Urgence

"Jusqu'à 70 heures" d'attente aux urgences de Nantes : les syndicats dénoncent quatre décès, l'hôpital dément

Selon des représentants syndicaux du CHU de Nantes, quatre patients sont décédés en trois semaines en raison du délai d'attente trop long aux urgences. Ces chiffres ont été démentis par la direction de l'hôpital, qui ne reconnaît qu'un seul de ces décès comme accidentel. 

20/08/2024 Par Chloé Subileau
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Quatre décès en trois semaines dans les couloirs des urgences du CHU de Nantes ? C'est ce qu'affirme le syndicat Force ouvrière (FO) de l'hôpital. Selon ces représentants syndicaux, quatre patients sont décédés depuis mi-juillet en raison du délai d'attente trop long aux urgences. "Ce sont des gens que l'on n'a pas pu hospitaliser par manque de lits et qui ont eu, pour certains d'entre eux, des examens trop tardifs parce qu'il n'y avait pas assez de places pour les faire", avance l'un de ces syndicalistes au micro de BFM TV.

"Depuis plusieurs semaines, le service des urgences adultes est saturé et de nombreux patients attendent plus de 20h avant d’être pris en charge. Plusieurs patients ont attendu jusqu’à 70h avant d’être transférés dans une unité de soin", assurait début août le syndicat FO, dans un communiqué. Parmi les quatre morts dénoncées par l'organisation, l'un des patients "est décédé après 50h aux urgences et a dû attendre plus de 24h pour avoir un scanner. Une patiente de 72 ans est également décédée après 10h en file d’attente", soutient le syndicat, qui dénonce le manque de moyens, de lits et de personnels au CHU de Nantes.

La direction de l'établissement reconnaît, elle, un seul de ces décès comme accidentel. "Ce décès [survenu début août, NDLR] est intervenu après qu’une première prise en charge infirmière et médicale a été mise en œuvre dès l’arrivée de la patiente aux urgences, conformément aux protocoles en vigueur", précise-t-elle dans un communiqué, cité par Le Figaro. La patiente décédée ne présentait toutefois pas "de critères nécessitant de la faire passer avant les patients déjà présents, pour préciser le diagnostic", ajoute le Pr Eric Batard, chef du service des urgences de l'établissement.

Le CHU réfute les trois autres décès pointés par le syndicat, ceux-ci étant intervenus après une prise en charge médicale. "Ils seraient ainsi à ranger parmi les morts usuelles que compte ce service qui accueille 90 000 patients par an", soulignent nos confrères du Figaro.

Dans ce contexte, et alors que le CHU de Nantes fait face – comme une cinquantaine d'autres hôpitaux en France  – à de fortes tensions, le syndicat FO appelle à une manifestation le jeudi 22 août devant la préfecture de Loire-Atlantique. L'organisation demande notamment plus de "bras" et de "lits" au sein de l'établissement, "un plan massif de formation de médecins et paramédicaux", ainsi que "la réouverture de tous les services d'urgences et des lits fermés", peut-on lire dans un communiqué.

[avec BFM TV et Le Figaro]

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5 débatteurs en ligne5 en ligne
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 1 an
Nantes, Brest, Bordeaux, le Grand Est, le Centre, et le reste des au moins cinquante hôpitaux qui le font savoir (et la plupart sont des CHU). Les seuls décès "acceptables" dans un service d'urgence sont ceux dont la gravité immédiate est telle que les traitements de déchoquage ne permettent pas la survie. Les statistiques sont tout autre que ce que prétend le directeur de Nantes. On ne doit pas finir ses jours dans un service d'urgence dans les autres circonstances: le lieu n'est pas approprié ni adapté. Et les "vraies" études statistiques (Grande Bretagne et SFMU) ont montré (pour les personnes âgées notamment) que la mortalité augmentait avec la durée de séjour aux urgences de 20% quand l'attente était supérieur à 12 voire 8 heures et pour la réanimation quand le délai de la prise en charge adéquate est supérieur à 4H le risque de surmortalité est de l'ordre de 35%. Le problème n'est pas la compétence des équipes, c'est leur disponibilité et "l'aval" (biologie, imagerie, lits d'accueil). La "manie" de vouloir privilégier les regroupements en grosses structures (GHT) a encore augmenté les problèmes liés au flux. La fermeture des lits d'hospitalisation en prétextant la priorité à l'ambulatoire alors qu'il y a un véritable problème d'effectifs a fait exploser les délais d'attente, et trouver des mesures (appel préalable au 15 pour la régulation des urgences comme des soins non programmés) totalement inadaptées et dysfonctionnelles. Les tutelles ont toujours voulu confondre statistiques et probabilités: pour elles, 100 urgences par jour, c'est un malade tous les 1/4h alors que par principe, une urgence est non prévisible et une demi douzaine peuvent survenir en même temps (accidents, intoxications CO ou alimentaire, rixe, etc...). Un certain ministre avait dit (il y a 2 ans dans une "mission flash") que le pire avait été évité ! C'était sans compter que le mal était profond et que la cause n'avait pas été traitée. Les ministres se sont succédés, remaniements, démissions et dissolution et n'ont réglé que les "affaires courantes". Les plans blancs vont se multiplier. Après les JO, le MPox va mobiliser l'attention mais la vraie épidémie qui nous guette, c'est la rentrée sociale: il n'y a pas que le climat qui se dérègle, elle sera chaude, peut être très chaude.
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
La patiente décédée ne présentait toutefois pas "de critères nécessitant de la faire passer avant les patients déjà présents, pour préciser le diagnostic" Et pourtant, elle est morte ! Alors soit il faut revoir les "critères", soit il faut revoir la surveillance des patients "en attente". Mais nier ainsi le problème en se planquant derrière des procédures, c'est affligeant. A quel moment ceux qui répondent cela ont-ils perdu leur humanité ?
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1 k points
Débatteur Passionné
Médecine physique et de réadaptation
il y a 1 an
Les syndicats ont il mené des investigations ou expertises suffisantes pour imputer ces morts ? Cela ne risque t'il pas d'impliquer la responsabilité individuelle si l'assureur de l'établissement conseil au directeur de charger systématiquement le personnel en présence par des enquêtes internes ? Cela me rappelle les propos d'une juriste qui soulignait que ce genre de conflit interne nuit toujours aux différentes parties de la défense et que cette discorde donne également une très mauvaise image devant les juges.
 
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