Vaccination des voyageurs : des recommandations actualisées pour le chikungunya et la dengue

« Le programme de vaccination d’un voyageur doit tenir compte de l’évaluation du risque encouru – épidémiologie et conditions sanitaires du pays à visiter, conditions de séjour, facteurs individuels –, des obligations administratives de certains pays, de la nécessité de mise à jour du statut vaccinal français –notamment pour la diphtérie, le tétanos, la polio, la coqueluche et la rougeole –, et de la nécessité de terminer le schéma vaccinal 10 à 15 jours avant le départ (sauf les rappels) », a exposé le Pr Daniel Floret, spécialiste en maladies infectieuses et vaccinologie, lors d’un webinaire proposé par le Centre régional d’éducation pour la santé (Cres) et l’Agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d’Azur, le 1^er juillet.

Epidémie de chikungunya à La Réunion

L’épidémie de chikungunya, qui a touché quelque 620 000 personnes au niveau mondial en 2024, essentiellement au Brésil et en Inde, se poursuit cette année à La Réunion avec près de 51 000 cas autochtones confirmés au 21 mai, et à Mayotte avec 326 cas rapportés au 23 mai. La prévention comprend des mesures de protection personnelle antivectorielle (port de vêtements couvrants, utilisation de moustiquaire et de répulsifs) et la vaccination dans certains cas. A La Réunion, la campagne de vaccination utilisant le vaccin Ixchiq (Valvena), lancée début avril, a été interrompue 3 semaines plus tard du fait de la survenue de 3 effets indésirables graves, dont 1 décès, chez des personnes de 65 ans ou plus. Ce vaccin vivant atténué a été contre-indiqué de façon temporaire dans cette tranche d’âge, mais « reste un outil de prévention à envisager pour les personnes de moins de 65 ans avec comorbidités voyageant à destination d’une zone épidémique ou s’expatriant dans une zone de circulation récente du virus », indique le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans ses recommandations 2025.

Le vaccin recombinant Vimkunya (Bavarian Nordic), indiqué chez les adultes et les adolescents à partir de 12 ans, est disponible en France depuis le 17 juin, mais non remboursé dans l’attente de données complémentaires. « Il a montré un bon profil de tolérance dans les études cliniques. Il est recommandé pour les voyageurs de moins de 65 ans avec comorbidités (…) et est à envisager chez les personnes de moins de 65 ans sans comorbidités et chez les personnes de plus de 65 ans voyageant dans ces zones », selon le HCSP. Le chikungunya est une maladie à déclaration obligatoire sur tout le territoire français.

Dengue : de nouvelles recommandations vaccinales

La dengue, elle aussi à déclaration obligatoire, est en situation épidémique dans de nombreux pays. La prévention repose sur la protection personnelle antivectorielle, et dorénavant, sur la vaccination chez les personnes à partir de 6 ans, « en fonction de la durée du séjour en zone endémique ou épidémique et de l’épidémiologie, des comorbidités du voyageur (drépanocytose, autres hémoglobinopathies, hypertension artérielle compliquée, diabète, obésité, insuffisance rénale, affections cardio-pulmonaires chroniques et/ou thrombocytopathie) et de ses antécédents de dengue », a détaillé le Pr Floret. Après l’arrêt de commercialisation du Dengvaxia (Sanofi Pasteur) en mars 2024, seul le vaccin recombinant Qdenga (Takeda) est disponible en France ; il est contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées et les femmes enceintes ou allaitantes.

Une situation évolutive

La mise à jour du HCSP porte également sur le Mpox, avec un renforcement des recommandations vaccinales pour les personnes les plus exposées, principalement les hommes ayant des relations homosexuelles avec des partenaires multiples.

Enfin, s’agissant de la grippe saisonnière, « pour la saison 2025-2026, les vaccins seront des vaccins trivalents inactivés n’incluant plus la souche B/Yamagata. Le vaccin vivant atténué intranasal Fluenz Tetra (AstraZeneca) était non disponible en mai 2025 », écrit le HCSP.

« Ces recommandations ont été établies à la date du 4 juin 2025 et peuvent ne pas avoir pris en compte les évolutions récentes de risques sanitaires et environnementaux. (…) Elles sont actualisées en fonction de l’évolution des connaissances et de l’épidémiologie et seront mises à jour aussi souvent que nécessaire », prévient l’instance. Aussi, les médecins sont invités à s’informer régulièrement sur les sites internet des autorités sanitaires.