Maladies émergentes : ces virus à surveiller
Avec plus de 300 cas de chikungunya recensés depuis mai, la France enregistre un nouveau record en cette année 2025. D’autres maladies – et particulièrement la grippe aviaire et la fièvre hémorragique de Crimée-Congo – pourraient bientôt faire parler d’elles, ont rappelé des experts lors d’un point presse de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales- maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE).
Un événement « assez exceptionnel » mais qui pourrait bien devenir la norme. « La dernière fois qu’il y a eu autant de cas de chikungunya en Europe, c’était en 2007 en Italie », a rappelé Anna-Bella Failloux, directrice du laboratoire Arbovirus et insectes vecteurs de l’Institut Pasteur (Paris), lors d’un point presse organisé par l’ANRS-MIE, le 4 septembre. Depuis le 1er mai, la France a, en effet, connu un nombre record de 382 cas autochtones de chikungunya, selon un bilan dressé le 10 septembre par Santé publique France. Parmi les 34 foyers identifiés, certains sont de taille importante : 51 cas pour celui de Fréjus (Var), 46 pour celui de Vitrolles (Bouches-du-Rhône).
À l’origine de cette flambée, l’épidémie de chikungunya qui sévit depuis 2024 à La Réunion. « Dans l’Hexagone, il n’y a pas de “cycle sauvage” de ce virus, rappelle Anna-Bella Failloux. Pour qu’il y ait des cas autochtones, il faut d’abord des cas importés. Ce sont des personnes qui reviennent infectées d’un voyage en dehors de l’Hexagone qui sont piquées par un moustique tigre. Ce qui déclenche des chaînes de transmission à l’origine de cas autochtones. »
Deux vaccins sont désormais disponibles contre le chikungunya, mais ils ne sont pas recommandés en métropole. La prévention repose donc sur la lutte antivectorielle, notamment par l’usage de l’insecticide deltaméthrine (seul « adulticide » autorisé sur le marché) autour d’un foyer. De nouvelles approches font leur apparition, dont la technique de l’insecte stérile, appliquée avec succès à La Réunion, depuis peu expérimentée en métropole, notamment à Montpellier (Hérault) et à Brive-la-Gaillarde (Corrèze).
La menace H5N1 se précise
Si la menace des arboviroses s’accroît peu à peu, celle liée à l’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 pourrait bien être imminente. Désormais observé chez des mammifères sauvages, le virus, du moins ceux du clade 2.3.4.4b, touche depuis mars 2024 les élevages laitiers américains. À ce jour, 70 cas humains, dont un mortel, ont été recensés dans le pays, chez des personnes en contact avec des bovins infectés.
« Les infections sont récurrentes mais ne découlent pour l’instant que de transmissions de l’animal à l’homme. Ce qui fait barrage à une pandémie, c’est l’absence de transmission d’homme à homme. Nous savons néanmoins que ce virus est capable d’une rapide évolution génétique et nous redoutons qu’il acquière cette capacité de transmission interhumaine, explique Sébastien Soubies, chercheur à l’unité mixte de recherche Interactions hôtes-agents pathogènes (Toulouse). Avec l’arrivée de l’automne, la reprise des migrations d’oiseaux, nous nous dirigeons vers une période à risque. »
Crimée-Congo : aucun cas… pour l’instant
Autre motif d’inquiétude, la fièvre hémorragique de Crimée-Congo. « Il s’agit d’une zoonose virale dont la circulation est due à un cycle complexe, à l’interface entre les tiques du genre Hyalomma[d’origine africaine, ces acariens sont depuis quelques années observés dans le sud de la France, où ils sont arrivés à dos d’oiseau migrateur, NDLR] et de certains animaux », dont les lagomorphes (lapins, lièvres) et les bovins, explique Raphaëlle Métras, chercheuse à l’Institut Pierre Louis d’épidémiologie et de santé publique (Paris).
Quant à l’homme, « il se contamine principalement par piqûre de tique infectée, plus rarement par contact étroit avec des tissus d’animaux virémiques ou des personnes malades ». À ce jour, aucun cas n’a été recensé en France. En Europe, où 66 cas ont été notifiés depuis 2013, la maladie touche principalement la Bulgarie et la Grèce, plus récemment la péninsule ibérique. En particulier l’Espagne, qui compte trois des cinq cas européens recensés en 2025.
Selon Raphaëlle Méras, « entre 70 et 90 % des infections humaines sont asymptomatiques ». Quant aux formes symptomatiques, « elles peuvent être bénignes, avec un syndrome fébrile non spécifique, mais il existe aussi des formes hémorragiques, avec un taux de mortalité qui varie de 5 à 40 % ».
Si la France semble, pour l’instant, épargnée, il ne s’agit probablement que d’un sursis. Outre la présence avérée du vecteur Hyalomma marginatum, le virus a d’ores et déjà été détecté chez des tiques récoltées sur des bovins et des chevaux – en 2023 dans les Pyrénées-Orientales, cette année en Corse. Une analyse sérologique menée auprès de la population corse a par ailleurs révélé la présence d’anticorps dirigés contre le virus chez quelques individus, suggérant la survenue à bas bruit de cas humains sporadiques.
Références :
D’après un point presse de l’Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales-Maladies infectieuses émergentes (ANRS-MIE), le 4 septembre.
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