Les Ordres des médecins, pharmaciens et dentistes contrôlés par surprise par l'Inspection des finances
[INFO EGORA] L'Inspection générale des finances (IGF) a lancé une opération de contrôle au sein de trois ordres de santé, a appris Egora de sources concordantes. Les Ordres des médecins, des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes sont concernés pour le moment.
C'est un secret qui se veut bien gardé. Lundi 29 septembre au matin, alors que des dizaines de journalistes étaient reçus au Conseil national de l'Ordre des médecins (Cnom) pour la conférence de presse sur l'Observatoire national de la sécurité des médecins, plusieurs contrôleurs de l'Inspection générale des finances ont fait irruption au siège de l'institution ordinale, situé rue Léon Jost à Paris. Les conseillers ordinaux présents sur place, ainsi que les équipes, ont été invités à laisser leurs bureaux et quitter les lieux pour laisser la place aux inspecteurs. Ces derniers auraient notamment épluché plusieurs factures.
Deux autres ordres de santé ont également été concernés par un contrôle. Il s'agit des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes. Selon nos informations, l'opération de contrôle serait encore en cours. Les inspecteurs reviendraient encore de manière épisodique au sein des institutions ordinales.
Contacté par Egora, l'IGF n'a pas encore donné suite, indiquant "revenir vers nous". Les trois ordres concernés ont également été contactés. Le Cnom a refusé de confirmer l'information, quant aux ordres des pharmaciens et des chirurgiens-dentistes, ils n'ont pas souhaité répondre. Pour autant, l'information a été confirmée à Egora par trois sources distinctes, proches du dossier.
En décembre 2019, le Conseil national de l'Ordre des médecins s'était fait étriller par la Cour des comptes. Les Sages de la rue Cambon soulignaient que le budget annuel de 85 millions d'euros, issu en grande partie de la cotisation obligatoire des médecins, ne faisait l'objet d'aucun bilan comptable, à l'exception du Conseil national. La Cour pointait également les indemnités élevées de certains conseillers. Des chiffres qui atteignaient 9 177 euros bruts par mois pour le président, et plus de 8 211 euros bruts pour le secrétaire général. Après la publication de ce rapport, une vaste réforme financière de l'Ordre avait alors été enclenchée.
"Nous avons recruté un directeur des affaires financières, avec un niveau de compétences irréprochable pour mettre en œuvre cette réforme indispensable", confiait à Egora le Dr François Arnault, ancien président de l'Ordre, en juin dernier, lors du bilan de son mandat. "Nous avons procédé à une combinaison des comptes : cela signifie que toutes les cotisations ont été centralisées au niveau du Conseil national. Auparavant, chaque conseil avait son propre budget, gérait ses effectifs, ses locaux ou ses investissements de manière autonome. Nous avons donc récupéré cette enveloppe financière que nous avons redistribué aux conseils départementaux, selon un règlement de trésorerie qui a été écrit depuis le rapport de la Cour des comptes", détaillait-il. "Après ce premier rapport de la Cour des comptes, il y en a eu un deuxième, une revoyure, qui nous a donné un satisfecit, ce qui n'est pas si fréquent que ça", s'était félicité le Dr Arnault.
Le Conseil national de l'Ordre des chirurgiens-dentistes avait été également épinglé par les Sages de la rue Cambon en 2017. La Cour reprochait à l'institution sa gestion opaque mais aussi du favoritisme et des cadeaux de luxe offerts aux membres des ordres, à leur famille et parfois à des salariés. Parmi ces cadeaux, on trouvait des "accessoires de haute couture", une "montre sertie de diamants", des soins en thalassothérapie, de grands vins, ou encore des coffrets Relais et Châteaux d'une valeur de plusieurs milliers d'euros. "Le montant des indemnités versées en 2015 aux membres du conseil national avait au total dépassé 600 000 euros, dont plus de 400 000 euros pour les huit membres du bureau (soit 50 000 euros par conseiller en moyenne)", pointait le rapport.
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