Benzodiazépines : trop de prescriptions inappropriées en Ehpad
Des chercheurs de l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) ont voulu savoir quel était l’impact d’une entrée en Ehpad sur les prescriptions inappropriées de benzodiazépines, dont on sait qu'elles sont source d’effets indésirables potentiellement graves, et en particulier les troubles de la mémoire et les chutes.
L'étude a porté sur 443 434 personnes âgées entrées en Ehpad entre le 1er janvier 2016 et le 31 décembre 2017. Une prescription potentiellement inappropriée de BZD était définie par sa durée trop longue (supérieure à trois mois en cas de prescription chronique, ou toute prescription de benzodiazépine à demi-vie longue).
Les analyses ont montré que, sur les trimestres précédant leur entrée en Ehpad, en moyenne 29 % des personnes âgées ont été exposées à des prescriptions potentiellement inappropriées de BZD. Mais après leur entrée, cette proportion augmentait à 40 %. Après contrôle de facteurs confondants (âge, antécédents, différences de pratiques du médecin prescripteur), les auteurs ont trouvé que l’entrée en Ehpad accroissait de 10 points de pourcentage le risque de recevoir une prescription inappropriée de BZD. L'impact était plus fort pour les anxiolytiques (+6 points), contre +1,5 point pour les hypnotiques seuls et +2 points pour les prescriptions combinées (hypnotiques + anxiolytiques).
Ces prescriptions étaient souvent initiées durant les deux premiers trimestres suivant l'entrée pour les résidents n'ayant jamais consommé de benzodiazépines auparavant, et étaient rarement interrompues par la suite. Et, pour les personnes âgées qui avaient une prescription inappropriée de BZD au moment de leur institution, peu de déprescriptions étaient constatées.
L’étude pointe, par ailleurs, l’impact de plusieurs facteurs liés au statut et au personnel de l’établissement. Ainsi, il y avait moins de prescriptions inappropriées de BZD à l’entrée en Ehpad si l’établissement était bien pourvu en infirmiers, ou rattaché à un hôpital public.
"Ces résultats suggèrent qu'une réévaluation des traitements médicamenteux dans les deux trimestres après l'admission, un renforcement de l'expertise médicale dans les Ehpad, et un investissement dans le développement d'alternatives non médicamenteuses pour traiter l'anxiété et l'insomnie pourraient améliorer la qualité des prescriptions pour les résidents", concluent les auteurs de l’étude.
Références :
D’après Questions d’économie de la santé n°300. Mai 2025
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