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MSO-MSAP : 500 généralistes forts prescripteurs d'arrêts maladie vont recevoir un courrier dans les prochains jours

Ce mardi 11 juin, la Caisse nationale de l'Assurance maladie (Cnam) a présenté aux représentants des généralistes les modalités de sa nouvelle campagne de MSO-MSAP. Les plus forts prescripteurs d'arrêts de travail devraient recevoir sous peu un courrier, les invitant dans un premier temps à s'expliquer sur leurs pratiques. 

11/06/2025 Par Aveline Marques
Assurance maladie / Mutuelles
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Article modifié le 12 juin à 12h30 : précisions chiffrées de la Cnam

 

La précédente campagne, lancée à l'été 2023, avait abouti à la mise sous objectif (MSO) de 416 généralistes et à la mise sous accord préalable (MSAP) de 207 praticiens. Combien seront concernés cette année? D'après les éléments fournis par la Cnam à Egora, un peu "moins de 500 généralistes" vont recevoir une "première vague de courriers" d'ici le 20 juin. Une deuxième vague d'une "ampleur équivalente" est également prévue.

D'après la Dre Patricia Lefébure, présidente de la FMF, qui a assisté à la réunion mercredi 11 juin, la Cnam va cibler en priorité ceux qui, parmi les "10% les plus prescripteurs", ont déjà "subi" une MSO-MSAP par le passé et ceux qui ont fait l'objet d'une demande d'entretien confraternel au cours des derniers mois, précise-t-elle. "Je leur ai demandé quand est-ce que ça allait s'arrêter parce qu'il y aura toujours 10% de médecins qui prescrivent plus que les autres !", lance-t-elle.

Suite à un retour d'expérience de la précédente campagne MSO-MSAP, la Cnam a changé ses modalités de calcul de ses profils statistiques, informe la présidente de la FMF. "Ils ont pris en compte un maillage plus fin que la commune car dans des villes de 5000 habitants, il peut y avoir des quartiers plus ou moins favorisés." De même, la part des patients bénéficiaires de la C2S est intégrée. Ces patients, plus susceptibles d'être sans activité, sont moins susceptibles de se voir prescrire des arrêts de travail, et inversement, explique la généraliste.

La Cnam a beau mettre en avant sa volonté d'"accompagner" les généralistes, de les aider "à mieux répondre aux patients les plus exigeants", cette nouvelle campagne MSO-MSAP ne passe pas auprès des syndicats. "Les syndicats ont été assez unanimes, rapporte Patricia Lefébure. Encore une fois, on ne cible que les médecins traitants, qui font le job, et pas les centres de soins non programmés." Mais "nouveauté", signale-t-elle, les médecins salariés des centres de santé pourront être concernés.

Déplorant une nouvelle fois que de telles procédures soient lancées au cours de la période estivale, les représentants des généralistes ont réclamé - en vain - un report au mois de septembre. Les premiers courriers pourraient donc partir dans les prochains jours, afin que les entretiens confraternels – première étape de la campagne - puissent se dérouler dès les mois de juillet et août. 

Interrogée par la Dre Agnès Giannotti, présidente de MG France, sur cette campagne qui "traumatise la profession" et fait des généralistes "les boucs-émissaires de l'inflation" des dépenses d'indemnités journalières (IJ) lors du congrès du syndicat, samedi dernier au Havre, le directeur de la Cnam est resté droit dans ses bottes. La Cnam a des "fonctions de régulation et de contrôle, on doit s'assurer que les dépenses d'assurance maladie sont pertinentes", a martelé Thomas Fatôme. Or, la hausse des IJ, qui oscille entre 5 et 8% par an ces dernières années, ne s'explique qu'aux deux tiers par des facteurs démographiques (vieillissement de la population active) ou économiques (baisse du chômage, hausse du Smic). "Il reste 40%, a-t-il pointé. On ne sait pas pourquoi depuis 15 ans la durée et la fréquence des arrêts de travail augmentent." La dégradation des conditions de travail et les problématiques de santé mentale pèsent sans doute, a-t-il concédé, "mais 40% c'est quand même beaucoup", estime-t-il.

Dans n'importe quelle activité, il y a 1 à 2% de personnes qui abusent ou qui fraudent

Le directeur de la Cnam s'est défendu de faire la "chasse aux IJ" chez les médecins. "Moi je ne parle pas d'accusations, je ne parle pas non plus de sanctions", a-t-il lancé alors que des généralistes dans la salle l'interpellaient sur l'impact psychologique de ces procédures pour les généralistes concernés. "On demande aux médecins sous MSO de diminuer leurs prescriptions de 20%, les sanctions sont epsilonesques", a-t-il rappelé. Et ces procédures portent leurs fruits : les MSO et MSAP de la campagne 2023-2024 ont permis d'économiser 160 millions d'euros, a-t-il signalé.

La Cnam rappelle en outre que les prescripteurs ne sont pas les seules cibles de son action contre l'envolée des IJ : 300 000 assurés ont été convoqués l'an dernier et "plusieurs centaines d'entreprises" qui se démarquent par un taux d'absentéisme atypique ont été visitées. Quant aux médecins, la Cnam privilégie "une logique d'accompagnement", au travers des entretiens confraternels menés ces derniers mois et du service SOS IJ qui pourrait être généralisé au territoire national d'ici à la fin de l'année 2025. Mais "dans n'importe quelle activité, il y a 1 à 2% de personnes qui abusent ou qui fraudent", a lancé Thomas Fatôme. 

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Claire FAUCHERY

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Photo de profil de ANDRE ARNAUD
41 points
Médecine générale
il y a 6 mois
HYPOCRISIE des affreux 10 % . Sur une courbe de Gauss il existe toujours 10% aux deux extrémités, sur une longue chaine il existe toujours dix derniers maillons aux deux extrémités. Enlever 10 % ou 10 derniers maillons et il persistera toujours 10% ou 10 derniers maillons . Les médecins et les patients coûtent un pognon de dingue . Dans les années 2000 les médecins étaient encouragés à cesser leur activité avec avantage financier pour des préretraites. Ici et maintenant ,comment, refaire des économies sur le dos des médecins et des patients ? Jusqu'où les médecins vont accepter de se faire maltraiter, de se soumettre, de se déshumaniser. Le choix à venir sera celui d'être soumis tâcheron sans conscience aux intérêts d'une multinationale privée où, conserver son humanité et sa santé en "déplaquant". Indignez vous. Mon age m'a libéré .
Photo de profil de BERNARD G
597 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 6 mois
Toujours aussi bornée, la SS Ne tient pas compte des conditions d'exercice Certains endroit, patientèles sont plus fragiles que d'autres En outre, imaginez - ça existe peut-être encore - un médecin attaché à son travail et peu vénal, qui va accepter tout ce que les autres refusent, cas sociaux, handicapés, longue maladie. Avec sa liste d'arrêt de travail, celui là se retrouve en tôle
Photo de profil de Stephane PETITCLERC
474 points
Incontournable
Médecine générale
il y a 6 mois
J'espère que les 10% qui en prescrivent le moins seront aussi punis. Parce que les mathématiques sont formels. Si on taille régulièrement tout ceux qui prescrivent le plus sans le faire pour ceux qui prescrivent le moins, alors la courbe va tendre vers zéro prescription...
 
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