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"En plein été, la régulation libérale fait défaut dans la moitié des départements" : les Samu sonnent l'alerte

Une enquête flash menée du 10 au 16 juillet auprès des Samu de France révèle une "situation critique". "En plein été, la régulation libérale fait défaut dans la moitié des territoires, faisant peser une contrainte supplémentaire sur les urgentistes", alerte Samu-Urgences de France (SUdF). 

05/08/2025 Par Louise Claereboudt
Soins non programmés Urgences
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Un été sous haute tension. Une enquête flash réalisée par SUdF du 10 au 16 juillet, et à laquelle 55 des 100 Samu de France ont répondu, met en évidence une "situation critique". "En plein été, la régulation libérale fait défaut dans la moitié des territoires, faisant peser une contrainte supplémentaire sur les urgentistes", alerte l'association dans un communiqué de presse diffusé vendredi 1er août accompagnant les résultats de son enquête.

"Si 96% des services d'accès aux soins (SAS) sont opérationnels, la régulation libérale de médecine générale, pierre angulaire de cette organisation, montre des signes de tension préoccupants avec un retentissement sur la qualité de service impactant également la médecine d'urgence", ajoute SUdF, estimant que le système a "atteint ses limites".

Les tableaux de garde sont "incomplets" avec "de nombreuses plages horaires vacantes", poursuit Samu-Urgences de France. Et les mécanismes de suppléance sont "trop peu nombreux et parfois bloqués par des freins réglementaires ou locaux". "Ces difficultés fragilisent la prise en charge des soins non programmés ambulatoires et augmentent la pression sur les équipes hospitalières", déplore l'association présidée par le Dr Marc Noizet.

La nuit profonde, "particulièrement critique"

Plus d'un Samu sur deux signale ainsi des plages horaires non couvertes par les médecins régulateurs généralistes en juillet et août. Pour un tiers d'entre eux, cela se matérialise par 2 jours sur 7 sans couverture. Et dans un quart des départements, la moitié de la semaine est dépourvue de régulation médicale libérale.

Plus de 60% des Samu-SAS observent par ailleurs des carences dans la couverture de la régulation libérale de la permanence des soins ambulatoires (PDSA) en juillet et août. "Dans 5% des départements, il n'y a aucune régulation libérale de la PDSA en juillet et août", lit-on.

SUdF souligne que "la nuit profonde est particulièrement critique puisque dans 30% des départements aucune plage de régulation libérale n'y est assurée", obligeant les urgentistes à prendre le relais "au prix d'un épuisement croissant".

L'enquête révèle en effet que dans 30% des Samu-SAS, des médecins urgentistes ont été sollicités pour reprendre les plages de régulation libérale vacantes du SAS ou PDSA en cumul de leur activité de régulateur de l'aide médicale urgente. Pourtant, seuls 5% des établissements sièges de Samu ont obtenu une compensation financière afin de pallier les carences des plannings des médecins libéraux.

Des propositions concrètes

"Cette situation est récurrente, en période de vacances scolaires, de week-end, de fin d'année, sans anticipation, avec des réactions précaires et dans l'urgence", constate SUdF. Dans ce contexte, Samu-Urgences de France appelle à reconnaitre le service d'accès aux soins comme une mission de service public à part entière, "ce qui permettra une mise en place d'un cadre permettant la mise en place d'une obligation de continuité de fonctionnement". "Le SAS doit être consolidé, encadré et reconnu comme un service public, avec des obligations claires pour tous les acteurs", insiste SUdF.

L'association suggère également de permettre aux médecins libéraux remplaçants de participer au SAS et à la régulation médicale aux horaires de PDSA. Enfin, SUdF plaide pour mettre en place une compensation financière en faveur des établissements de santé "dès lors que le Samu doit assurer les missions de régulation de médecine générale du SAS ou de la PDSA". Samu-Urgences de France demande au ministère de la Santé d'ouvrir un groupe de travail pour permettre de mener ces travaux "sans délai". 

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Claire FAUCHERY

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164 points
Incontournable
il y a 4 mois
De nos jours, une proportion non négligeable de généralistes travail à temps partiels ( pour des médecins!), c'est-à-dire gardent des jours de repos en semaine pour ne pas avoir à travailler plus de 40 ou 45 heures. On a trop pris l'habitude du médecin travaillant 6 jours sur 7, 12 heures par jour, en estimant cela tout-à-fait normal. Et on se réveille quand il est un peu tard avec des solutions qui vont contre la logique et l'évolution naturelle de la profession. Gouverner, c'est prévoir...Où étaient nos gouvernants ces dernières dizaines d'années?
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353 points
Incontournable
Médecine d’urgence
il y a 4 mois
Bonjour. Pourquoi écrire défaut de régulation libérale au lieu de manque de médecins physiquement aptes à y participer ? Les mots ont un sens qui peut orienter la compréhension. Les libéraux sont là, moins nombreux, tels les mohicans... ceux de ma génération comprendront. Je parle en tant qu'hospitalier ayant fait des remplacements pour comprendre...
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2,7 k points
Débatteur Passionné
Médecine générale
il y a 4 mois
Une fois de plus, le samu ne tient pas compte de la baisse constante des effectifs des généralistes libéraux et il jette l'opprobre sur des généralistes qui pourtant se dévouent pour faire des gardes au centre 15, en plus de leur activité libérale. C'est choquant ! Un débat avait eu lieu dans plusieurs revues médicales, il y a 7 ou 8 ans, au sujet des appels abusifs auprès du 15. Beaucoup de médecins proposaient que les appels non urgents soient taxés, ce qui permettrait de diminuer fortement le nombre d'appels vers le 15. Quel serait le moyen technique de taxer ces appels non urgents ? C'est aux informaticiens de trouver la solution...si on leur en donne la mission, mais cette décision est du ressort des hauts fonctionnaires et de nos députés.
 
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