La toux chronique, une maladie à part entière
Lors du congrès de l’ERS 2025, plusieurs experts ont appelé à une meilleure reconnaissance médicale de la toux chronique, longtemps considérée comme un simple symptôme. En France, elle toucherait jusqu’à 7,5 % de la population.
Définie par une toux d’une durée supérieure à huit semaines, la toux chronique "n’est pas juste un symptôme : il est temps de la considérer également comme une maladie", estime le Pr Kian Fan Chung, professeur de médecine respiratoire à l’Imperial College de Londres. Si la toux chronique peut s’expliquer de bien des manières (maladies respiratoires, troubles œsophagiques, tabagisme, pollution environnementale, maladies neurologiques, etc.), elle serait de cause inexpliquée dans "20 à 60 % des cas", explique-t-il.
En France, où des recommandations ont été émises en 2023 par la Société de pneumologie de langue française, la toux chronique idiopathique est dénommée Tocri, pour toux chronique réfractaire ou inexpliquée(1). Il s’agit d’une hypersensibilité de la toux, qui peut être d’origine périphérique (nerf vague) ou centrale (dysfonctionnement cérébral de l’inhibition du réflexe tussif). Selon une étude publiée en 2024, sa prévalence en population française serait de 4,8 % sur une année donnée, mais de 7,5 % au cours de la vie(2).
D’importantes répercussions au quotidien
La toux chronique peut prendre diverses formes, telles qu’une allotussie (réaction à des stimuli non tussigènes, tels que le fait de parler ou de rire) ou une hypertussie (réaction exacerbée à des stimuli tussigènes, tels que poussières, odeurs, etc.). Encore peu reconnue par la communauté médicale, la toux chronique est source d’errance diagnostique.
Or cette affection peut fortement altérer la qualité de vie. Selon les données françaises, 24,4 % des patients atteints de toux chronique souffriraient d’anxiété (contre 12,4 % en population générale), 36,4 % de dépression (contre 20,2 %). Source d’isolement social, elle favorise notamment les maux de tête, les troubles du sommeil, voire l’incontinence urinaire.
De premiers traitements spécifiques de la toux chronique font leur apparition, visant divers mécanismes. Parmi eux, des antagonistes des récepteurs P2X3, récepteurs de la toux présents dans la muqueuse des voies respiratoires, dont le premier a été autorisé dans l’Union européenne en septembre 2023.
(1) Guilleminault L, et al. Revue des maladies respiratoires, 18 avril 2023.
(2) Guilleminault L, et al. ERJ Open Research, 8 avril 2024.
Références :
D’après les sessions "Cough phenotyping: from the clinic to treatment" et "Clinical" lors du congrès 2025 de l’European Respiratory Society (Amsterdam, 27 septembre-1er octobre).
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