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"Une ministre anti-médecine libérale comme les autres" : 78% des praticiens désapprouvent la nomination de Rist à la Santé

Nommée ministre de la Santé le 12 octobre dernier, Stéphanie Rist, rhumatologue de formation, suscite des réactions contrastées dans les rangs des professionnels de santé. Selon un sondage réalisé par Egora, 78% des répondants – majoritairement médecins – désapprouvent son arrivée avenue de Ségur, dénonçant notamment sa loi sur l'accès direct aux IPA et les mesures encadrant l'intérim médical. 

22/10/2025 Par Louise Claereboudt
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La députée Renaissance Stéphanie Rist, rhumatologue au centre hospitalier d'Orléans, a pris la tête du ministère de la Santé, élargi aux Familles, à l'Autonomie, et aux Personnes handicapées, le 12 octobre. Si les syndicats infirmiers ont salué sa nomination, louant sa mobilisation en faveur de l'autonomie et de la reconnaissance des compétences infirmières, les représentants des médecins libéraux se sont montrés beaucoup plus méfiants

Egora a souhaité recueillir l'avis de ses lecteurs. Sur les 564 professionnels de santé – médecins en majorité – ayant répondu à notre sondage "Approuvez-vous la nomination de Stéphanie Rist au ministère de la Santé ?", 78% ont répondu "non". Nombre d'entre eux fustigent la loi dont elle est à l'origine, qui a instauré l'accès direct aux infirmières en pratique avancée (IPA) et aux kinésithérapeutes. Ils l'accusent d'avoir "démantelé" l'offre de soins.

"Elle n'est pas volontaire pour soutenir les libéraux et tente de dévaloriser les actes médicaux", blâme Pierre F., généraliste. Son confrère, Jean-Luc C., va jusqu'à qualifier Stéphanie Rist de "fossoyeuse de la médecine générale et des soins primaires". "On a vu ce que donnaient ses idées sur 'l'autonomie' des infirmières. Et on voit dans la pratique. Pour un diagnostic et une décision thérapeutique, il faut les études qui vont avec", écrit Arielle G., généraliste.

Si pour Romain L., Stéphanie Rist "n'a fait qu'aggraver la situation", Jean-François T., cardiologue, juge, à rebours de ses confrères, qu'"elle connaît très bien le système de santé et est réellement animée de la volonté d'améliorer l'accès aux soins sans corporatisme". "Elle nous déteste, c'est clair ! Rien de bon à attendre...", estime, de son côté, Christian K. 

"Ce qui restera d'elle, c'est sa loi répressive qui entrave le fonctionnement des hôpitaux en pleine pénurie de médecins", dénonce Michel M., chirurgien orthopédiste, qui qualifie Stéphanie Rist de "ministre anti-médecine libérale comme les autres". Beaucoup lui reprochent d'avoir plafonné la rémunération des médecins intérimaires à l'hôpital. Cette mesure "les a fait fuir et [a] provoqué la fermeture de nombreux services (urgences) et petits hôpitaux", souligne Anne V., médecin du travail.

"La loi Rist vide les hôpitaux périphériques d'intérimaires pourtant nécessaires", poursuit Henri M., anesthésiste-réanimateur. "Les PH titulaires ne peuvent plus remplir le tableau de garde à eux seuls surtout en période de congés", illustre Pierre C., urgentiste. Au contraire, pour Marc I., cardiologue, cette loi sur l'intérim était indispensable. "Elle met fin aux exigences sans fin des intérimaires, qui ont su abuser du système". Un avis minoritaire parmi les médecins ayant commenté le sondage. 

Plusieurs Egoranautes se montrent désabusés par la valse des ministres de la Santé et l'instabilité politique. "Je ne compte plus les moutons, mais le nombre de ministres depuis 2017", ironise Pierre B. "Ce n'est qu'une ministre qui fera ce que son administration lui dictera", prédit Philippe G., généraliste. Son confrère, Jean-Yves C., se montre inquiet : "La situation déficitaire de notre Sécurité sociale ne rassure en rien sur sa possible action." "Notre dette publique est monstrueuse, et santé et retraites en constituent une bonne grosse partie. La messe est dite. Le projet de PFLSS est mignon dans son genre...", abonde Vieux Doc Atterré.

Pour François C., généraliste, "la plupart des (encore) actifs du soin de terrain n'attendent d'en haut que des inconvénients supplémentaires à leur exercice responsable qui ne pourra plus espérer être durable". 

 
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