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Bon usage des benzodiazépines, pourquoi est-ce si compliqué ?

Les données les plus récentes concernant l’utilisation des anxiolytiques et des hypnotiques mettent en lumière l’immense travail qu’il reste à accomplir pour que les benzodiazépines (BZD) ne soient plus automatiques. Un état des lieux sur ce sujet a été fait lors du  Congrès Médecine Générale France (Palais des Congrès de Paris, 21-23 mars).

25/03/2024 Par Dre Brigitte Blond
Psychiatrie CMGF 2024
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La consommation d’anxiolytiques est restée stable globalement (entre 2017 et 2022) sauf pour les moins de 19 ans chez qui elle a cru de 30 % (et particulièrement chez les filles, de 42 % !). Quant aux hypnotiques, ils sont aujourd’hui moins prescrits (une baisse globale de 20 %) excepté chez les filles de moins de 19 ans, là encore.
Les experts, réunis lors de cette session plénière, ont rappelé le bon usage de ces médicaments : préférer les alternatives non médicamenteuses, ne pas initier une prescription après 65 ans. Et si prescription il y a, celle-ci doit être à la dose plus faible possible (en privilégiant les BZD à demi-vie courte notamment au-delà de 65 ans), et pour la durée la plus courte possible. Ainsi, pour les hypnotiques, c’est 2 à 5 jours en cas d’insomnie occasionnelle, 2 à 3 semaines en cas d’insomnie transitoire ; et pour les anxiolytiques, 8 à 12 semaines dans l’anxiété. 

Une 2ème consultation doit être programmée dès l’initiation pour réévaluer la balance bénéfice/risque et envisager l’arrêt (progressif). 

« En dehors de leurs effets adverses qui devraient inciter à la plus grande prudence, l’intérêt de ces médicaments a été établi il y a très longtemps : la plus grosse cohorte de référence date de 1972… », rappelle le Dr Marc Besnier (chercheur en addictologie, CHU de Poitiers, Collège de Médecine Générale). Par ailleurs, leur utilisation repose parfois sur des mythes, par exemple celui d’une prescription obligée de BZD à l’initiation d’un traitement antidépresseur. Dialoguer ou impliquer d’autres professionnels permet de différer la prescription. « A contrario, les outils d’aide à la prescription peuvent s’avérer contre-productifs, en incitant à rédiger une ordonnance », prévient le praticien. 

Sevrage : prendre le temps 

Le sevrage d’une BZD délivrée depuis des dizaines d’années doit être lent et progressif, sur des mois. Il peut être facilité en changeant de molécule ce qui casse les conditionnements, affects et représentations. En cherchant la motivation, en assertissant l’intérêt pour le patient. Les BZD sont une thérapeutique d’exception, pour une plainte ponctuelle : après une semaine, l’arrêt n’est pas un problème ; après un mois, l’arrêt s’apparente à un sevrage et relève de l’addictologie… 


Si l’on doit twister vers une autre BZD (à demi-vie plus courte toujours), ne pas hésiter à surdoser au début avant de réduire rapidement, l’ordonnance étant faite pour des durées courtes ce qui permet de revoir le patient rapidement (ou un psychologue), l’objet principal de la consultation étant alors la réévaluation de son anxiété (et non ses médicaments).

 

Références :

Congrès Médecine Générale France (Palais des Congrès de Paris, 21-23 mars). D’après la session plénière « Le bon usage des benzodiazépines » avec les communications de Alexandre de la Volpilière, directeur général adjoint en charge des opérations (ANSM) et du Dr Marc Besnier (chercheur en addictologie, CHU de Poitiers, Collège de Médecine Générale).

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1 débatteur en ligne1 en ligne
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Débatteur Passionné
Anesthésie-réanimation
il y a 2 ans
Au risque de passer pour un pédant donneur de leçons et autres noms d'oiseaux.... J'enfonce donc la porte ouverte ! Tout le monde (médical) sait mais personne (presque?) n'assume. Chez les patients aussi tout le monde devrait savoir (la notice, le questionnement du médecin...) mais personne ne veut (peut) décrocher. L'anxiété, les troubles du sommeil contre les troubles de la mémoire, la conduite automobile, les chutes. Tout le monde sait. Mais l'addiction est tellement rapide et le sevrage comme de toute "drogue" tellement difficile. Comme le tabac, comme l'alcool, comme les écrans, et je ne parle pas de ce que l'on considère comme les "vraies" drogues. Alors comment convaincre de ne pas commencer ou de faire court ou avec modération? Comment passer la main aux spécialistes du sommeil, ou aux addictologues? Exigence de faire vite, exigence du résultat immédiat contre fouiller la vie affective, la vie sociale, la vie au travail ou sans, le harcèlement... Ça prend du temps, c'est une consultation longue et des consultations itératives (Ça serait presque d'actualité!). Et dans l'arsenal thérapeutique, le petit comprimé bleu ou rose (nous) a tellement été vendu comme avec une grande marge de sécurité (ce qui est presque vrai) qu'il faut l'avoir compris avec une connaissance approfondie de sa pharmacologie pour s'en méfier. Vaste programme comme dirait l'autre.
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Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 1 an
Le problème du mésusage des benzodiazépines dépasse largement le champ médical. Contrairement à ce que cet article sous-entend, ce n'est pas lié à l'incompétence des médecins. C'est surtout lié au double phénomène de modes de vie de plus en plus stressants et de mentalités de plus en plus infantiles. Autrement dit, les gens ne supportent plus leurs vies, sont incapables de faire un travail sur eux-mêmes, refusent de changer leur quotidien néfaste, manquent cruellement de vision à long terme. Ainsi la pilule magique est plébiscitée. Je vois donc la consommation de benzodiazépines comme le marqueur d'un certain effondrement civilisationnel.
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6,4 k points
Débatteur Passionné
Médecins (CNOM)
il y a 2 ans
Le nombre de personne qui récupérent les comprimés de lexomil ou xanax d'1 proche est hallucinant .et hop un 1/2 cp au coucher ...jai un patient devenu policier municipal, qui etqit gendarme quxillaire l été avant d être policier. Sa mère est sous lexomil drpuis 15 ans , il ena récupéré mais quand je lui ai signale qu il ne pouvait pas conduire le lendemain, le sevrage a du être rapide ...on a aussi beaucoup de patients déments en ehpad ou avec des troubles psychotiques,qui eux aussi vieillissent en ehpad qui sont sous benzo depuis des années.juste pour qu'ils restent sage vu le manque de personnel.
 
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