Urgences

Déplacé dans un garage à 1 heure du matin : l'indignation d'un patient hospitalisé à l'hôpital de Langres

Hospitalisé en urgence le 26 octobre à l'hôpital de Langres (Haute-Marne), Gérard Claudet a été transféré au bout de 24 heures dans un garage transformé en annexe de l'hôpital en cas de surcharge. Une situation qu'il a désormais à cœur de dénoncer. 

12/11/2024 Par Aveline Marques
Urgences

"On [ne] peut pas se retrouver en 2024 dans un garage alors même qu'on a décidé de fermer quelques lits", dénonce Gérard Claudet sur BFMTV. Ce père de famille a tenu à témoigner de son bref séjour à l'hôpital de Langres (Haute-Marne), fin octobre. Hospitalisé en urgence pour une inflammation intestinale, ce dernier raconte avoir été réveillé la nuit suivante pour être transféré. "A 1 heure du matin, on vient me chercher et on me dit 'écoutez, on est obligé de vous déplacer'", relate-t-il. 

Gérard Claudet atterrit alors dans une annexe de l'hôpital, qui n'est autre qu'un garage d'ordinaire réservé au Smur, dans lequel des patients seraient installés quand il n'y a "plus de place", lui explique-t-on. Dans cet espace utilisé ponctuellement depuis la période du Covid, trois autres patients s'y trouvent cette nuit-là. 

N'en croyant pas ses yeux, le patient filme les lieux : le sol est sale, tâché, la ventilation fait un bruit infernal qui l'empêche de dormir. Le lendemain, Gérard Claudet demande à sortir. Quelques jours après, il adresse une lettre à l'ARS, au centre hospitalier et au ministère de la Santé pour demander des comptes sur cette situation et les inviter à venir passer une nuit dans ce garage. Sur BFM, le citoyen explique vouloir se battre pour les "acquis" sociaux : "On paie des impôts, on paie des charges sociales, on a une dette colossale… mais que faisons-nous de cet argent ?"

Des investigations complémentaires prévues

L'ARS Grand Est a tenu à réagir. Elle explique à BFM que suite à des "situations similaires" signalées dans cet établissement en 2023, une "inspection en urgence" a été diligentée. A l’issue de cette inspection, l’ARS a émis le 30 juin 2023 une "injonction de cesser immédiatement l’utilisation inacceptable du local 'Garage Smur' pour l’installation de patients relevant potentiellement de l’unité d’hospitalisation de courte durée", écrit l'ARS, précisant que l'hôpital "avait indiqué preuves à l’appui avoir rendu le local à ses fonctions initiales et apporté un certain nombre de garanties pour que la situation ne se reproduise pas". 

Des "investigations complémentaires" doivent désormais être menées "pour comprendre dans quelles conditions un patient a pu de nouveau se trouver hospitalisé dans ce local et mobiliser avec l’établissement toutes les actions nécessaires pour mettre un terme définitif à de telles pratiques".

[avec BFMTV.com

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Claire FAUCHERY

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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Je me souviens.... La situation était moins rocambolesque mais aurait pu être dramatique. Toujours en cause le manque de place. En "nuit profonde" j'examine un malade qui vient pour une hémorragie digestive. L'endoscopiste (qui travaille sur plusieurs sites) n'est pas disponible avant plusieurs heures. J'annonce (imprudemment) au patient, que pour sa sécurité et compte tenu des circonstances, je vais être amené à le transférer dans un autre hôpital. Le malade comprend et me remercie de l'information. 2heures plus tard et plus d'une vingtaine de coups de téléphone sans solution aucune place disponible dans le secteur (juste la région parisienne et jusqu'à Orléans!) Je reviens assez mal à l'aise vers le malade pour lui dire que son transfert est impossible et que malgré tout nous allons le garder et le traiter de façon symptomatique. Les choses se sont heureusement bien passées l'hémorragie a été contrôlée ce que l'endoscopie a confirmé le lendemain matin ! Ce dont je parle date d'une quinzaine d'années. Les pouvoirs publics ne veulent pas se rendre compte des risques encourus et soutiennent toujours qu'il s'agit d'un problème d'organisation quand il s'agit d'un problème de moyens et continuent leurs injonctions à faire ou ne pas faire à autoriser ou ne pas autoriser, voire à sanctionner même si obtempérer est impossible faute de lits ou d'opérateurs.
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Débatteur Passionné
Autre spécialité médicale
il y a 1 an
Les administratifs des hôpitaux, des ARS, du ministère... ne comprennent rien à la médecine mais se targuent de comprendre la santé en regardant leurs tableaux Xcel de pilotage par la donnée... L'absence de résultats (y compris financiers) de leurs diverses stratégies ne remet pourtant pas en question leur place dans l'arbre décisionnel. Qui osera arrêter tous ces guignols dans leur travail de déconstruction de notre système de santé ?! Pour info, même Harvard (étude 2017 à retrouver sur le site "le spécialiste") dit que les hôpitaux sont plus performants quand ce sont des médecins qui les gèrent ...
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Débatteur Passionné
Médecine physique et de réadaptation
il y a 1 an
Le fameux prisme du je "contise donc j'exige"... Je pense qu'à une époque, les gens auraient dit : "ce n'était pas confotable mais au moins je suis vivant", ce qui est fondamentalement le but des SAU. Aujourd'hui, j'ai l'impression que les gens, quand ils vont aux urgences, ils ont l'impression qu'ils vont retirer leur cotisation comme un épargne bénéficiaire sur un livret A. Certains diront que c'est légitime, mon avis c'est que d'avoir reçu des soins "à perte" reste un luxe et qu'il faut s'estimer heureux, en l'état actuellement, d'avoir recu les soins ET de ne pas payer une facture à la sortie. L'avenir sera pire que maintenant à cotisation constante et même en les augmentant, l'idée que de se contenter de raler dans les médias et écrire des lettres en évoquant une histoire de cotisation suffit à faire avancer les choses est fausse. On sait très bien que ça va être le personnel de terrain qui se retrouvera tout seul à se justifier de la décision de placer un patient dans le garage.
 
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