aux paramédicaux. Du côté des médecins libéraux, en revanche, la méfiance est de mise.
Crédit photo : Louise Claereboudt
La députée Renaissance Stéphanie Rist, rhumatologue au centre hospitalier d'Orléans, a succédé dimanche soir à Catherine Vautrin -nommée à la Défense- et à son confrère Yannick Neuder à la tête du ministère de la Santé, élargi aux Familles, à l'Autonomie, et aux Personnes handicapées. La praticienne, qui a fait ses premiers pas en politique en 2017, devient ainsi la 10e ministre locataire de l'avenue de Ségur depuis l'élection d'Emmanuel Macron en mai 2017.
Je remercie le Président de la République @EmmanuelMacron et le Premier ministre @SebLecornu pour leur confiance.
C'est avec une profonde humilité et le sens des responsabilités que j'ai accepté cette mission, dans un ministère au coeur de l'humain. Et avec la volonté de…— Stéphanie RIST (@stephanie_rist) October 12, 2025
"On est au 12e ministre de la Santé, si on compte les paires, corrige le Dr Jérôme Marty. Joint par Egora, le président du syndicat UFML ne cache pas sa lassitude face à la valse ministérielle. "C'est la 12e fois que vous m'appelez pour une réaction. Je n'en ai aucune. On va attendre une quinzaine de jours pour voir si ce Gouvernement tient. Il y en a marre, on perd du temps et le système tombe... Stéphanie Rist elle a peut-être même défait ses cartons qu'elle est déjà partie!", s'exclame le généraliste toulousain.
Une "instabilité politique et institutionnelle" également dénoncée par la CSMF, car elle "fragilise la cohérence de notre politique de santé". Dans un communiqué diffusé ce lundi matin, la confédération appelle à "une refondation durable du dialogue entre l’État et la médecine libérale", "dans un contexte marqué par une crise profonde de l’accès aux soins".
Si en tant que médecin hospitalier toujours en exercice, Stéphanie Rist, récemment nommée secrétaire nationale chargée de la Santé au sein du parti Renaissance, "connaît les réalités du terrain", concède la CSMF, elle est aussi l'auteure de la loi qui a instauré l'accès direct aux IPA et aux kinésithérapeutes, "texte largement décrié par les médecins libéraux car il remet en cause la coordination autour du médecin traitant, pilier du parcours de soins", rappelle le syndicat.
"C'est clair que ses positions sur l'accès direct, le contournement du médecin traitant, ça a été très mal vécu par la profession, confirme à l'AFP la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France. Maintenant, une fois qu'on est nommé ministre, parfois les positions évoluent, on verra."
Elle connait très probablement moins bien l'exercice libéral et ce qui se trame mais je pense qu'elle est ouverte à la négociation
Plutôt "ouvert" à la "délégation" d'actes, le syndicat AvenirSpé salue de son côté la nomination d'une ministre "du sérail", qui "connait très bien ses dossiers et sait les travailler". "Elle connait très probablement moins bien l'exercice libéral et ce qui se trame mais je pense qu'elle est ouverte à la négociation", commente auprès d'Egora son président, Patrick Gasser. Le premier syndicat de médecins spécialistes se dit prêt à travailler avec l'exécutif pour mettre en place "rapidement des actions en faveur de l'accès aux soins" des Français, mais à "un an et demi de l'élection présidentielle", il n'est pas question de "renverser la table" et de "déstabiliser l'ensemble de la profession" avec une restriction de la liberté d'installation ou de l'accès au secteur 2. "Sinon ce sera la guerre", met en garde le gastro-entérologue.
Quatre dossiers urgents
De son côté, la CSMF appelle la nouvelle ministre à se pencher sur quatre "dossiers urgents" : la 4e année d'internat de médecine générale qui ne doit pas être une "contrainte", la solidarité territoriale qui doit rester sur la base du "volontariat", le blocage actuel de l'Optam et la "pertinence des soins qui doit devenir un pilier structurant de notre système, loin des logiques purement comptables".
Une femme de courage qui a su affronter les résistances corporatistes
L'engagement de Stéphanie Rist en faveur de la montée en compétences des paramédicaux lui vaut en revanche un accueil très chaleureux des organisations infirmières. Lui adressant ses "plus sincères félicitations", l'Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) a salué dans un communiqué une femme "de conviction", "de dialogue, de pragmatisme et de courage", qui a "a su, tout au long de son parcours parlementaire, faire évoluer en profondeur notre système de santé", en affrontant "les résistances corporatistes dans l’intérêt supérieur des patients et du service public de santé". Le Syndicat national des infirmières et infirmiers (Sniil) a loué sa mobilisation en faveur de l’autonomie et de la reconnaissance des compétences infirmières. Cette organisation représentative des Idel rappelle à la nouvelle ministre que "plusieurs dossiers essentiels demeurent en attente, en particulier la publication des décrets d’application de la loi infirmière, qui doivent concrétiser la réforme engagée pour l’avenir de la profession".
Stéphanie Rist est également bien accueillie par le premier syndicat de pharmaciens. La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a fait part de sa "confiance" envers cette députée qui a élargi leur rôle, leur permettant notamment "d'administrer les vaccins" ou réaliser certains tests de diagnostic.
Du côté des kinés, les attentes sont fortes. Pour la Fédération française des masseurs-kinésithérapeutes-rééducateurs (FFMKR), la nomination de Stéphanie Rist est "une nouvelle encourageante pour la profession, qui n’a malheureusement à ce jour, aucune perspective". Alors que le report des revalorisations tarifaires prévues en juillet dernier a été vécu comme une "trahison", "les kinésithérapeutes n’accepteront pas d’être une nouvelle fois le "dommage collatéral" des dérapages budgétaires, alerte le président du syndicat, Sébastien Guérard. La FFMKR demande ainsi à être reçue "sans délai" par Stéphanie Rist "pour ouvrir des discussions sur des mesures urgentes": "déclencher dès début 2026 les revalorisations prévues", "autoriser des compléments d’honoraires strictement encadrés" et "avancer sur l’accès direct, les rendez-vous de prévention et l’extension des produits prescriptibles".
Dans un communiqué diffusé dans l'après-midi, Les Libéraux de santé, qui portent la voix de 10 organisations représentatives (dont la CSMF), appellent le nouveau Gouvernement à "s’engager fortement en faveur des soins de ville libéraux et à garantir le financement des accords suspendus au 1er juillet dernier et qui devront impérativement s’appliquer au 1er janvier 2026. Les négociations en cours devront, elles aussi, faire l’objet d’un financement fléché dans le prochain budget." Pour les Libéraux de santé, "il est indispensable de continuer à investir dans la santé", notamment dans la prévention, la pertinence et "pour encourager les innovations thérapeutiques".
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