“Quelle est la récompense de notre effort ? On nous dit aujourd’hui que nous ne sommes pas au rendez-vous. C’est un message profondément démobilisant et un peu méprisant pour les généralistes”, déplore le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, contacté ce mercredi par Egora. Moins d’une semaine après le début de la campagne vaccinale en ville, lancée le 25 février dernier, des chiffres dévoilés par le ministère de la Santé montrent que seul un quart des doses de vaccin AstraZeneca livrées ont été administrées, contre près de 70% en moyenne pour l'ensemble des vaccins disponibles, a indiqué le ministère lors d'un point presse organisé mardi, précisant qu’il est “impératif que ce vaccin trouve toute sa place dans la stratégie vaccinale”. A l’hôpital, sur les 600.000 premières doses d'AstraZeneca livrées pour vacciner les soignants de moins de 65 ans et les personnes à risque de 50 à 64 ans, “à peu près 75% des stocks qui n’ont pas fait l’objet d’injection”, détaille le ministère. Ce dernier s’est toutefois réjoui de la “dynamique d’écoulement très forte” en ville lors des premiers jours. Dynamique qui a vocation à s’amplifier au regard de l’extension de la vaccination “au-delà de 65 ans”. Certains commentateurs ont toutefois vu dans le faible taux de consommation du vaccin AstraZeneca, un “désengagement” des médecins libéraux, d’autant que des chiffres dévoilés plus tôt par la direction générale de la Santé indiquent que 29.000 commandes ont été passées par des médecins la première semaine pour avoir un flacon, contre 20.000 (dont plus de 18.000 généralistes) pour la semaine 2. Au total, 35.000 médecins se sont inscrits sur la plateforme d’appariement au cours des deux semaines d’ouverture, nous précise la DGS.
Des doses supplémentaires la première semaine Pour le Dr Battistoni, cela veut tout simplement dire que certains médecins qui avaient commandé des doses pour la première semaine, n’en ont pas recommandé par la suite, mais cela ne signifie absolument pas que les médecins de ville ne sont pas engagés. “Je fais partie de ces médecins, explique-t-il. La première semaine, j’ai commandé un flacon. Quand la pharmacie a reçu le flacon commandé, elle m’a dit qu’elle pouvait m’en donner trois.” En effet, le ministère de la Santé a pris la décision de donner...
25.000 flacons non commandés aux pharmaciens qui avaient déjà passé commande, précise le président de MG France : “Les pharmaciens se sont retrouvés avec un afflux de flacons supplémentaires à disposition leur permettant d’approvisionner plus les médecins qui le souhaitaient.” “Je n’ai pas besoin de recommander car j’ai un flacon qui m’attend à la pharmacie, ajoute le généraliste de Ifs (Calvados). Cela explique aussi quelque chose qu’on nous a beaucoup reproché, c’est que des flacons soient encore dans les pharmacies. Aujourd’hui, la pharmacie est le lieu de stockage pour la majorité des médecins généralistes de leurs flacons [...] qui n’ont pas forcément la sonde homologuée pour les frigos.” “Mauvaise foi” Si de nouvelles commandes n’ont pas été réalisées, explique le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), c’est aussi, -outre les vacances scolaires-, parce qu’il y a eu un “défaut d’approvisionnement” lors de la première semaine. “Certains médecins de Poitiers n’ont pas le premier flacon”, a-t-il assuré lors d’une conférence de presse ce mercredi matin, estimant que, "malgré les difficultés administratives et la dérive bureaucratique, les médecins se sont très largement mobilisés”.
“Il y a beaucoup de mauvaise foi”, regrette le président de MG France qui indique que les généralistes ont réalisé en quelques jours 200.000 injections sur les 290.000 prévues, soit les deux tiers en moins d’une semaine. “Les médecins généralistes ont administré les vaccins qu’ils avaient commandés !” Ce dernier dénonce le “MG bashing” opéré par les syndicats de pharmaciens qui veulent “récupérer, à des fins électorales, la vaccination dans les pharmacies”. Il déplore que l’on “tape sur les médecins” alors que “ces tensions ne se voient pas forcément sur le terrain”.
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