Arrêts maladie : la campagne MSO-MSAP a généré beaucoup de "souffrances" pour "rien", regrette MG France
Lors d'une conférence de presse de rentrée, ce mercredi 17 septembre, le premier syndicat de médecins généralistes est revenu sur la campagne MSO-MSAP ciblant depuis le début de l'été 500 généralistes forts prescripteurs d'arrêts de travail. MG France appelle les pouvoirs publics à cesser la politique des "boucs-émissaires".
La hausse des dépenses d'indemnités journalières est une "réalité", mais les pouvoirs publics se trompent de "cibles", a alerté ce mercredi la présidente de MG France, la Dre Agnès Giannotti. Le premier syndicat de généralistes a une nouvelle fois déploré l'"amalgame fait entre la fraude et arrêts de travail", notamment les arrêts longs. Si les contrôles menés l'an dernier par la Cnam auprès de 18 000 patients ont montré que 50% de ces arrêts maladie n'étaient plus justifiés, "cela ne veut pas dire pour autant que ces patients sont en capacité de travailler" mais qu'ils doivent pour certains être placés en invalidité – un simple changement de statut administratif, a précisé la Dre Agnès Giannotti. De plus, il s'agissait de contrôles "ciblés", dont les résultats ne peuvent être extrapolés à l'ensemble des patients en arrêt long.
Ça porte quel nom un ciblage qui tape à côté de sa cible dans un tiers des cas ?
Quant à la campagne MSO-MSAP en cours, dont les procédures n'ont pas encore toutes abouti, elles ont généré chez les généralistes concernés "beaucoup de souffrances"… pour "rien", déplore MG France. Sur 45 généralistes accompagnés par le syndicat et qui ont répondu à un questionnaire sur les suites données, "32.5% ont obtenu l'annulation de la procédure", a pointé le syndicat. "Ça porte quel nom un ciblage qui tape à côté de sa cible dans un tiers des cas ?", tacle le Dr Jean-Christophe Nogrette, secrétaire général de MG France. "Donc on a des collègues qui ont été ennuyés, qui sont allés en procédures pendant leurs vacances, qui ont reçu des lettres avec accusés de réception, qui ont été mis en accusation, pour rien !", lance Agnès Giannotti, qui juge la méthode de la Cnam "bancale et bricolée". A défaut de disposer des motifs d'arrêt, la Cnam risque de comparer "des choux et des carottes", juge-t-elle. Car au sein d'un même cabinet, les généralistes peuvent avoir des orientations et des patientèles différentes.
Or, "pour trouver des solutions adaptées à un problème, il faut d'abord pouvoir l'identifier", a-t-elle insisté. Or, malgré les demandes du syndicat, l'algorithme de ciblage de la Cnam "reste un secret industriel", déplore la présidente de MG France, appelant la caisse à plus de "transparence". Les pouvoirs publics doivent s'atteler aux vraies causes de la flambée des arrêts de travail, notamment en introduisant "une sinistralité dans les cotisations des employeurs", et cesser "leurs politiques basées sur des boucs-émissaires". "Est-ce que vous pensez que les généralistes se sont levés il y a deux ans en se disant 'je vais mettre des arrêts dans des pochettes surprises et je vais les distribuer'?", ironise Agnès Giannotti. "Dans les gens que j'ai accompagnés dans cette première vague MSO-MSAP*, je n'ai pas vu un seul déviant, pas un seul médecin qui prescrivait n'importe quoi, n'importe comment, martèle Jean-Christophe Nogrette. Uniquement des gens qui prescrivaient en conscience, qui prescrivaient beaucoup parce qu'ils avaient beaucoup d'indications à prescrire."
Ce qui rend la perspective d'une MSO imposée d'autant plus inquiétante pour le syndicat. "On va avoir une mise sous objectifs automatique sur des statistiques qui ne tiennent pas la route : c'est inadmissible", réagit Agnès Giannotti, interrogée sur cette mesure incluse dans le projet de loi sur la lutte contre les fraudes fiscales et sociales porté par la ministre démissionnaire Catherine Vautrin. "Si on vous demande de baisser vos statistiques de 20% alors que vous ne faites pas de prescriptions injustifiées, ça vous oblige à brimer 20% de vos malades", déplore Jean-Christophe Nogrette.
"L'idée de cette campagne, c'est de faire peur à l'ensemble de la profession pour que tous les généralistes baissent leurs prescriptions", accuse la présidente de MG France. Agnès Giannotti a de nouveau déploré que les médecins traitants se retrouvent ainsi en ligne de mire, alors que les centres de soins non programmés se multiplient "dans les centres villes" sans assurer de suivi, et que certaines plateformes de téléconsultation continuent de facturer des "coupe-files" aux patients. "C'est comme si nous, on disait aux gens 'si vous voulez nous voir dans la journée, c'est 10 euros de plus : c'est inenvisageable", dénonce-t-elle. "Stigmatiser, ennuyer, persécuter les médecins généralistes qui ont les cas les plus lourds à traiter, ce n'est pas le meilleur message qu'on peut envoyer."
*Une deuxième vague, ciblant 500 autres généralistes, sera lancée en octobre.
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