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"Je ne conseillerai jamais ce métier à mes enfants" : 17% des médecins français sont malheureux dans leur vie professionnelle

D'après une récente enquête réalisée par Medscape, 22% des médecins français souffrent de burn out ou de dépression. Les impacts de cet épuisement sont nombreux, et amènent certains praticiens à remettre en cause leur vocation.  

16/07/2025 Par Chloé Subileau
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22% des médecins estiment être en burn out ou en dépression, et plus d'un praticien sur six se dit malheureux dans sa vie professionnelle. C'est ce qui ressort d'une nouvelle enquête menée par Medscape entre décembre 2024 et mars 2025 auprès de 1056 médecins français en exercice (libéraux et salariés). 

D'après cette étude, publiée le 8 juillet, plus des trois quarts des praticiens souffrant de burn out "confirment que leur épuisement professionnel a eu un impact délétère sur leurs relations personnelles, notamment familiales". Ils sont pourtant 83% parmi les répondants à estimer qu'il est important, voire très important, de passer du temps avec leur familles et leurs amis afin de préserver leur santé mentale. 

Le burn out touche aussi bien les jeunes que les médecins expérimentés

Autre enseignement de cette enquête : ce phénomène touche toutes les générations. Car, "si les jeunes médecins apparaissent particulièrement vulnérables – 19% des moins de 45 ans jugent leur santé faible, contre 12% des plus de 45 ans – la tendance à la reconversion ou à l'adaptation du mode d'exercice concerne l'ensemble de la profession", indique Medscape, dans un communiqué. Mais ce ne sont pas les seuls concernés : "les témoignages recueillis montrent que la perte de sens, la surcharge administrative et la difficulté à préserver un équilibre vie professionnelle/vie personnelle touchent aussi bien les praticiens en début de carrière que les plus expérimentés", peut-on également lire. 

"Trop de charge mentale et de responsabilités pour un tel salaire !"

Car les effets du burn out sur la vie personnelle des médecins concernés sont importants. L'épuisement professionnel impacte également la santé de ces professionnels, provoquant notamment des troubles du sommeil, de la fatigue chronique, de la perte de motivation, voire une remise en question de leur vocation. 

De plus, les médecins interrogés expriment un sentiment de culpabilité. "Beaucoup expriment la difficulté à concilier leur engagement professionnel et leur vie personnelle, avec le sentiment de ne jamais en faire assez, ni pour leurs patients, ni pour leurs proches", indique l'enquête, qui précise que certains praticiens vont jusqu'à remettre en question leur choix de carrière ou déconseiller la médecine à leurs enfants. "Le travail est trop prenant. Trop de charge mentale et de responsabilités pour un tel salaire !... Je ne conseillerai jamais ce métier à mes enfants", témoigne ainsi une généraliste de 37 ans.  

Face à ces résultats, l'enquête met en évidence plusieurs stratégies mises en place par les médecins pour préserver leur santé mentale. Parmi elles, la pratique d'une activité physique régulière - avancée par 84% des praticiens interrogés, ainsi que l'importance accordée aux loisirs et aux passe-temps (pour 82% des répondants), le recours à la psychothérapie ou à des techniques de gestion du stress. 

Ces "solutions individuelles" montrent toutefois rapidement leurs limites, note l'étude. "Le rapport plaide [donc] pour une réponse collective : repenser l’organisation du travail, alléger les tâches administratives, valoriser le temps médical et mieux accompagner les carrières. Améliorer la qualité de vie des soignants devient essentiel pour fidéliser les médecins et garantir l’accès aux soins. Dans un contexte de lutte contre les déserts médicaux, le bien-être des professionnels de santé apparaît comme un enjeu central pour l’avenir du système de santé", conclut le communiqué.  

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Claire FAUCHERY

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Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
Ayant un peu de bouteille (sans le contenu…) j’ai pu prendre la mesure de la dégringolade de notre métier sur la longueur: une pente savonneuse à 80% d’inclinaison avec peu d’espoir de ralentissement avant de toucher le fond. Les politiques ont, sans la moindre vision d’avenir, organisé ce marasme et continuent joyeusement sur le mode: "mes prédécesseurs vous ont amené au bord du gouffre, je vous propose de faire un grand bond en avant!" Ce qui me met le plus en colère, c’est qu’ils ont mené leur action destructrice en thésaurisant sur notre empathie et notre vocation. Je me souviens au cours d’une énieme réunion avec la SS, m’être entendu répondre par le directeur de la CPAM: "de toute façon, vous avez la vocation, vous?" Ça lui semblait être largement suffisant pour nous faire avaler ses couleuvres. D’autres ont pensé aussi que médecin était un métier comme un autre, mais qu’on ne pouvait décemment pas prétendre gagner de l’argent sur la misère de nos compatriotes. Vouloir gagner sa vie à hauteur de son engagement, de ses responsabilités et de son temps passé (toutes "obligations" que nous acceptons en pleine volonté) est devenu au mieux immoral, et de toute façon, nous enjoint à toutes les contraintes et demandes imposées par les décisions politiques à l’emporte-pièce, l’administration revancharde et un public de plus en plus exigeant. Et pourtant, c’est vrai qu’on aime notre métier et qu’on les aime nos patients! Bref, nous sommes devenus une mule qu’il convient de charger de tous les maux de la Santé, de l’administration, des j’y ai droit, etc…etc… Mais à force de la charger…
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 4 mois
Un questionnaire qui pourrait être intéressant et qui a l'air plus "sérieux" que celui édité par Doctolib... Mais j'aurais quand même bien aimé en savoir plus sur la méthodologie. Cependant quand on lit les résultats de cette enquête quelque chose d'autre me "chagrine". Pourquoi cet angle d'attaque? Une majorité franche des médecins est heureuse de sa vie professionnelle. Et ce malgré les contraintes et le contexte. Alors oui, il y a des difficultés, des déceptions qui touchent un nombre non négligeable de médecins. Mais c'est là que la méthodologie compte (Questionnaire et taux de retour. Sondage et type d'échantillonnage. Etc... Un petit effort et on aura l'enquête, la méthodologie, le type de recrutement de l'échantillon... Sinon on est juste devant la revendication (justifiée ?!) de type syndicale et pas dans un sondage "certifié".
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521 points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
Ce serait à confronter à une autre étude : Combien de français sont malheureux dans leur vie professionnelle ?? Le "métier" de médecin n'y est pour rien ; il y a des gens qui ne sauront jamais être heureux, quel que soit leur métier, quels que soient leurs revenus. C'est, à mon sens, une question beaucoup plus générale ; on peut juste dire que le "métier" de médecin ne protège pas les gens du malheur ressenti dans la vie ; et d'ailleurs, pourquoi ce "métier" devrait il rendre les gens parfaitement heureux ? ; ce serait trop facile !! le bonheur ou le sentiment de bonheur, c'est beaucoup plus complexe 11
 
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