Arrêts maladie : la Cnam va contacter 7000 généralistes forts prescripteurs
Alors que le déficit de la branche maladie de la Sécurité sociale s'annonce "plus élevé" que prévu pour 2024, le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, lance un nouveau plan d'action pour freiner la hausse des dépenses d'indemnisation des arrêts de travail.
"Au premier semestre, le coût d'indemnisation des arrêts de travail est de nouveau en hausse de 8 % sur un an, ce qui est très important, alerte, dans une interview accordée aux Echos, le directeur général de la Cnam. La dynamique est un peu plus forte sur les arrêts longs, mais on a aussi un volume d'arrêts de travail de courte durée qui reste à un niveau très élevé, comparable à ce qu'on a connu pendant le Covid, alors que cela aurait dû se calmer avec la fin de la pandémie", souligne Thomas Fatôme.
Le plan de "maitrise des coûts" mis en place en 2023, qui ciblait à la fois les prescripteurs, les assurés et les entreprises, a pourtant eu de "bons résultats", souligne-t-il. L'"accompagnement gradué" des médecins, de la formation à l'encadrement des prescriptions d'IJ (à travers les MSO-MSAP*) a ainsi permis de dégager 150 millions d'euros d'économies, relevait le dernier rapport Charges et produits de la Cnam ; 416 généralistes ont été mis sous objectifs, et 207 ont été soumis à une MSAP de leurs prescriptions.
La Cnam entend poursuivre ses efforts. "Entre septembre et décembre, nous allons renforcer notre action et agir sur plusieurs fronts pour maîtriser le coût des arrêts de travail", annonce Thomas Fatôme. Sur le front des assurés, l'Assurance maladie va notamment cibler les arrêts de longue durée. Les patients en arrêt depuis plus de 18 mois seront contactés pour "faire le point sur leur situation, voir si leur arrêt est justifié, voir s'il y a une reprise d'activité enclenchée et discuter éventuellement de la mise en place d'un mi-temps thérapeutique quand la situation le permet".
Pas de nouvelles MSO/MSAP en 2024
Côté médecins, la Cnam veut s'inscrire "dans une logique d'accompagnement, pas de contrôle et de sanction". Dans cette optique, 7000 médecins généralistes "qui prescrivent des arrêts de manière importante" seront contactés par les médecins-conseils afin "d'échanger sur leurs pratiques et voir s'il y a un moyen de mieux maitriser la situation". Mais il n'y a aura pas de nouvelle MSO/MSAP en 2024, a confirmé Thomas Fatôme lors d'un point presse ce lundi. Pour lutter contre la fraude, de nouveaux certificats d'arrêts de travail sécurisés seront déployés à compter de janvier 2025, informe-t-il.
Alors que l'indemnisation des arrêts de travail coûte aujourd'hui 16 milliards d'euros, le directeur de la Cnam appelle les partenaires sociaux à se remettre autour de la table, "en impliquant les médecins", pour réfléchir à "un nouveau système d'indemnisation (…) plus soutenable financièrement mais aussi plus juste". Et de poser notamment la question du délai de carence, pour lequel tous les salariés ne sont pas logés à la même enseigne…
Alertant sur un déficit de la branche maladie qui sera "vraisemblablement plus élevé que les 11.4 milliards d'euros" anticipés en juin dernier, Thomas Fatôme demande au prochain gouvernement et au Parlement de se pencher "rapidement" sur la situation financière de la Sécurité sociale.
[avec LesEchos.fr]
*Mise sous objectif/Mise sous accord préalable
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