Formation continue des médecins : un appel à réorganiser l'ANDPC plutôt que de la "détruire"
Dans une lettre ouverte adressée aux décideurs politiques, les Drs Klein, Ortolan et Weber, trois personnalités clés du secteur du développement professionnel continu (DPC), appellent à conserver l'ANDPC en vue de la mise en œuvre de la certification périodique.
Actée mi-novembre par le ministère, la disparition de l'Agence nationale du développement professionnel continu (ANDPC) inquiète les acteurs du secteur. À commencer, évidemment, par les agents de l'ANDPC, qui n'ont encore aucune visibilité sur le calendrier et sur la façon dont ce "démantèlement" sera orchestré. Dans ce contexte, les Drs Jean-Michel Klein, ancien président de la commission scientifique indépendante des médecins, Bernard Ortolan, président du Haut Conseil du DPC, et Monique Weber, ancienne directrice générale de l'OGDPC – l'ancêtre de l'ANDPC –, ont souhaité faire part de "leur vision de la situation" aux pouvoirs publics.
Dans une lettre ouverte adressée aux décideurs, ils rappellent que le développement professionnel continu "a constitué une première approche très prometteuse", louant ses précieux "atouts" : "Son appui sur des priorités de santé et des méthodes validées, son organisation et sa gestion par l'Agence nationale du DPC." Le DPC a cependant "révélé des insuffisances", concèdent ces trois personnalités qualifiées. Parmi "ses limites", ils citent le financement "insuffisant" pour soutenir l'obligation de formation des soignants ou encore la "pléthore" d'organismes de formation créant "des effets d'aubaine".
Les auteurs de cette lettre ouverte déplorent également la "complexité des règles de dépôt des programmes", le manque de "supports juridiques permettant l'optimisation de contrôles" – ce qui a pour conséquence de faciliter la fraude "par des officines véreuses" –, mais aussi "le manque d'implication" des ordres, "n'incitant pas les professionnels à remplir leur obligation (sans sanction prévue)". Enfin, les Drs Klein, Ortolan et Weber regrettent que des financements différents soient alloués aux professionnels libéraux et aux hospitaliers, mais aussi entre professions, "rendant l'inter-exercice et l'interprofessionnalité utopique".
Malgré ces freins, les signataires de la lettre ouverte jugent qu'une suppression du DPC – et de son instance de pilotage et de gestion financière – serait dommageable pour la formation continue des soignants. Plutôt que de "détruire" cet outil, ils appellent à "capitaliser sur le positif" et à "réfléchir à bâtir un projet durable et évolutif dans le temps, consensuel" et "répondant à l'objectif d'améliorer la qualité et l'homogénéité des soins sur l'ensemble des territoires". Ce "moteur humain, administratif, financier et technique" qu'est l'ANDPC pourrait ainsi "être réorganisé au profit de la certification périodique sans le détruire sous le contrôle de la HAS et des ordres".
"Il permettrait également une économie financière et un réel gain de temps dans la construction du nouveau dispositif", ajoutent les Drs Klein, Ortolan et Weber. "La certification périodique pourra se développer de façon satisfaisante à la seule condition que l’ensemble des acteurs accompagnent des organismes de formation habilités, au centre du dispositif, notamment, en prenant en compte leurs remarques, et les difficultés auxquelles ils sont confrontés", estiment ces personnalités du DPC.
Par cette lettre ouverte, ses signataires espèrent montrer que "conserver l'organisation administrative et financière du DPC […] ne peut être qu'un atout facilitateur dans le développement de la certification périodique". Ils veulent en outre "susciter une organisation scientifique indépendante, représentative et dynamique incluant notamment la prévention sur les territoires".
Les agents de l'ANDPC dénoncent "l'enfumage et la manipulation" du ministère :
Moins d'un mois après l'annonce de la disparition de l'ANDPC, ses agents demeurent dans le flou. "Malgré nos relances auprès de la DGOS pour obtenir un cap clair, des informations précises et concrètes notamment la lettre de cadrage du ministère et les lettres de mission des agents de la DITP, nous ne recevons aujourd'hui qu'une proposition de 'rencontre informelle' [ce] jeudi pour nous présenter une méthodologie et un calendrier", écrit, sur LinkedIn, Yanick Porchet, responsable du service relations usagers. "Entre temps, la DGOS a déjà rencontré en début de semaine le nouvellement nommé Conseil national de la certification périodique, et doit rencontrer de très nombreux acteurs du DPC vendredi… Sauf nous, son opérateur public !"
Le comité social d'administration (CSA), dont il fait partie, "refuse d'être complice de la mascarade orchestrée par la DGOS, qui n'est qu'un enfumage et une manipulation grossière". "Ce jeu de dupes, où la DGOS cherche à masquer ses véritables intentions derrière des pièges à répétition, est indigne de toute crédibilité", dénonce-t-il. S'ils se disent "en capacité de faire des propositions", les agents de l'ANDPC refusent de "donner [leur] expertise en pâture au prix d'un sacrifice de nos emplois".
Yanick Porchet rappelle que, "pendant qu'on décide sans nous", les agents de l'ANDPC "continuent de subir une maltraitance quotidienne et sont plongés en pleine incertitude quant à leur avenir professionnel et personnel". Au nombre de 80, ils sont contractuels de la fonction publique "liés à l'ANDPC".
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